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RÉCIT - Quatre détenus libanais libérés lundi de la prison américaine d’Oum Kasr en Irak Trois jeunes fondamentalistes du Akkar racontent leur histoire

Lundi soir, quatre Libanais sont arrivés à l’AIB après avoir été libérés de la prison américaine d’Oum Kasr, au sud de l’Irak, où ils avaient passé un peu plus de neuf mois en détention. Hassan Zarad, originaire de Beyrouth, Abdelaziz Khodr, originaire de Berkayel au Akkar, et Khodr Moussa, originaire de Bzal au Akkar, avaient quitté le Liban peu avant la guerre afin de défendre « la cause arabe » et « la terre de l’islam »... En d’autres termes, pour se battre contre les Américains. Seul, Fady Melhem, originaire de Berkayel au Akkar, s’était rendu à Bagdad quelques jours avant l’offensive américaine pour faire du commerce. Fady, qui possède une camionnette, est un marchand ambulant de parfums, de produits de beauté et de savons entre le Liban, la Syrie et l’Irak. Tous les quatre avaient été arrêtés à Kirkouk, peu après le début de la guerre. Ils voulaient regagner au plus vite le Liban par la frontière irako-syrienne. Durant plusieurs semaines, leurs familles n’ont pas eu de leurs nouvelles. C’est grâce à la Croix-Rouge qu’elles ont su que leurs fils sont sains et saufs et qu’ils se trouvent dans des prisons américaines en Irak. À la prison d’Oum Kasr, un campement planté en plein désert, ils étaient une centaine de détenus, des ressortissants arabes de toutes nationalités. Certes, il y avait ceux qui étaient venus se battre. Mais il y avait aussi des Jordaniens, Syriens et Palestiniens qui fréquentaient les universités irakiennes et qui étaient en visite chez leur famille ou encore qui résidaient dans des villes irakiennes depuis des dizaines d’années. On ne saura pas comment ceux qui sont partis se battre en Irak ont organisé leur départ. Ils parlent tous « d’une initiative personnelle » et d’un taxi ou d’un bus qu’ils ont pris tout seuls. On ne saura pas non plus s’ils ont été payés pour quitter leur famille ou si ce sont uniquement leurs idées sur l’islam et le monde arabe qui les ont poussés à partir. Tous affirment qu’ils avaient été arrêtés par les Kurdes puis « vendus pour 100 dollars » aux Américains. Berkayel au Akkar : la maison de Abdelaziz Khodr, 24 ans, un jeune roux, arborant une longue barbe et un chapeau vert portant l’inscription Allah Akbar. Abdelaziz porte au-dessus de ses vêtements une longue tunique crème. Le jeune homme ne veut pas se faire prendre en photo et décide : « L’entretien sera bref. » « Nous avons encore des centaines de nos frères en prison », explique-t-il. Il indique que quand la guerre avait éclaté, il était à al-Kout, « où il travaillait sur un chantier ». Il a tout simplement voulu rentrer au Liban en prenant la route du nord irakien, mais il avait été arrêté par les Kurdes à Kirkouk alors qu’il était dans une mosquée. « Je récitais la prière du voyage », explique-t-il. Abdelaziz, qui a été arrêté 12 jours après le début de la guerre d’Irak, a séjourné dans plusieurs prisons américaines, notamment à Irbil, à l’aéroport de Bagdad, à Mossoul, pour arriver enfin dans la prison de Oum Kasr. « On nous transportait en bus ou en avion », raconte-t-il. Quand il évoque les avions, Abdelaziz se souvient qu’à deux reprises, au cours de sa détention, les Américains l’avaient embarqué à bord d’un appareil pour le libérer. « Mais à chaque fois, ils changeaient d’avis », dit-il sans pour autant savoir pourquoi. Le jeune barbu, qualifié « d’héros » par des jeunes venus lui rendre visite hier, nie en bloc qu’il s’est rendu en Irak pour se battre, affirmant qu’il travaillait dans le pays, en tant que mécanicien depuis plus de trois ans. Il était rentré au Liban deux mois avant le début de l’offensive américaine, pour repartir quelques jours après la guerre. « J’avais du travail à terminer », dit-il. De ses neuf derniers mois passés en Irak, Abdelaziz garde un très mauvais souvenir des Irakiens, « des vils et des vendus ». Par contre, il a été « agréablement surpris » par les Américains. « Des gens très gentils : ils auraient pu nous torturer, ils ne l’ont pas fait. Ils nous