Rechercher
Rechercher

Actualités - RENCONTRE

Rencontre - Joueur de tennis numéro un sur le circuit libanais et pièce incontournable de l’équipe nationale de Coupe Davis Patrick Chucri, chef de file du tennis libanais (photo)

Les hommes s’adonnent au tennis par défi, pour maîtriser un sport difficile, pour le plaisir, et, surtout, pour la satisfaction et l’esprit de compétition. Les tennismen se battent pour accomplir des progrès et recherchent la perfection. Mais leur grande motivation, c’est la passion qu’ils ont pour ce sport et le désir qu’ils éprouvent à bien le pratiquer. On peut aimer jouer au tennis à des niveaux bien différents, depuis les rencontres amicales jusqu’aux compétitions les plus importantes, pour défendre les couleurs de son école, de son club ou même de son pays... Patrick Chucri est passé par tous ces niveaux. Passionné de tennis dès l’âge de 6 ans, il a appris à aimer la balle jaune en Belgique, avant de s’envoler à 16 ans aux États-Unis afin de perfectionner son talent. Un an plus tard, il remportait les championnats du Liban hommes, devenant du coup le plus jeune champion de l’histoire du tennis libanais. Depuis, il est devenu une pièce incontournable au sein de la sélection nationale de Coupe Davis. Âgé de 22 ans, Patrick Chucri a fait du tennis son premier objectif en devenant professionnel. Dorénavant, c’est sur les courts internationaux qu’il portera les couleurs du Liban, et où il espère se faire une place. Gros plan sur la carrière de ce jeune homme discret et lucide, qui dévoile à « L’Orient-Le Jour » ses ambitions et son opinion sur l’avenir du tennis libanais. « L’Orient-Le Jour » : 22 ans seulement et déjà un palmarès assez étoffé. Pouvez-vous nous raconter brièvement votre ascension dans ce sport ? Patrick Chucri : « J’ai tenu ma première raquette en Belgique, à l’âge de 6 ans. Le club de tennis n’était qu’à 100 m de notre maison, j’allais taper dans la balle chaque jour après l’école. Vers 8-9 ans, j’ai commencé à disputer mes premiers tournois, à travers mon club. Ce n’était pas les tournois qui manquaient en Belgique, étant donné que le tennis est un sport très populaire. Dès mon jeune âge, j’ai réussi à faire d’excellents résultats en remportant avec mon club les championnats de Belgique des moins de 12 ans. » « À 12 ans, justement, je suis rentré à Beyrouth. C’était très difficile de suivre le même rythme d’entraînement. Je disputais surtout des tournois estivaux, parmi lesquels les championnats du Liban ou les championnats arabes, où je faisais d’excellents résultats. C’est alors que j’ai réalisé que j’avais un potentiel dans ce sport qu’il fallait que j’exploite. » O-J : Et c’est alors que vous décidez de voyager pour les États-Unis et de vous inscrire dans une académie de tennis ? P.C. : « En effet. À 16 ans, j’ai eu la chance d’avoir le soutien de mes parents, qui m’ont envoyé en Floride, à l’ITA (International Tennis Academy). J’ai terminé mes études secondaires là-bas, et j’ai participé à de nombreux tournois juniors. Grâce à mes bons résultats, je suis parvenu à atteindre la 200e place mondiale ITF, qui est le classement mondial junior. J’ai même reçu une bourse me permettant de continuer mes études à l’Université de Mississippi, une université que je représentais d’ailleurs en tennis. En été, je rentrais à Beyrouth pour disputer les tournois locaux et la Coupe Davis surtout. À 17 ans, j’ai remporté les championnats du Liban hommes, devenant du coup le plus jeune champion de l’histoire du tennis libanais, alors que j’évoluais toujours en juniors. Finalement, j’ai reçu mon diplôme en International Business en décembre 2003, et depuis je me donne à plein-temps au tennis. » O-J : En parlant de Coupe Davis, vos plus belles victoires c’est là-bas que vous êtes allé les chercher... P.C. : « C’est vrai. Le premier match que j’ai remporté en Coupe Davis c’était en 2002, face à l’Indonésie, à Djakarta. On était en groupe 1, et les rencontres à ce stade sont toutes difficiles à gagner. Le joueur que j’ai battu à l’époque est classé 300e mondial actuellement. » « Ensuite, j’ai fait de très bons résultats en Iran, où j’ai gagné mes 3 matchs. Mais c’est le dernier qui m’a laissé le plus beau souvenir, puisque je suis revenu de 5-2 lors du 5e set, pour finalement l’emporter 7-5 et donner le point de la victoire au Liban. Puis on a battu l’Iran à nouveau, et Hong Kong, où j’ai gagné une rencontre et perdu une autre en 5 sets serrés. » O-J : Vous dites que vous avez fait depuis quelques mois du tennis votre premier objectif, que vous voulez tourner pro. Comment ça se passe de ce côté-là ? P.C. : « En fait, ça se passe pas mal du tout. En août 2003, j’ai disputé mon premier Future en Iran, et dès ma première sortie, je suis parvenu à remporter des points ATP. Les tournois Future sont d’un cran inférieurs aux tournois Challenger, qui sont, à leur tour, un cran inférieurs aux tournois ATP. Et tous les Future du monde se disputent sur deux semaines, avec un tournoi par semaine. » « En Iran, lors de la première semaine, je suis arrivé en quarts de finale, ramassant du coup 3 points. En double, j’ai remporté le tournoi, ce qui m’a donné 18 points. Lors de la deuxième semaine, je suis sorti dès le second tour en simple, ce qui m’a permis de récolter tout de même un point, et j’ai