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Concert - À l’église Saint-Joseph (USJ) L’Orchestre symphonique national libanais : une musique empreinte de ferveur pascale

Varié, riche, assez long (presque deux heures sans intermission) et empreint d’une certaine atmosphère prépascale (cela n’ôte rien au plaisir et à la qualité de la musique proposée même s’il y a un retard d’une bonne semaine sur la fête de Pâques) : tel est le programme de l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, à l’église Saint-Joseph (USJ). Foule nombreuse dans l’église illuminée comme d’habitude et foule tout aussi nombreuse devant l’autel avec notre Orchestre national, le maestro, trois solistes et la chorale du Conservatoire national supérieur de musique dirigée par le père Khalil Rahmé. Au menu, conciliant rigueur classique et éclat romantique, musique sacrée prépascale et concerti pour instruments à vent, des pages de Mozart, Haendel, Finzi, Cherubini, Haydn, Bach, Fauré, Kanaan, Rossini, et Berlioz. Quelle tournée et que d’horizons ! Ouverture toute en grâce, légèreté et charme avec le Concerto pour hautbois et orchestre du génie de Salzbourg. En soliste, Peter Mucsina, qui a donné au vent toutes les séductions d’une musique aux nuances infinies. Trois mouvements pour traduire toute la beauté de la narration mozartienne mettant en valeur les ressources du hautbois non seulement dialoguant aimablement avec les cordes mais se lançant parfois dans des envolées teintes d’une sereine mélancolie ou d’une délicieuse volubilité. Changement de ton et de registre avec la présence de la soprane Reem Deeb (toute de noir vêtue) et qui a interprété deux brefs passages, l’un de Haendel Laissez le lumineux séraphin et Porgi Amore du divin Mozart. Belle voix, présence sage, presque effacée mais dérapage sur les notes aiguës. Pour prendre le relais, une œuvre de Finzi, compositeur contemporain peu connu de nos mélomanes mais qui irait rejoindre la grande famille de musiciens anglais tels Vaugham Williams, Holst, Parry et Elgar. On écoute ici son vibrant Concerto pour clarinette et orchestre, avec en soliste le talentueux et sympathique Zdenek Drholecky, présidant aux destinées du vent dans une œuvre au climat tendu, avec des rythmes farouchement modernes. Habileté d’un discours qui sait doser la gravité et les tonalités qui jettent un baume d’espoir sur les cœurs. Lumineuse musique sacrée Moment musical absolu avec le chœur du Conservatoire qui donne la réplique à notre orchestre, heureux de plonger dans ces partitions de musique sacrée qui s’élève, humble et merveilleuse, tel un incommensurable chant d’amour, dans le recueillement des voûtes généreusement éclairées. Tout d’abord ce somptueux Pié Jésu, tiré d’un Requiem de Cherubini. Trois courtes pièces (Plange Quasi, Quia Venit, Accingle) de Haydn lui succèdent, dans le même sillage de ferveur et de piété. Tout aussi empreint des larmes de la douleur et des souffrances est ce passage de La Passion selon saint Mathieu de Bach. Merveilleux Lacrimosa tiré du non moins émouvant Requiem de Mozart. Le Libera me, Domine de Gabriel Fauré est un moment exceptionnel avec un baryton nommé Raymond Ghattas qu’on gagnerait à mieux connaître. Révélation aussi du Rex Tremendae majestatis d’Iyad Kanaan, admirable petit extrait d’une messe de requiem qui secoue l’auditeur et le laisse au bord d’une grande émotion. Fluide et soyeuse, avec cet aspect majestueux est la musique de Rossini avec cette Preghiera à trois voix. Oui la “ prière” a ici toutes les allures d’une fervente imploration à l’Éternel, mais sur un tempo que seul Rossini sait insuffler à ce que l’on murmure du bout des lèvres dans le silence des cathédrales ou des chapelles. Et dernier air de ce chapelet de musique sacrée est le Canticorum de G.F Haendel. Trois voix de femmes pour des louanges d’une souveraine élégance. Pour clôturer, un morceau que les fidèles adeptes et mélomanes de l’église Saint-Joseph (USJ) ont applaudi plus d’une fois : Le Carnaval Romain de Berlioz, le plus fantasque et original des compositeurs romantiques français. Œuvre séduisante par excellence par son orchestration riche et chatoyante et par ses thèmes fougueux et passionnés. De l’amour du divin qui précédait dans les partitions antérieures aux battements fous d’un cœur d’orfèvre, la musique se fait la messagère de toutes les expressions humaines. Ici, dans ce Carnaval romain, déchaîné comme une danse païenne, Berlioz aborde une poésie fébrile et déchirante en restituant, à travers les sons, les tourmentes du statuaire et orfèvre du XVIe siècle Benvenuto Cellini, dont le buste orne le Ponte Vecchio de Florence. Images sonores somptueuses et qui finissent dans une apothéose inégalée en mêlant rythmes échevelés et débordements des cordes sur fond de cuivres aux tonalités triomphantes. Applaudissements bien mérités car musiciens et public sont épuisés après ces deux heures d’excellente prestation. Merci maestro, merci les artistes car un parfum d’après Pâques continue de flotter autour des vitraux colorés encore tout imbibés de notes luisantes et merveilleuses. Edgar DAVIDIAN
Varié, riche, assez long (presque deux heures sans intermission) et empreint d’une certaine atmosphère prépascale (cela n’ôte rien au plaisir et à la qualité de la musique proposée même s’il y a un retard d’une bonne semaine sur la fête de Pâques) : tel est le programme de l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous la houlette de Walid Gholmieh, à...