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Actualités - CHRONOLOGIE

Fakhoury dénonce « le diktat » du Premier ministre

Connu pour son opposition farouche à la politique haririenne, Abdel-Hamid Fakhoury, le seul candidat élu face à la liste du Premier ministre, Rafic Hariri, lors des municipales de 1998, se dit aujourd’hui prêt à renouveler le défi. Déterminé à affronter une fois de plus l’un des ténors politiques de la capitale, il affirme vouloir s’engager comme indépendant dans une bataille qui s’annonce dès à présent particulièrement ardue. Dans une interview à L’Orient-Le Jour, cet allié inconditionnel de l’ancien chef de gouvernement Sélim Hoss nous confie ses impressions sur un scrutin qui suscite déjà beaucoup de polémiques au double plan des alliances politiques en gestation et de la question des prérogatives respectives du président du conseil municipal et du mohafez. Seul membre du conseil municipal à n’avoir pas été invité par le chef du gouvernement à la réunion consultative, il y a quelques semaines, de l’ensemble des membres actuels, M. Fakhoury raconte comment le Premier ministre avait alors « suggéré » aux participants l’idée de la reconduction de leur mandat, après avoir invité les chrétiens à consulter leurs parrains politiques à ce sujet. Bien qu’il admette, tout comme les proches de Hariri, que le conseil formé en 98 était effectivement « consensuel et représentatif », il affirme que la récente démarche du chef du gouvernement n’a plus rien de consensuel mais s’apparente plutôt à un véritable diktat. « Cette initiative n’a pas manqué de choquer l’opinion publique, qui l’a interprétée comme une illustration supplémentaire de l’autoritarisme du Premier ministre », dit-il. « Très bizarrement, M. Hariri n’a plus parlé de reconduction », poursuit-il, sans donner de plus amples détails à ce propos. Certains médias ont cependant relevé que ce mutisme au sujet d’une reconduction du mandat de l’actuel conseil, dont les membres sont « connus dans leur majorité pour leur obédience haririenne », peut être expliqué par l’intervention de certains pôles syriens, qui auraient signifié au Premier ministre qu’ils étaient en faveur de la formation d’une liste d’entente au sein de laquelle Tammam Salam, Sélim Hoss et lui-même seraient représentés à parts égales. Une proposition sur laquelle M. Hariri n’aurait pas encore dit son mot final. Prié de commenter ces informations, M Fakhoury souligne que, pour sa part, il présidera une liste « tout à fait indépendante », même de son principal allié, M. Hoss, sans toutefois écarter la possibilité de collaborer avec des pôles tels que Najah Wakim, Tammam Salam et Sélim Hoss. « Ma campagne ne sera aucunement politique mais axée sur le développement et surtout sur les problèmes quotidiens de la municipalité », précise-t-il, en indiquant que la bataille de Beyrouth a été inutilement politisée par M. Hariri alors qu’à l’origine, il s’agit d’une échéance locale. Son objectif est de mettre en place une liste consensuelle dans laquelle seraient respectées non seulement la place des familles beyrouthines et des différentes communautés – « cela est une constante », dit-il –, mais également les forces politiques en présence, et surtout la société civile sur laquelle il mise principalement. Le candidat indique toutefois n’avoir pas jusqu’à présent une idée claire de ses colistiers. Une chose est sûre : « Aucun membre de l’actuel conseil n’y figurera », lance-t-il, en accusant la majorité des membres de celui-ci d’être inféodés à M. Hariri, « même ceux qui se disent indépendants ». N’écartant pas la possibilité d’entreprendre prochainement des contacts avec les courants de l’opposition chrétienne, notamment Kornet Chehwane, qui « tarde à prendre position », ou avec les aounistes qui l’avaient appuyé en 98, il affirme qu’il compte entamer très prochainement des visites aux différents représentants politiques dans le cadre de ses consultations. Est-il de ceux qui prônent une révision des prérogatives du mohafez ou, au contraire, favorise-t- il le maintien du statu quo ? « Il serait dans mon intérêt d’affirmer – surtout en période électorale – que le mohafez entrave effectivement le travail du conseil municipal. Mais une telle affirmation serait à mon avis exagérée et pourrait être exploitée à des fins politico-confessionnelles », estime-t-il. « Si je demande un élargissement des prérogatives du conseil municipal, et non pas du seul président, c’est pour des raisons d’efficacité », dit-il, en expliquant son choix par la nécessité pour le conseil d’avoir les mains plus libres dès qu’il s’agit de décisions portant sur le développement et l’amélioration de la vie dans la capitale. « Il y a en outre un argument qui est purement pratique, dit-il, à savoir que même si l’on transfère toutes les prérogatives au président du conseil municipal, celui-ci ne pourrait jamais assumer toutes les tâches et les responsabilités qui lui incomberaient. » M. Fakhoury se dit en faveur de la création d’un comité exécutif constitué de services spécialisés, qui seconderaient le président et le mohafez, dont les prérogatives se verraient réduites. « Beyrouth a besoin d’une personne qui se consacre entièrement au travail municipal et non à des personnes qui ont des ambitions politiques », conclut-il. Évitant de se prononcer sur la proposition de partage de Beyrouth qui revient aujourd’hui sur toutes les lèvres, il se contente de dire qu’en tête de son programme électoral figure l’exigence du fameux plan directeur de Beyrouth, qui date des années 50, ajoutant qu’il ne manquera pas de relancer sa campagne écologique en faveur d’une capitale plus verte. Jeanine JALKH

Connu pour son opposition farouche à la politique haririenne, Abdel-Hamid Fakhoury, le seul candidat élu face à la liste du Premier ministre, Rafic Hariri, lors des municipales de 1998, se dit aujourd’hui prêt à renouveler le défi. Déterminé à affronter une fois de plus l’un des ténors politiques de la capitale, il affirme vouloir s’engager comme indépendant dans une...