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Trois candidats défendent la légitimité du scrutin dans la capitale La liste haririenne se dit représentative de tous les courants (photo)

Les électeurs beyrouthins sont appelés demain aux urnes pour choisir leurs représentants au conseil municipal. Pour une partie d’entre eux, ce scrutin ne comporte pratiquement pas d’enjeux dans la mesure où ils estiment que les jeux sont déjà faits. Face à la liste haririenne considérée comme étant gagnante d’avance, l’opposition, ou du moins ce qui en reste, fait piètre figure devant le bulldozer conduit par le Premier ministre. Les adversaires de ce dernier vont jusqu’à qualifier cette consultation d’« illégitime » à cause, d’une part, de l’ingérence déclarée des Syriens et, d’autre part, du rôle prépondérant du chef du gouvernement. En outre, l’absence d’une liste unifiée de l’opposition ne fait qu’augmenter les doutes sur la crédibilité de cette échéance. Qu’en pensent les candidats de la liste parrainée par M. Hariri ? Trois candidats, deux membres du conseil sortant et un nouveau candidat, ont répondu aux questions de L’Orient-Le Jour. Pour Georges Tyan, candidat indépendant « choisi par l’archevêché maronite » et « non un proche de l’ancien chef d’État Amine Gemayel », « rien n’est encore joué d’autant plus que les élections, par définition, réservent toujours des surprises ». Certes, dit-il, « les chances sont du côté de notre liste, mais l’électeur a toujours son mot à dire ». Déplorant la politisation à outrance d’un scrutin dont la portée est indiscutablement nationale, M. Tyan rappelle que c’est l’ensemble des Libanais qui « vont cueillir les fruits » de cette échéance. « Le scrutin de Beyrouth concerne tous les Libanais, et non seulement ceux qui y résident. Le développement et l’embellissement de la capitale profiteront à tous, y compris à l’image que cette ville est censée véhiculer à l’étranger par le biais des touristes », d’où l’intérêt d’un vote exprimé dans l’intérêt de la capitale et non des allégeances politiques, dit-il. S’abstenant de commenter le tournant qu’a pris la constitution des listes, M. Tyan insiste pour dire qu’il est foncièrement « apolitique », soulignant que sa seule motivation – en tant que représentant d’une des plus anciennes familles beyrouthines – est de pousser l’électeur désintéressé à reprendre confiance et à effectuer un choix libre et éclairé. Roulla Ajouz, membre du conseil sortant et seule figure féminine sur cette liste, réfute une à une les accusations d’« hégémonie » portées contre son parrain politique, M. Hariri. Priée de commenter le désenchantement affiché par certains électeurs face à une liste « en conserve », elle répond : « Tout le monde critique aujourd’hui Hariri, pourquoi ne veulent-ils pas admettre qu’il est incontestablement le leader de Beyrouth par excellence ? » « D’ailleurs ceux-là mêmes qui lui lancent ces accusations ont fini par se rallier à sa liste », poursuit la candidate qui refuse de faire porter le blâme « de la faillite de l’opposition » sur M. Hariri. « Qui les a empêchés de faire front commun ? » se demande la jeune candidate. Convaincue que seul le Premier ministre « a réussi à réunifier la ville » en imposant une répartition communautaire équitable au sein du conseil, elle dénonce la proposition faite notamment par l’opposition visant à diviser Beyrouth en 12 arrondissements, « une hérésie dans une ville qui ne fait pas plus de 19 km2 », accuse Mme Ajouz en précisant qu’une fédération de 12 municipalités ne fera qu’amplifier les divisions. Évoquant le veto mis par le chef du gouvernement sur le chef des Kataëb Karim Pakradouni, elle se contente de dire : « La seule chose que je regrette c’est l’exclusion de Bernard Gerbaka (le candidat des Kataëb), qui a été la victime de M. Pakradouni. » À son tour, Rachid Jalkh, second candidat maronite, rejette les critiques reprochant au Premier ministre son comportement « antidémocratique » et « sa volonté d’ accaparer » la ville. « On ne peut pas nier que M. Hariri, qui a tenu à avoir un conseil équilibré et représentatif, a laissé le choix à toutes les instances politiques et religieuses de désigner leurs candidats, notamment pour ce qui est du camp chrétien. En tant que leader sunnite, il a certes eu son mot à dire en acceptant toutefois la présence d’autres candidats », dit-il en allusion à la désignation de 6 candidats sunnites sur les 8 que compte le conseil. Abondant dans le même sens que ses colistiers, il affirme qu’il est erroné de dire que l’électeur n’a pas de choix puisqu’il existe une liste d’opposition de 14 membres. « S’ils réussissent à fédérer une certain nombre de voix, ils sont tout à fait capables de mener la bataille même si le rapport de force est inégal. » Selon lui, les élections de dimanche constituent avant tout « un vote de confiance », notamment pour les treize membres sortants, candidats pour la seconde fois, un vote qui se traduira par un score maximum estimé « à près de 50 000 voix contre 15 à 20 000 pour la liste opposée ». Face à une compétition qui s’annonce relativement faible, M. Jalkh affirme que « la portée de ce scrutin est avant tout une forme de gratitude et de reconnaissance du bilan du conseil sortant ». Un bilan qui est d’ailleurs controversé par beaucoup de Beyrouthins, et que défend ardemment le membre du conseil sortant. À la tête de ses réalisations, les projets de coopération exécutés en collaboration avec le Conseil régional d’Île-de-France, notamment le Bois des pins, « dont la seconde phase vient d’être finalisée », les travaux de signalisation routière, exécutés avec l’aide de l’AIMF (Association internationale des maires francophones), le « laboratoire mobile », pour mesurer la pollution dans la capitale. La création d’espaces verts, une initiative lancée par l’ancien conseil municipal, figure également au programme et un projet qui sera poursuivi avec détermination par Roulla Ajouz, présidente de la commission des jardins publics et membre de la commission du projet d’informatisation de la municipalité. À l’ordre du jour : une école verte pour les écoliers et la finalisation des multiples initiatives écologiques déjà entamées. La réhabilitation des abattoirs de Beyrouth, une des pierres d’achoppement entre M. Hariri et M. Pakradouni, devrait également aboutir, assure Mme Ajouz, si sa liste est majoritairement élue comme le prévoient les haririens. Jeanine JALKH
Les électeurs beyrouthins sont appelés demain aux urnes pour choisir leurs représentants au conseil municipal. Pour une partie d’entre eux, ce scrutin ne comporte pratiquement pas d’enjeux dans la mesure où ils estiment que les jeux sont déjà faits. Face à la liste haririenne considérée comme étant gagnante d’avance, l’opposition, ou du moins ce qui en reste, fait...