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Actualités - OPINION

Les Racines du ciel

Il est un grand homme qui, où qu’il soit aujourd’hui, est en droit de considérer la remise du Nobel de la paix 2004 comme un hommage posthume. Car cette femme de tête et de cœur qu’est Wangari Maathai brûle assurément de la même passion qui animait Morel, personnage central des Racines du ciel de Romain Gary. Qualifié par certains de premier roman « écologique », Les Racines du ciel lançait ce message, cette bouteille à la mer, à un monde s’arrachant aux affres d’une deuxième guerre planétaire : sauver l’environnement revient à sauver l’homme, à préserver sa dignité. Si Wangari Maathai a consacré sa vie à la lutte contre la déforestation, Morel avait pris fait et cause pour les éléphants du Tchad. Des éléphants dont l’évocation avait permis à un groupe de prisonniers des camps nazis de survivre à l’horreur. Comme Mme Maathai, persécuté et emprisonné par le régime d’Arap Moi, Morel avait été pourchassé par les autorités de l’Afrique-Équatoriale française. En 1956, date de publication du roman de Gary primé d’un Goncourt, certaines voix s’étaient élevées contre cette priorité donnée à la nature, à l’animal sur l’homme. Aujourd’hui encore, certains, peut-être réunis dans un bureau Ovale, dans une grotte de Tora Bora ou dans une cave à Falloujah, pourront à nouveau dire que la priorité est ailleurs. Ils n’auront rien appris. Rien compris au message de Morel, de Romain Gary, de Maathai. Ils n’auront pas saisi que derrière l’arbre, derrière l’éléphant, c’est l’homme qui se cache. Un homme en mal d’amitié, de fraternité. Les chiens ne suffisent plus à l’homme pour combler le vide, il lui faut désormais des éléphants, disait Morel. Alors que le monde bascule un peu plus chaque jour dans l’horreur, ce Nobel de la paix ne pouvait être plus d’actualité. Émilie SUEUR
Il est un grand homme qui, où qu’il soit aujourd’hui, est en droit de considérer la remise du Nobel de la paix 2004 comme un hommage posthume. Car cette femme de tête et de cœur qu’est Wangari Maathai brûle assurément de la même passion qui animait Morel, personnage central des Racines du ciel de Romain Gary. Qualifié par certains de premier roman « écologique », Les Racines du...