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L’opposition insiste sur un cabinet d’élections restreint et neutre

Les prochaines législatives constitueront un tournant capital dans la vie politique du pays. C’est ce que soutient l’opposition. Pour qui cette consultation populaire va modifier l’équation en place. Elle soutient qu’avec de nouveaux rapports de force internes, un changement de fond pourra être initié. On ne sait vraiment pas trop sur quoi l’opposition fonde objectivement son analyse. Elle semble y croire, et y tenir. Au point d’exiger le remplacement du cabinet d’élections actuel par une équipe aussi restreinte que vraiment neutre. Une revendication irréaliste ? Sans doute, mais qui a le mérite de montrer qu’autour des législatives c’est un clivage net qui prend corps dans le pays. Pour ou contre le système dit jumelé. Les passes d’armes donnent lieu, comme on sait, à des démonstrations de rue : cent mille manifestants pour les loyalistes dans le centre-ville ; autant, sinon plus, pour les opposants, à Moukhtara. Prenant au mot Omar Karamé, qui présente les législatives comme le test décisif, l’opposition réclame du pouvoir l’organisation d’une compétition effectivement régulière, dans toutes ses étapes. Le climat doit être sain, les opérations transparentes, l’électeur vraiment libre de ses choix. Sans immixtions des pôles d’influence divers ou des services. Sans triche et sans découpages favorisant les parachutages. L’un des piliers de la contestation affirme cependant qu’à partir des données qui se font jour, ces revendications légitimes ont peu de chances d’être satisfaites. D’après lui, les manigances du (vrai) pouvoir font que le gouvernement en tant que tel, à supposer qu’il soit de bonne foi, ne peut pas empêcher la manipulation orchestrée pour faire chuter l’opposition. Toujours d’après ce pôle, l’histoire des premières manifs, celle des jeunes gênée par les dispositifs officiels et celle dite du « million », puissamment aidée par les services, révèle des intentions douteuses. Il se serait agi, en effet, de justifier d’avance des résultats électoraux écrasants en avançant des chiffres de rue montrant que la majorité, également écrasante, est avec le pouvoir et les décideurs. La contestation souhaite donc que le scrutin soit géré par un cabinet formé d’éléments au-dessus de tout soupçon. Des non-candidats, magistrats ou mentors de la politique. Comme Fouad Boutros, Nasri Maalouf, Hassan Rifaï, les juges Adib Allam et Sami Younès. Cette équipe, les opposants accepteraient qu’elle soit dirigée par Sélim Hoss, bien qu’il ne soit pas de leur bord, parce qu’ils font confiance à sa probité. Bien entendu, il faut aussi, et surtout, que la nouvelle loi électorale soit juste, équilibrée, égalitaire. Et qu’elle favorise la représentation de proximité, par le biais de circonscriptions réduites. Cependant, certains opposants, qui s’estiment sans doute très forts (ou, au contraire, qui savent qu’ils n’ont en tout cas aucune chance !), affirment qu’en présence d’un cabinet à la hauteur, ils ne se soucieraient plus de la taille des circonscriptions. Et ne protesteraient plus, même si le Liban tout entier ne devait en faire qu’une seule. Mais ce n’est pas l’avis général, du côté opposant, ni du côté des proches de Bkerké. Les opposants craignent également que le facteur argent ne joue contre eux. C’est surtout parce qu’ils redoutent l’achat massif de voix, autant que le bourrage des urnes, qu’ils souhaitent des observateurs internationaux. Dont la mission devrait précéder puis suivre le jour des élections, car la falsification ou l’aiguillage du scrutin ne se font pas uniquement sur le moment même et dans les bureaux de vote. L’opposition compte aussi sur les diplomates occidentaux et sur le fait qu’à travers la 1559, le Liban est forcément sous étroite surveillance. Il importe peu, dans ce cadre, que le pouvoir précipite les élections, les place à la mi-avril, pour prendre de vitesse le rapport d’Annan sur la susdite résolution. Parallèlement, comme contrôle, il faudrait que le cabinet des élections restreint établisse un Conseil en invalidation des résultats. Cependant, à l’heure où la loi électorale n’est pas encore sous rédaction, ce que l’opposition redoute le plus, ce sont des provocations visant à faire monter la tension, pour que les électeurs favorables aux thèses indépendantistes restent chez eux et s’abstiennent en masse. Tandis qu’en face, on ferait venir, comme d’habitude, les bus connus... Philippe ABI-AKL
Les prochaines législatives constitueront un tournant capital dans la vie politique du pays. C’est ce que soutient l’opposition. Pour qui cette consultation populaire va modifier l’équation en place. Elle soutient qu’avec de nouveaux rapports de force internes, un changement de fond pourra être initié. On ne sait vraiment pas trop sur quoi l’opposition fonde objectivement son...