Rechercher
Rechercher

Actualités - ENTRETIEN

Foire De Genève - Entretien avec le ministre de l’Économie « Les PME sont notre priorité », affirme Adnane Kassar

Les organisateurs de la Foire de Genève, qui a ouvert dernièrement ses portes, ont choisi d’accueillir cette année le Liban comme hôte d’honneur. Mille mètres carrés sont ainsi dédiés au Liban. Le ministre de l’Économie et du Commerce a participé aux différents événements qui ont jalonné l’inauguration du pavillon du Liban dont le séminaire « L’économie libanaise et les possibilités de coopération avec la Suisse », organisé par la fédération. Cette rencontre a vu la participation d’une trentaine de banques et d’entreprises suisses, ou établies en Suisse, comme par exemple Nestlé, Novartis, les banques UBS, Crédit suisse, de la Méditerranée, Banque Audi Saradar, SG Private Banking (Suisse), toutes tournées vers l’avenir des relations helvético-libanaises. À cette occasion, «L’Orient-Le Jour» a demandé à Adnane Kassar ce qui peut encore rapprocher la Suisse et le Liban. Vous avez beaucoup parlé ces derniers jours des similarités qui existent entre la Suisse et le Liban. À votre avis, que reste-t-il de la “Suisse du Proche-Orient ” ? Je crois qu’il reste encore beaucoup de choses. Il y a d’abord le système, le cadre de lois que nous avons et qui, heureusement, malgré les 18 ans de guerre et ensuite le temps un peu troublé de la reconstruction, n’a pas été touché. C’est la force du Liban. C’est le système libéral qui a été mis en place par le grand économiste et le grand homme d’État qu’était Michel Chiha. Il avait vu comment les choses évoluaient. Et le Liban a été l’un des pays avant-gardistes qui a cru dans le système libéral et où l’initiative privée prime. Ce système-là, auquel la plupart des pays du Moyen-Orient veulent adhérer, le Liban y a cru déjà en 1951. Et, malgré toutes les vicissitudes, ce cadre est resté le même. En Suisse, c’est le même système. Mais nous, nous y avons cru immédiatement en 1951. C’est un élément important quand, aujourd’hui, le monde parle de mondialisation et d’ouverture. Deuxièmement, nous avons une économie et une industrie qui reposent sur des bases solides. Nous avons exporté, cette année, 40 % de plus que l’année passée. Nous avons une industrie valable. La preuve, c’est que nous avons une balance commerciale excédentaire avec la Suisse. Nos exportations vers ce pays étaient d’environ 379 millions de dollars et nos importations de 180 millions. Nous avons une économie valable ainsi qu’une monnaie stable. À ce sujet, quels sont les signes de stabilité que le Liban peut donner ? Y a-t-il des risques de dévaluation de la livre libanaise ? C’est une histoire que l’on entend depuis déjà plusieurs années. Mais la livre libanaise s’est maintenue. Elle est solide et la Banque du Liban a les moyens de la défendre. Et le gouvernement tient à maintenir cette stabilité. Comment montrer cette stabilité ? Quels signes le Liban peut-il donner à ses partenaires économiques, notamment en Suisse ? D’abord, les dépôts des banques sont en train d’augmenter. Ils continuent d’affluer, à l’instar des investissements. Les dépôts représentent environ 65 milliards de dollars, ce qui équivaut à trois fois le PIB. Ensuite, le secteur bancaire libanais est tout à fait hors du commun ; il est l’un des plus forts au Moyen-Orient. Enfin, et pour la deuxième année consécutive, nous avons accueilli près d’un million et demi de touristes arabes et étrangers ; des touristes qui restent plusieurs mois, et avec leur famille. Cela constitue plus d’un milliard de dollars de rentrées. Tout cela fait que nous avons une économie forte, que nous avons les moyens de la défendre. Mais il est grand temps maintenant de mettre de l’ordre dans nos finances. Il faut réduire les dépenses inutiles. La déclaration ministérielle est très claire. Elle dit que les sources de gaspillage doivent être coupées. Le gouvernement va s’atteler à la tâche. Il ne faut pas oublier que nous ne sommes là que depuis une dizaine de jours. Cela demande un peu de temps. En tant que ministre de l’Économie, le plus important pour moi aujourd’hui est de faire la promotion du Liban. D’aller trouver des investisseurs, de les encourager à venir au Liban. Ayant de bonnes relations, tissées depuis plus d’un quart de siècle, avec le monde extérieur – où j’ai des amitiés solides –, je voudrais les mettre à la disposition du Liban pour qu’il puisse en profiter et pour que nous fassions notre devoir vis-à-vis de notre pays qui mérite d’être servi. Le Liban n’a pas son pareil, et le Libanais est un citoyen créateur. Il faut l’encourager, et que l’État lui donne l’exemple du sacrifice et l’exemple de servir le pays. Qu’attendiez-vous de la Foire de Genève et qu’en