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Actualités - CHRONOLOGIE

Événement - Nidal al-Achkar promet un nouvel espace, bientôt L’adieu au théâtre al-Madina

Ils sont venus nombreux, mais pas assez, les artistes de tous bords et leurs amis pour répondre à l’invitation de Nidal al-Achkar et dire adieu à Masrah al-Madina. Un théâtre qui ferme à cause de problèmes financiers insurmontables côté propriétaires, ingérables côté repreneurs. Insupportables pour un théâtre qui veut rester en vie. Ils sont venus nombreux, comme il y a trois mois, lorsque le théâtre était ménacé de fermer une première fois. Mais là, la décision est définitive et le bail vient juste d’expirer. On peut dire que, pendant dix ans, ce théâtre n’a pas chômé, transformé en lieu de rencontres, d’échanges, de réflexions où se sont succédé de très belles productions venues des quatre coins du monde, comme d’autres aussi, de facture moins bonne. Mais n’est-ce pas le propre de tout théâtre. Ils étaient tous là, tristes, mais surtout désemparés. Les tentures noires couvrant la facade et les brassards de la même couleur noués sur les bras de ceux qui arrivaient ajoutaient à la tristesse de la rencontre. On parlait, on discutait de l’avenir du théâtre au Liban, de la fermeture des salles l’une après l’autre, du devenir des acteurs, des metteurs en scène, de tout ce monde qui foisonne autour et sur les planches dans un pays où il ne reste que les théâtres universitaires. On accusait l’État, ce grand absent. On spéculait sur les réactions des uns et des autres. Nidal al-Achkar, elle, accueillait son monde avec un commentaire pour chacun. C’est son bébé qu’elle perd. Mais elle promet, à chacun aussi, de recommencer, bientôt et ailleurs. Elle n’est pas le style à se laisser abattre. D’ailleurs, c’est ce que relèveront tous ceux qui ont pris la parole par la suite. Après la photo souvenir avec les bougies allumées prise presque dans la rue, tout ce monde s’est dirigé vers le théâtre. Pour une dernière représentation d’un autre genre et un dernier salut des acteurs... Première à pendre la parole, bien sûr, Nidal al-Achkar : « On aurait pu fêter ensemble ce 10e anniversaire, mais nous fermons... Cependant, toutes les voix qui se sont élevées ici, nous les porterons ailleurs, dans un autre endroit de la ville. Vous êtes l’âme de la capitale et on pourra reconstituer une autre mémoire. Nous avons fait ce théâtre, nous en ferons un autre. » Promis, juré. D’ailleurs, plusieurs endroits semblent avoir été déjà visités. Et on croit comprendre que c’est dans la région de Hamra que le théâtre reprendra ses nouveaux quartiers. La colère Puis c’est notre collègue Paul Chaoul qui a pris la parole pour parler de cet « espace d’un autre Liban qui s’est vidé. Un espace d’une autre culture... Un endroit de liberté, car le théâtre est le seul endroit de liberté et de dialogue direct entre tous. Al-Madina est un théâtre conduit par une femme solide comme une montagne et légère comme un nuage. » C’est beau. Puis Chaoul a évoqué de nouveau le théâtre, « cet autre visage du Liban qui n’est ni celui des collaborateurs ni celui des brigands... Un espace justement où le public venait se purifier de tout cela... Les théâtres, conclut-il, ne meurent pas, parce que l’homme des planches peut jouer n’importe où... » L’acteur Rifa’at Tarabey a commencé par lire un message d’une poétesse koweïtienne avant de se souvenir, dans une brève intervention, de son premier rôle au Madina, avec la première pièce jouée sur ses planches, Le rocher de Tanios, où il campait le rôle de cheikh Francis. Puis de dire, « avec la fermeture du théâtre : j’annonce mon retrait de la scène. » Remous dans la salle. C’est Rafic Ali Ahmad qui s’est déchaîné avec une amertume – oh combien justifiée ! – faisant le procès de l’Establishment, disant que « les politiciens ne lisent pas et s’en foutent du pays, leur allégeance ne va qu’à leur communauté... », assurant que « la fermeture du théâtre n’est pas fortuite... Que reste-t-il du pays de la culture qui produisait une trentaine de pièces par an... » C’est le patron du quotidien as-Safir, Talal Selman, qui a clôturé les interventions, invitant le Madina à s’installer au dernier étage de son journal. L’hymne au théâtre al-Madina, composé par Abdel Ghani Tleiss sur une musique de Ahmad Kaakour, a été chanté par Jahida Wehbé, Abdel-Karim Chaar et Khaled el-Abdallah, avant que tout ce monde ne se sépare, se donnant rendez-vous, déjà, au nouveau théâtre. M.C.
Ils sont venus nombreux, mais pas assez, les artistes de tous bords et leurs amis pour répondre à l’invitation de Nidal al-Achkar et dire adieu à Masrah al-Madina. Un théâtre qui ferme à cause de problèmes financiers insurmontables côté propriétaires, ingérables côté repreneurs. Insupportables pour un théâtre qui veut rester en vie.
Ils sont venus nombreux, comme il y a trois...