également remporté le tournoi en double, donc 18 autres points. Avec 4 points au total en simple, je suis classé 1 100e ATP, et 36 points en double, je pointe à la 660e place. » « À Qatar, il y a quelques semaines, j’ai fait une demi-finale en double, et en simple j’ai perdu au dernier tour des qualifications. » O-J : Et donc vous disputez aujourd’hui le troisième Future de votre carrière, à l’ATCL. Pensez-vous aller aussi loin qu’en Iran ? P.C. : « Dans le tennis, rien n’est impossible. C’est vrai que je joue plutôt mieux sur surface rapide que sur terre battue, mais j’aime bien les terrains de l’ATCL. J’y ai déjà bien joué et j’ai fait de bons résultats. Il faut dire que je m’adapte bien à presque toutes les surfaces. Sans oublier que je joue dans mon pays, et en plus dans mon club, puisque je suis membre ici. J’espère donc avoir le soutien du public et aller le plus loin possible en simple. En double, je suis associé au Suédois Alexander Hartman, avec qui j’ai remporté les tournois en Iran. Alex est un très bon copain à moi depuis Mississippi, et je pourrais d’ailleurs être opposé à lui en simple (rires). » O-J : Après l’ATCL, quelles seraient vos prochaines étapes ? P.C. : « En fait, il y a des Future qui se disputent chaque semaine un peu partout dans le monde. J’ai fait actuellement un programme dans la région, deux au Qatar, deux au Liban et deux en Arabie saoudite. » « Mon but serait de ramener autant de points possibles afin d’améliorer mon classement chaque année. Si je vois que je réalise chaque saison une bonne marge de progression, là ça deviendra intéressant. Mon rêve serait de rentrer dans le top 200 et de disputer éventuellement des tournois ATP ou rentrer dans les qualifications des grands chelems. » « Mais si je vois que dans deux ans je fais du surplace, ou que je n’arrive pas à atteindre le top 500, je pense que je laisserais tomber les tournois internationaux pour commencer à travailler... » O-J : Que pensez-vous de l’organisation du Liban d’un tournoi Future, et en quelques mots, comment voyez-vous l’avenir du tennis libanais ? P.C. : « Avoir un Future au Liban, et à l’ATCL surtout, ça montre un très grand progrès de la Fédération libanaise, qui s’acharne depuis un bon bout de temps pour l’organisation d’un tel tournoi. Éventuellement, le Liban pourra accueillir plus tard un tournoi Challenger, où figureront des joueurs du top 100 mondial. » « Mais d’un autre côté, je pense que la Fédération libanaise de tennis, comme la plupart des autres fédérations, a cruellement besoin d’argent pour faire évoluer ce sport. C’est dommage, car l’on est pas en train de développer le talent des jeunes. Jouer au tennis coûte très cher, entre la location du terrain, l’achat de balles et les honoraires d’entraîneurs... Personnellemnt, si mes parents ne m’avaient pas envoyé aux États-Unis, je ne serais jamais devenu ce que je suis maintenant. » « Pour remédier à ce problème, les responsables devraient miser beaucoup plus sur le tennis, afin d’encourager les jeunes à pratiquer ce sport. De nos jours, tout l’argent et les efforts sont versés sur le basket, ce qui est bénéfique quelque part pour le sport libanais. » « Mais l’un n’empêche pas l’autre. Je ne vois pas pourquoi la fédération ne construit pas un club uniquement pour le tennis, où les cinq meilleurs joueurs libanais des différentes catégories (moins de 12 ans, moins de 14 ans, moins de 16 ans, juniors, hommes et femmes) pourront s’entraîner gratuitement. Il y aura sûrement une super ambiance qui motivera les joueurs et qui les aidera à progresser. » « Aujourd’hui, on n’a rien de tout ça. Quand le Liban joue en Coupe Davis, il y a à peine une centaine de spectateurs qui suivent les rencontres, contrairement aux autres pays, où les stades sont plein à craquer. C’est vraiment dommage, car c’est en voyant des stades pleins et une ambiance folle en Belgique que j’ai décidé de jouer au tennis... » O-J : Je pense que côté sponsor, vous n’avez pas de problème ? P.C. : « Malheureusement, si. Je cherche en fait un sponsor. Il me serait quasi impossible de disputer des tournois internationaux sans sponsor. Une année de tennis de haut niveau coûte à peu près 50 000 USD, et je suis à le recherche d’un parrain. En ce qui me concerne, je suis sûr que ça ne sera pas de l’argent perdu puisque je suis le numéro un au Liban, j’ai un grand potentiel et je représente le futur du tennis libanais. C’est frustrant de ne pas trouver quelqu’un pour m’aider, alors que des sommes considérables sont jetées un peu partout... Ça serait idéal si je trouvais une grande compagnie ou une banque qui pourra investir en moi. Il ne faut pas oublier que la plupart des tournois internationaux et les rencontres de Coupe Davis sont retransmis à la télévision. » Sportifs de tous bords, amateurs et passionnés de tennis, sponsors et philantropes : magnez-vous, le tennis libanais a besoin de vous... Propos recueillis par Nadim MAKHOUL
Les hommes s’adonnent au tennis par défi, pour maîtriser un sport difficile, pour le plaisir, et, surtout, pour la satisfaction et l’esprit de compétition. Les tennismen se battent pour accomplir des progrès et recherchent la perfection. Mais leur grande motivation, c’est la passion qu’ils ont pour ce sport et le désir qu’ils éprouvent à bien le pratiquer. On peut...