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DÉBAT - Des parlementaires, des ministres et des intellectuelles se rencontrent pour promouvoir la paix Réunion à l’Escwa du forum régional arabe de la femme

«Le forum régional arabe des femmes, dix ans après Pékin : une invitation à la paix. » C’est sur ce thème que des femmes venues de tous les pays arabes ont entamé hier leur séminaire à la Maison des Nations unies, place Riad el-Solh. Organisé par l’Escwa pour évaluer les progrès effectués depuis le Sommet de Pékin, en 1994, et les efforts à faire encore sur ce plan, cet événement régional devrait se poursuivre jusqu’à demain samedi. Plusieurs centaines de femmes se sont retrouvées à la Maison des Nations unies : des membres de délégations officielles, des représentantes d’agences onusiennes et des déléguées d’ONG. Il a fallu ouvrir trois salles de conférences afin d’accueillir toutes ces femmes qui se sont mobilisées pour parler de leurs revendications, de leur situation, et pour tenter d’améliorer leur quotidien, en adoptant – comme d’habitude – des résolutions. Mais dès la séance d’ouverture, le ton a été donné. Les organisateurs ont voulu mettre en avant les progrès effectués dans une zone où, jusqu’à présent, 49 % des femmes sont illettrées, où dans plusieurs pays leur témoignage dans un tribunal n’est pas l’équivalent de celui d’un homme et où les crimes d’honneur restent de mise. La séance d’ouverture s’est tenue sous le patronage d’Andrée Émile Lahoud, représentée par l’épouse du chef du Parlement, Randa Nabih Berry. Mirvat Tallawi, secrétaire exécutive de l’Escwa, organisme régional chargé par le secrétaire général des Nations unies d’organiser ce forum pour évaluer la situation des femmes dix ans après Pékin, a pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux délégations et présenter l’agenda de l’événement. Se penchant sur le thème du séminaire, elle a relevé que les femmes et les enfants sont les plus touchés par les guerres. « Les deux tiers des réfugiés dans le monde sont des femmes et des enfants et 80 % des victimes de la guerre sont des civils et non des militaires », a-t-elle indiqué. Mme Tallawi a ensuite passé en revue quelques progrès effectués dans la région : des ministères pour les affaires des femmes ont été créés, des lois ont été modifiées, les femmes peuvent désormais voter et se présenter aux élections dans certains pays du Golfe, un quota a été adopté dans les Parlements marocain et jordanien pour les sièges consacrés aux femmes, et six femmes ont été nommées ministres en Irak, cinq en Algérie et trois au sultanat d’Oman. La secrétaire exécutive de l’Escwa a cependant indiqué que beaucoup reste à faire, notamment modifier certaines lois du code pénal (les crimes d’honneur), réduire la pauvreté et le chômage et abolir la violence envers les femmes. Mme Tallawi a également donné lecture d’un message du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, soulignant que « l’amélioration des conditions de la femme ne constitue pas un but quelconque du développement durable, mais une condition principale pour relever les défis du millénaire, fixés par l’Onu ». Dire non à la guerre Donnant lecture du discours de Mme Lahoud (en voyage en Europe), Mme Berry a indiqué que le gouvernement libanais a respecté les engagements de la Convention relative à l’abolition de toutes formes de discrimination envers les femmes. Des efforts ont aussi été effectués dans le cadre de la scolarisation et de l’alphabétisation. Mme Berry a souligné qu’au Liban, « sur le plan législatif, les femmes sont les égales des hommes, elles peuvent livrer leur témoignage au tribunal, signer des contrats, exercer le commerce et porter plainte ». « Les femmes avocates ont le droit de représenter leurs clients et elles peuvent devenir juges », a-t-elle ajouté. C’est ensuite l’ancienne Première Dame du Ghana, Nana Rawlings, qui a pris la parole. Elle s’est penchée dans son discours sur « le rôle de la femme dans l’instauration de la paix ». « Les femmes doivent dire non à la guerre, afin de protéger leurs enfants et leurs familles ; elles ont le droit de vivre en paix », a-t-elle indiqué, soulignant que dans le but d’œuvrer « pour la paix, les femmes devraient occuper des postes publics ». Mme Fatima Kassem, responsable de la division des femmes à l’Escwa, a ensuite présenté un état des lieux des conditions de la femme dans dix-sept pays arabes. Certes, des efforts ont été fournis au cours de ces dix dernières années, mais beaucoup reste à faire. Quatre thèmes devraient être discutés au cours de ce forum : la législation et la vie politique ; la vie publique ; la société civile et les médias. Les participantes, parlementaires, ministres et intellectuelles devraient définir le rôle que les femmes devraient jouer dans ces domaines. L’Irak est représenté par quatre femmes ministres, Nesreen Barwari, ministre des Municipalités et des Travaux publics, Leila Abdelatif (Affaires sociales), Saoussan Sharifi (Agriculture), Maisoun el-Damlouji, vice-ministre de la Culture, ainsi que par Mme Rajaa el-Khouzai, membre de l’ancien Conseil du gouvernement provisoire. Participent également au forum des représentantes de la Syrie, Bouthaina Chaabane (ministre des Émigrés), de la Jordanie, Asma Khodr (porte-parole du gouvernement), des Territoires autonomes Intisar el-Wasir (ministre des Affaires sociales) et l’épouse du leader palestinien emprisonné Fadwa Marwan Barghouti. Toutes des femmes venues de divers horizons et qui livrent différentes batailles. Réussiront-elles à faire bouger les choses, améliorer les conditions des femmes les plus démunies, celles qui ne savent pas lire, qui subsistent de petits boulots, qui font face aux violences familiales et conjugales ? Hier, Mme Berry s’est vantée du fait que les Libanaises peuvent livrer leur témoignage au tribunal, signer des contrats et devenir juges. « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois », dit-on. Qu’elles vivent en ville ou à la campagne, qu’elles soient illettrées ou diplômées, célibataires, mariées ou divorcées, femmes au foyer ou actives, toutes les Libanaises, au moins une fois dans leur vie, ont fait face à la discrimination. Mais peut-on revendiquer, dans un forum régional, l’égalité des salaires, l’adoption d’une loi sur le statut d’état civil, ou encore des postes-clés au gouvernement, quand dans certains pays arabes, les femmes n’ont pas le droit d’avoir des papiers d’identité indépendants de ceux de leur père ou de leur conjoint, ou encore qu’elles peuvent mourir parce que tout simplement quelqu’un a eu des doutes sur leurs mœurs ?... Probablement pas. Alors, on décide de se vanter du peu qu’on a... Patricia KHODER
«Le forum régional arabe des femmes, dix ans après Pékin : une invitation à la paix. » C’est sur ce thème que des femmes venues de tous les pays arabes ont entamé hier leur séminaire à la Maison des Nations unies, place Riad el-Solh. Organisé par l’Escwa pour évaluer les progrès effectués depuis le Sommet de Pékin, en 1994, et les efforts à faire encore sur ce plan, cet...