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Santé - Nouveau tournant dans le dossier des médicaments contrefaits La brigade criminelle perquisitionne 16 pharmacies sur l’ensemble du territoire

L’ancien-nouveau dossier des médicaments contrefaits ou introduits illégalement au Liban continue de susciter des remous. Aussi bien au niveau politique où l’on s’interroge sur le timing de ce « scandale », qu’au niveau du consommateur pris de panique devant tout ce déballage auquel il assiste depuis quelque temps sur la validité du médicament qu’il avale, l’affaire n’a pas cessé de prendre de l’ampleur. Hier, les autorités responsables sont passées à l’acte pour la deuxième fois en ordonnant des perquisitions dans plusieurs pharmacies réparties sur l’ensemble du territoire libanais. Sur ordre du procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, l’enquête a été exécutée sur le terrain par la brigade criminelle. L’opération a englobé les pharmacies soupçonnées de vendre des médicaments frelatés ou introduits illégalement au Liban, une pratique qui semble être en continuelle expansion depuis quelque temps, selon un observateur. Sur les 16 pharmacies qui ont été perquisitionnées, 12 d’entre elles ont été prises sur le fait, certaines vendant notamment du Viagra contrefait, comme à Zahlé et à Adloun, ou à Hamra. Le président de l’Ordre des pharmaciens, Ziad Nassour, a également fait part de l’existence de fausses boîtes de Panadol qui se vendent depuis un certain temps, dans les boutiques. Cinq autres pharmaciens devaient également faire hier des dépositions devant les agents de la brigade criminelle. M. Addoum, qui s’était réuni avec le président et des membres de l’Ordre des pharmaciens, a écouté les explications de ces derniers sur l’affaire avant de donner ses directives à la brigade criminelle, la sommant d’emmener sur les lieux un contrôleur relevant de l’Ordre, et un autre représentant le ministère de la Santé. Interrogé par L’Orient-Le Jour, un ancien responsable au sein de l’Ordre est convaincu pour sa part que ce « folklore médiatique » ne peut être expliqué que par une volonté claire de politiser un dossier directement lié à l’échéance présidentielle, « puisqu’il met face à face deux concurrents au poste de la première magistrature », à savoir le ministre de la Santé, Sleiman Frangié, et l’actuel chef de l’État. « Le problème existe certes, reconnaît ce pharmacien, mais il n’est pas aussi dramatique qu’on le prétend. » Le président du syndicat des importateurs de médicaments, Armand Pharès, ne veut rien entendre aux considérations politiques sous-jacentes. « Pour moi ce n’est pas le moment de faire des procès d’intention, mais plutôt de trouver les meilleurs moyens de résoudre ce problème extrêmement grave », affirme-t-il. Contrairement à son collègue, il estime que le phénomène est grandissant et mérite d’être évoqué. « Nous n’avons pas de chiffres ni de pourcentage pour mesurer l’ampleur de la fraude, mais nous savons au moins qu’elle a augmenté substantiellement ces derniers temps », précise-t-il en soulignant que la moyenne de la fraude à travers le monde est de 6 %, un taux qui s’applique surtout au tiers-monde. Pour M. Pharès, « le seul garde-fou pour le consommateur reste son pharmacien, avec lequel il doit normalement avoir une relation de confiance ». M. Pharès énumère trois types de fraude – les produits placebo, c’est-à-dire ceux qui ne contiennent pas la composition chimique requise et qui, par conséquent, ne font ni de mal ni de bien, les produits frelatés qui peuvent parfois être très dangereux, et enfin les produits périmés dont la date d’expiration a été modifiée. Il rappelle en outre que la dernière en date est la falsification des étiquettes sur lesquelles figurent le nom de l’importateur et le numéro d’enregistrement du médicament, une pratique que le syndicat essaye en ce moment de contrer par le biais d’étiquettes dites « hologrammes » qui sont en principe inimitables et qui viennent d’être commandées aux États-Unis. Autre mesure prise par le syndicat : imposer sur chaque emballage un code-barres, pour assurer une protection maximale au produit d’origine. « Toute forme de fraude, quelle qu’elle soit, est par définition grave et doit être sanctionnée par la loi », dit-il, en rappelant que la loi est claire à ce sujet. Jeanine JALKH
L’ancien-nouveau dossier des médicaments contrefaits ou introduits illégalement au Liban continue de susciter des remous. Aussi bien au niveau politique où l’on s’interroge sur le timing de ce « scandale », qu’au niveau du consommateur pris de panique devant tout ce déballage auquel il assiste depuis quelque temps sur la validité du médicament qu’il avale, l’affaire n’a pas...