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Crash de Cotonou - Pourquoi et comment Darwich Khazem a quitté le pays ? Les proches des victimes au Parlement pour écouter les explications des experts

Ils étaient une cinquantaine samedi au Parlement. Tous des proches des 87 victimes libanaises, qui ont péri le 25 décembre dernier à bord du vol Conakry-Cotonou-Beyrouth. Ils sont venus entendre les explications des experts, venus du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français et qui avaient remis le rapport officiel de l’enquête aux autorités libanaises à la fin de la semaine dernière. Ce que l’enquête a déjà démontré – le crash étant dû à la surcharge de l’avion et à l’inconscience de la compagnie exploitante –, ils le savaient déjà. Ils sont venus quand même écouter les détails accablants des experts. Le Boeing 727 était une loque. Appartenant à une compagnie américaine, il a été remisé en 1978 dans le désert de Mojave. C’est en 2003, qu’il est racheté pour desservir l’Afghanistan, le Swaziland, la ligne Conakry-Cotonou-Beyrouth-Dubaï, ensuite. C’est l’UTA (dirigée par Darwich Khazem, rescapé du crash) qui exploite cette ligne. Après son achat, l’avion avait subi des travaux, en particulier des changements de moteurs, sur lesquels aucune information n’a été obtenue. L’été 2003, les experts à l’AIB ayant observé 18 points non conformes aux normes internationales de l’Aviation civile, l’avion repart vide vers l’Afrique. Il n’empêche qu’après trois réparations majeures, le Boeing 727 de l’UTA se remettra à desservir normalement Beyrouth. Quant à l’équipage de l’avion, il ne disposait pas des documents appropriés pour préparer le vol, ni de la compétence nécessaire. Le rapport souligne encore que « les sièges n’étaient pas attribués à l’enregistrement, les cartes d’embarquement n’étaient pas nominatives. L’embarquement des passagers et le chargement de l’avion ont été effectués sans supervision et avec un manque total de rigueur. Aucun document de synthèse concernant le chargement n’a pu être fourni. Il y avait sept manifestes différents mal remplis. Les calculs ont montré qu’un chargement non déclaré d’environ trois tonnes se trouvait vraisemblablement à bord lors du vol Conakry-Cotonou (avant l’embarquement de 73 passagers supplémentaires et de leurs bagages dans la capitale du Bénin) ». L’avion qui a une capacité maximale de 78 tonnes avait pour masse, au décollage de Cotonou, environ 85 tonnes. Dans ce cadre et dans la partie relative aux enregistreurs de bord, le rapport souligne qu’il « y avait beaucoup de bruit pendant la préparation du vol, l’essentiel des discussions portant sur le chargement de l’avion. Ces échanges se fasaient entre l’équipage et divers responsables d’UTA ». Bref, des détails qui ne font que saigner encore plus les blessures de ceux qui ont perdu des êtres chers et qui tiennent à ce que justice soit faite. Après la présentation du rapport, quand on a suggéré aux journalistes de partir, les familles des victimes ont élevé la voix, tenant à ce que la presse soit présente, et interpellant le procureur général de la République, Rabia Kaddoura, et le président de la commission parlementaire des Travaux publics et des Transports, Mohammed Kabbani. « Nous voulons que Darwich Khazem (PDG de l’UTA) et ceux qui le couvrent soient condamnés » ou encore « Nous ne voulons pas d’argent, nous tenons à ce que le crime soit puni », ont lancé quelques-uns. C’est ensuite l’ancien député, Hassan Alaouiyé, père de l’une des victimes, qui a pris la parole. « Quatre-vingt-sept Libanais ont péri dans le crash. Jusqu’à présent les corps de sept d’entre eux n’ont pas été retrouvés. Ils seraient probablement au Bangladesh », a-t-il dit. Rappelons que seize Casques bleus originaires du Bangladesh avaient également péri dans la catastrophe. M. Alaouiyé a demandé : « Comment Darwich Khazem (hospitalisé après le crash dans un hôpital de la banlieue sud) a pu prendre la fuite ? Qui l’a aidé à fuir, quand on sait déjà qu’il a pris l’avion vers une destination inconnue alors qu’il n’était pas en possession de son passeport. » L’ancien député a également parlé de pots-de-vin versés par Khazem à diverses personnes au Liban, soulignant aussi que « le frère de Khazem, Mohammed, contre qui des poursuites sont engagées, dans la même affaire, se trouve toujours dans le pays, voire dans son bureau ». Mme Kaddoura a alors pris la parole : « On ne peut pas ramener Darwich Khazem au Liban parce qu’aucun mandat d’arrêt n’a été délivré contre lui », a-t-elle dit, poursuivant que ce sont les services de sécurité qui devraient le rapatrier et non la justice. « La manière de laquelle Khazem est sorti du Liban ne me concerne pas », a-t-elle poursuivi. Elle a assuré qu’elle « veut engager des poursuites contre toutes les personnes impliquées ». On peut consulter le texte intégral du rapport sur le crash de Cotonou, à l’adresse suivante : http://www.bea.aero

Ils étaient une cinquantaine samedi au Parlement. Tous des proches des 87 victimes libanaises, qui ont péri le 25 décembre dernier à bord du vol Conakry-Cotonou-Beyrouth. Ils sont venus entendre les explications des experts, venus du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) français et qui avaient remis le rapport officiel de l’enquête aux autorités libanaises à la fin de la semaine...