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Actualités - OPINION

Un parcours impressionnant

Dix pays d’Europe centrale et orientale ont été officiellement accueillis, le 1er mai, dans l’UE, dont ils augmenteront la population de 20 %, la portant à 450 millions d’habitants et créant ainsi le plus vaste marché unique du monde. Cette union de 25 États membres représentera un quart du commerce mondial et plus de la moitié de l’assistance extérieure et de l’aide au développement accordées par la communauté internationale. Ces chiffres sont impressionnants, mais le parcours qui a été suivi pour y parvenir l’est encore davantage. La chute du communisme en 1989 a libéré l’Europe des fils barbelés qui l’ont divisée pendant des décennies, dans un climat de suspicion mutuelle et de menace de guerre. L’espoir renaissait. Mais sans cap et sans boussole, l’espoir aurait pu rapidement se transformer en désenchantement et en conflit. La motivation de l’adhésion à l’UE et l’aide apportée pour atteindre cet objectif ont permis de garantir sur tout le continent européen la paix et la sécurité, qui ont à leur tour stimulé le développement économique et nourri la perspective d’une prospérité pour tous. Pourtant, le chemin était escarpé. Nos nouveaux partenaires ont dû restructurer pratiquement tous les aspects de leurs systèmes politique, judiciaire et économique. L’Union européenne a dû elle aussi prendre des décisions délicates. Faire de ce 1er mai le jour J de l’élargissement, c’est ignorer les avancées que nous avons réalisées au cours des 15 dernières années. À maints égards, cet élargissement est déjà une réalité, même pour ceux qui restent hors de la future UE à 25. De nombreux défis et de nombreuses possibilités nous attendent au lendemain du 1er mai. Accueillir autant de pays différents en notre sein changera nécessairement notre fonctionnement. Nos nouveaux partenaires ont leur propre vision, leurs propres buts et leurs propres besoins. De nouvelles alliances se formeront et de nouvelles questions seront abordées. Le rejet par les Chypriotes grecs de l’arrangement proposé pour réunifier l’île de Chypre indique que, pour la première fois, l’UE aura la tâche complexe de traiter avec un pays divisé. Concrètement, nous devons aussi trouver un moyen d’éviter que notre mode de décision perde en efficacité. C’est pourquoi il est si important que nous nous mettions le plus rapidement possible d’accord sur une Constitution européenne. Dans les faits, le 1er mai apportera aux citoyens des nouveaux États membres le droit de voter aux élections européennes de juin, permettra à leur gouvernement et à leurs commissaires de faire de même lors des réunions de l’UE et étendra tant les programmes que les politiques de l’UE à leur territoire. Les frontières de l’Union européenne se seront ainsi déplacées à l’Est et au Sud. Certains craignent une UE plus vaste, s’inquiétant de la voir se transformer en forteresse. Je peux leur dire qu’après des années d’immenses efforts pour faire tomber les barrières qui partageaient l’Europe en deux, nous n’avons pas l’intention de tracer de nouvelles lignes de rupture entre « les riches et les pauvres » sur le continent européen et au-delà. Les mêmes peurs s’expriment lors de chaque élargissement de l’UE. Or, l’histoire a prouvé que si des ajustements doivent être effectués de part et d’autre en peu de temps, les bienfaits du développement économique solide de l’UE, à plus long terme, débordent largement les frontières de l’Union. Le rapprochement de nos voisins immédiats et l’expérience de nos nouveaux États membres donneront une profondeur et une intensité accrues à nos relations avec les pays limitrophes de l’UE à 25 dans le cadre de notre nouvelle « politique européenne de voisinage ». Au-delà du continent européen, l’UE aura plus de poids dans les organisations multilatérales comme l’Onu et l’OMC. Nous ne changerons pas de priorités politiques et ne réduirons pas le soutien économique élevé que nous accordons dans le monde entier. Nous demeurons fermement résolus à promouvoir la bonne gouvernance, le développement durable et la réduction de la pauvreté aux quatre coins de la planète. Joignant le geste à la parole, l’UE conservera son rang de premier fournisseur international d’aide. Les seuls changements à attendre sont positifs. Nos partenaires politiques disposeront désormais d’une plate-forme qui leur permettra de renforcer les relations avec un nombre plus grand encore de pays européens, tandis que les investisseurs et les exportateurs étrangers pourront tirer parti de marchés encore plus vastes. Au lendemain de cet élargissement historique, j’envisage avec confiance les défis à venir et j’espère que nos partenaires, dans le monde entier, saisiront avec nous les chances que nous offre à tous une UE à 25. Chris PATTEN Commissaire européen chargé des Relations extérieures
Dix pays d’Europe centrale et orientale ont été officiellement accueillis, le 1er mai, dans l’UE, dont ils augmenteront la population de 20 %, la portant à 450 millions d’habitants et créant ainsi le plus vaste marché unique du monde. Cette union de 25 États membres représentera un quart du commerce mondial et plus de la moitié de l’assistance extérieure et de l’aide au...