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LIBAN JAZZ - Le saxophoniste de légende fait sensation à l’amphithéâtre de Zouk Mikaël Archie Shepp : la grâce du génie à dimension humaine (photo)

Qui a dit que le jazz n’avait qu’un petit public un peu essoufflé au Liban ? Qui prétend qu’en fin de saison estivale, les spectateurs sont épuisés et à court d’argent ? Il suffit d’aller passer une soirée à Liban Jazz (en cours ce soir pour la clôture avec Anouar Brahem) pour faire voler en éclats ces rumeurs de triste climat – le marasme économique affichant complet dans le domaine. Alors, contre la morosité ambiante et c’est un euphémisme, quoi de plus régénérant que d’être au milieu d’une assemblée de spectateurs absolument chaleureux et enthousiastes, applaudissant sans se faire prier, jeudi soir, monsieur Archie Shepp. Saxophoniste de légende de son état, plus de 70 ans au compteur et inextinguible sur la scène de l’amphithéâtre de Zouk Mikaël, qu’il n’a pas quittée presque deux heures durant, il a servi à son public un jazz – et un blues, une de ses nombreuses bottes – à l’intensité sans faille. Archie Shepp. Que dire de ce bel homme à la haute stature, entouré d’un pianiste, d’un contrebassiste et d’un batteur qu’il n’a eu de cesse de présenter, de mettre en avant tout au long de la soirée ? Qu’il est autant capable de jouer de son instrument – qui l’a propulsé le plus haut possible depuis les années 60 – que de chanter, ce qu’il a longuement fait, dans la plus pure tradition du blues, celle des esclaves noirs-américains ? Qu’il aime autant jouer ses propres compositions, ancrées dans sa propre personnalité musicale, autant dire l’une des plus intéressantes de l’histoire du jazz moderne et contemporain, que celles de Thelonious Monk ou d’Ellington fils ? Un morceau de l’histoire noire-américaine À l’issue du spectacle, d’aucuns ont avoué avoir assisté à l’un des plus beaux concerts de jazz de leur vie. En effet : une telle énergie – comme Ahmad Jamal ou comme Jackie McLean, Archie Shepp semble rajeunir au fur et à mesure que le jazz l’habite – ; une telle élégance d’attitude – inviter le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf, fils de Nassib et neveu d’Amine, encore une belle descendance, à jouer avec lui pendant les deux tiers du concert, final compris –; un tel amour de la musique, enfin – jouer avec le même bonheur un morceau de l’histoire des Noirs-Américains, à laquelle il est particulièrement attaché et qu’il enseigne depuis de longues années dans le Massachussets – donnent à Archie Shepp la grâce du génie à dimension humaine. Chaque minute du concert a été le supplément d’âme de la précédente, garantie par la spiritualité émouvante qu’a dégagée le blues des esclaves. Prophète zélé, Archie Shepp a répandu la bonne parole de la tradition orale, vocale et instrumentale de la musique qui a radicalement changé le destin des États-Unis, et contre laquelle aucun président, aucune théorie ne peuvent rien. Les disciples libanais, toujours en quête pressante de jazz et de blues, ont été comblés et doivent une fière chandelle à Karim Ghattas, fondateur de Liban Jazz. Souvent, les mots ne suffisent pas. C’est le cas pour l’incroyable concert d’Archie Shepp à Zouk Mikaël. Diala GEMAYEL
Qui a dit que le jazz n’avait qu’un petit public un peu essoufflé au Liban ? Qui prétend qu’en fin de saison estivale, les spectateurs sont épuisés et à court d’argent ? Il suffit d’aller passer une soirée à Liban Jazz (en cours ce soir pour la clôture avec Anouar Brahem) pour faire voler en éclats ces rumeurs de triste climat – le marasme économique affichant...