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Actualités - CHRONOLOGIE

« Photographies anciennes de Beyrouth », de la collection Debbas, à l’ABC

Inaugurant la première d’une série de grandes expositions qui se tiendront à l’ABC d’Achrafieh, celle des photographies anciennes de Beyrouth (de 1840 à 1918), tirées de la fameuse collection de Fouad Debbas, est une initiative qu’il faut saluer. En consacrant dans un centre commercial un «cercle» réservé aux accrochages artistiques (Arts Circle, à l’étage zéro), la direction de l’ABC met l’art et la culture à la portée de nombreuses personnes qui n’ont sans doute jamais franchi la porte d’une galerie. Et, dans le cas de la présente exposition, elle fait aussi œuvre de sensibilisation au patrimoine libanais. Car cette cinquantaine de vues du Beyrouth d’antan, outre leur joli parfum de nostalgie, ne peuvent que donner à réfléchir sur la disparition de ce qui faisait l’essence même du pays du Cèdre: sa convivialité. Laquelle transparaît aussi bien dans son architecture traditionnelle, son paisible brassage de gens, de métiers, de missions étrangères, que dans l’harmonie de sa végétation méditerranéenne, ses jardins d’orangers, ses bosquets de pins, en plein cœur des quartiers de la capitale. La cathédrale Saint-Georges en 1900 L’exposition offre des vues d’extérieur, des images d’intérieurs typiques et des portraits. Le spectateur découvre ainsi le petit port qui, au XIXe siècle, reliait Beyrouth au monde; la ville sillonnée de lignes de tramway, notamment la fameuse rue Bliss en 1910; les bords de mer, quasi déserts de toute construction, la baie de Zeitouné, Aïn el-Mreisseh et sa mosquée; les «nouveaux» quartiers d’Achrafieh édifiés en pleins vergers et jouissant d’une vue imprenable sur le littoral; la forêt des pins où les bergers emmenaient paître leurs troupeaux de moutons; la place des Canons traversée de badauds en haillons, de promeneuses à ombrelles, et de rares fiacres; l’alignement des postes étrangères dans le khan Antoun bey; ou encore la cathédrale Saint-Georges des maronites, qui se dresse toute neuve en 1900 dans la rue à maisons basses des Filles de la Charité. Écrivains publics et derviches-mendiants Et puis, il y a les souks foisonnant de commerces divers, les petits métiers qui pullulent (portefaix, vendeurs ambulants de limonade, de galettes, coiffeurs-barbiers, écrivains publics...) et les nouveaux négoces liés au tourisme, qui naissent, à partir de la moitié du XIXe, avec l’arrivée des bateaux à vapeur (hôtels, compagnie des chemins de fer, consulats, etc.). Enfin, il y a ces portraits de dames de la bourgeoisie (jeune femme maronite de 1900 emmitouflée dans un foulard en dentelle et une étonnante autre Beyrouthine, à la photo d’une vingtaine d’années antérieure et à la tenue plus provocante et découverte !), de bédouines dévoilant un sein, de derviche-mendiant (1880) ou de curé maronite au turban similaire à celui d’un cheikh... On ne peut évidemment pas énumérer là tous les clichés intéressants, signés de photographes professionnels occidentaux et autochtones, ou de missionnaires tombés sous le charme du Liban: Félix et Adrien Bonfils, Henri Sauvaire, Louis Vigne, Tancrède Dumas, Abraham Guiragossian et Georges Sabounji. Une chose est sûre: ils valent le déplacement. Ceux qui auraient déjà vu ces photos présentées au palais de Beiteddine en 1996, à l’Institut du monde arabe (Paris) puis au musée Sursock en 2001 s’amuseront, quant à eux, à dénicher sur la cinquantaine d’images accrochées celles qui sont montrées pour la première fois au public. Jusqu’au 10 mars. Z.Z.
Inaugurant la première d’une série de grandes expositions qui se tiendront à l’ABC d’Achrafieh, celle des photographies anciennes de Beyrouth (de 1840 à 1918), tirées de la fameuse collection de Fouad Debbas, est une initiative qu’il faut saluer. En consacrant dans un centre commercial un «cercle» réservé aux accrochages artistiques (Arts Circle, à l’étage zéro), la...