ÉCOLES - Un amendement de Hardane au règlement interne a tout gâché Les enseignants maintiennent l’ordre de grève

Il s’en est fallu de peu que les professeurs des écoles privées suspendent leur mouvement de grève. En effet, le Premier ministre Rafic Hariri avait déjà donné des instructions hier pour que le décret de formation du conseil d’administration de la mutuelle soit publié aujourd’hui au Journal officiel, et le président du syndicat des enseignants, Georges Saadé, s’en était d’ailleurs félicité. C’était compter sans la « bourde » du ministre du Travail, Assaad Hardane, qui, comme convenu, a cosigné le règlement interne de la caisse avec son collègue de l’Éducation, Samir el-Jisr, en y modifiant toutefois une clause qui a tout gâché. «Sciemment ou non, a indiqué M. Saadé à L’Orient-Le Jour, M. Hardane a entériné un document dans lequel il a introduit un amendement à l’article 42 de la loi sur le corps enseignant, que nous ne pouvons pas accepter. » Pourquoi ? Parce que cet amendement donne au Conseil des ministres un droit de regard sur la nomination du directeur de la mutuelle. Or, la non-ingérence des autorités publiques dans les affaires de cet organisme privé est l’une des principales raisons pour laquelle les professeurs ont décidé d’observer cette grève. À la question de savoir si cela signifiait un retour à la case départ et une prolongation du mouvement de protestation, M. Saadé a rejeté une fois de plus la responsabilité sur le pouvoir, en déclarant : « Nous avons soulevé le problème avec le ministre Hardane, qui nous a invités chez lui demain (aujourd’hui) matin pour trouver une solution. » Le responsable syndical est visiblement exaspéré par la désinvolture avec laquelle le gouvernement traite cette affaire, et se dit même étonné par l’attitude de M. Hariri. Bien que lui étant reconnaissant pour son empressement à régler cette affaire, M. Saadé lui reproche en effet de prendre à la légère l’amendement apporté au règlement interne par le ministre du Travail. S’enquérant auprès de lui par téléphone des derniers développements, le chef du gouvernement a voulu minimiser « l’erreur » de M. Hardane en déclarant : « Après tout, ce n’est qu’une proposition. » Le président du syndicat s’est hâté de rétorquer : « Mais il y a un risque que cette proposition soit approuvée par le Conseil des ministres et devienne une résolution. » Il s’est élevé contre la décision du gouvernement d’inscrire la question du règlement interne à l’ordre du jour de la prochaine séance. « Seuls les ministres de l’Éducation et du Travail doivent l’approuver », a rappelé M. Saadé. Quid enfin du mouvement de grève ? Il y a évidemment des chances que le ministre du Travail revienne sur la modification qu’il a entérinée, après l’entretien qu’il doit avoir aujourd’hui avec la délégation syndicale. Par ailleurs, à en croire M. Saadé, la constitution du conseil d’administration de la mutuelle devrait paraître ce matin dans le Journal officiel. Par conséquent, même si les enseignants continuent à brandir la menace d’une grève ouverte après le congé de l’Adha, il est fort probable qu’ils y renonceront au cours des prochaines 48 heures, dès l’instant où leurs revendications seront satisfaites. J.J.