avez-vous retiré ? Nous sommes venus à Genève en ayant la ferme conviction que la Suisse et Genève ne sont jusqu’à présent pas explorés par les Libanais. Il y a un potentiel énorme. D’abord, sur le plan des investissements. Des hommes d’affaires très importants, originaires du monde entier, sont aujourd’hui installés en Suisse, et surtout à Genève et Zurich. Si nous leur expliquons les possibilités d’investissement au Liban, nous pouvons les encourager à venir au lieu qu’ils aillent dans d’autres pays voisins. Ensuite, nous devons développer le tourisme, non seulement du côté des pays arabes, mais aussi de l’Europe. Le touriste suisse voyage partout. Alors, pourquoi pas au Liban ? Il faut expliquer que le Liban est un pays sûr. La Foire de Genève est une manière de montrer du Liban un autre visage que celui que les Suisses connaissent. Les personnalités qui étaient présentes au dîner de gala ont toutes manifesté l’intention de venir nous voir, et nous ont remerciés d’être là et d’avoir apporté un rayon de soleil à Genève. Les mots qu’ils m’ont dits m’ont beaucoup touché. Ils m’ont remercié chaleureusement – le ministre de l’Économie, la ministre de la Justice, etc. – d’avoir donné un peu plus d’éclat à Genève. Au niveau du privé, nous avons contribué à aider la communauté libanaise : notre présence à en effet renforcé leur situation ici en montrant que le Liban n’est pas ce dont on parle, mais un pays qui est vraiment valable. C’était bon pour la communauté, cela renforce sa position et montre qu’elle vient d’un pays qui peut beaucoup donner. Ensuite, nous avons montré aux Suisses un pays qui peut les accueillir, qui est digne d’être appelé la «Suisse du Moyen-Orient ». J’ai été contacté par plusieurs compagnies importantes, des multinationales financières et commerciales, qui m’ont fait part de leur désir de visiter le Liban afin de discuter d’investissements dans les secteurs hôtelier et touristique, ainsi que dans l’industrie. C’est assez prometteur et nous les attendons. Nous pensons organiser un forum libano-suisse à Beyrouth, probablement au mois de mars. Quelles mesures pensez-vous prendre pour encourager les jeunes entrepreneurs au Liban ? Il est très important pour nous de maintenir notre jeunesse au Liban. Notre priorité, c’est de nous occuper des petites et moyennes entreprises qui forment le tissu économique du Liban. La deuxième priorité, c’est de consolider nos relations avec le monde extérieur, poursuivre les négociations avec l’Union européenne pour signer l’accord définitif, et ensuite avec l’OMC, ce qui nous fera revenir en Suisse. Le Liban, prix de l’Exceptionnel C’est en fanfare que le Liban a démarré la Foire de Genève, dont il est l’hôte d’honneur. Et c’est couronné de lauriers qu’il la quittera dimanche prochain. Les organisateurs de la manifestation, qui accueille quelque 300 000 visiteurs et 650 exposants, ont en effet décerné le prix de l’Exceptionnel – Catégorie « prix de la présidence » au pavillon du Liban. Il s’agissait de récompenser « l’ensemble du formidable travail des exposants » présents dans cet espace. C’est Omaya Hamadé, chargée de mettre sur pied le stand libanais, qui a reçu le trophée, conçu et réalisé par le sculpteur parisien Rachid Khimoune. Les curieux, les amateurs et autres connaisseurs ont eux aussi pu apprécier : dégustation de vins, de mezzés, d’épices et de chocolat – dont les Suisses, fins connaisseurs, sont déjà friands –, découverte du Liban, de sa capitale, de son patrimoine et de ses potentialités architecturales ou économiques, ou encore rencontre avec des artisans et des joailliers renommés...chacun a pu trouver son bonheur. À satiété. Le tout synonyme d’une ambiance bon enfant avec encore, entre autres, des exposés culinaires très suivis – et goûtés ! – et, bien sûr, les standards de Fairouz en toile de fond ou encore les envolées hautes en couleur de la troupe Rimah, menée par Younès Younès, qui ont fini de faire chavirer les spectateurs. À noter que cinq autres prix de l’Exceptionnel ont été remis dans des catégories plus spécifiques : design, développement durable, innovation et coup de cœur de la foire. Dimanche, la foire fermera ses portes avec un arrière-goût de Liban dans le cœur. Une manifestation qui restera également comme un nouveau trait d’union entre deux conceptions complémentaires de la Suisse. Z.H. Propos recueillis à Genève par Zahi HADDAD

Les organisateurs de la Foire de Genève, qui a ouvert dernièrement ses portes, ont choisi d’accueillir cette année le Liban comme hôte d’honneur. Mille mètres carrés sont ainsi dédiés au Liban. Le ministre de l’Économie et du Commerce a participé aux différents événements qui ont jalonné l’inauguration du pavillon du Liban dont le séminaire « L’économie libanaise et...