ont donné à manger, des vêtements de rechange, des sacs de couchage. De plus, ils nous laissaient prier tranquillement. » L’oncle de Abdelaziz lance : « Les Arabes, surtout les ressortissants du Golfe, sont les plus gros menteurs au monde. » Veut-il parler de certains Irakiens ou des fondamentalistes originaires d’Arabie saoudite ? Le jeune roux s’excuse pour son oncle « qui ne sait pas ce qu’il dit ». Le père de Abdelaziz, Ahmed, est silencieux. Quand nous entamons notre entretien avec lui, un quinquagénaire, brun et maigre, assis dans l’assemblée, nous empêche de poser nos questions, soulignant que « le témoignage de l’ancien détenu suffit. De plus, Ahmed pourrait se tromper en parlant », dit-il. Partir en Irak pour sauter sur une mine Toujours le même village, la maison de Nadim Abdelrazzak, 24 ans. Le jeune homme a séjourné, lui aussi, à la prison américaine d’Oum Kasr. Il est rentré au Liban le 13 décembre dernier et se déplace sur une chaise roulante : il a perdu ses deux jambes en Irak dans l’explosion d’une mine antipersonnelle. Nadim est blond aux yeux bleus et il a un grand sourire. « Je suis parti me battre avec les Irakiens et voilà dans quel état je suis revenu », dit-il. Nadim avait quitté son village en cachette, laissant un message à sa mère avec un copain. Il affirme qu’il « a organisé le voyage tout seul » et qu’il « a emprunté un taxi pour se rendre en Syrie et en Irak ensuite ». Quand Nadim a quitté le Liban, l’offensive américaine avait déjà commencé. Qu’importe. « Je voulais faire la guerre, porter les armes, aider mes frères irakiens à se défendre. » « Chaque musulman sunnite est appelé au jihad, c’est notre devoir à tous de défendre une terre sainte, une terre d’islam des envahisseurs, partout dans le monde », ajoute-t-il. A-t-il été payé pour partir en Irak ? La question le surprend. « Bien sûr que non, je suis parti pour défendre la dignité des Arabes et des musulmans », répond-il. Mais en arrivant en Irak, Nadim a perdu ses illusions. Il a passé 26 jours dans le Nord irakien avant d’être arrêté à Kirkouk. « Dès notre arrivée, nous avons été stationnés dans un village chiite du Nord, al-Kout. Pourtant, moi je pensais que tout l’Irak était sunnite », relève-t-il. « Nous étions un groupe formé de sunnites arabes de tous les pays, du Yémen jusqu’au Liban, en passant par l’Arabie saoudite », dit-il sans donner des précisions sur la manière dont les groupes s’étaient organisés. Nadim et ses camarades ont dormi dans des mosquées et des écoles. Durant trois semaines, ils ont compté sur « l’entraide entre amis », les fruits qu’ils pouvaient cueillir... et l’aumône. « Il n’y avait rien à faire en Irak, je suis parti pour me battre, et il n’y avait pas d’armes. Vous savez, je n’ai jamais utilisé une arme de ma vie, mais je tenais à défendre une terre arabe et musulmane de l’envahisseur », indique-t-il. Le sourire de Nadim s’est évanoui, ses phrases sont devenues plus lentes. « Les Irakiens n’ont pas voulu se battre. Ils nous ont déçus et trompés. Au bout d’une dizaine de jours, ils nous ont tout simplement signifié qu’ils ne voulaient pas se battre, qu’ils attendaient les Américains avec impatience, qu’il fallait qu’on rentre chez nous au plus vite », raconte le jeune homme, qui marque une pause et déclare : « J’ai eu pitié pour moi. J’ai regretté l’enthousiasme qui m’a poussé à aller en Irak. » « J’ai commencé à avoir peur des Irakiens et j’ai décidé de rentrer au Liban en passant par Kirkouk », dit-il. C’est là où il a été arrêté par les Kurdes et livré aux Américains. « C’est drôle, je ne savais même pas qu’il y avait des Kurdes en Irak », ajoute-t-il avec un sourire amer. À l’issue de son arrestation, tout comme son voisin Abdelaziz Khodr, Nadim séjourne dans divers lieux de détention au nord et au sud de l’Irak, pour finir à la prison d’Oum Kasr. « Des tentes plantées en plein désert », dit-il. « Tous les jours, les prisonniers devaient nettoyer les alentours de la prison... Il y a tout juste cinq mois, c’était mon tour. À quelques dizaines du camp, en plein désert, il y avait une mine. J’ai perdu mes deux jambes », raconte Nadim, qui espère pouvoir reprendre un jour son emploi de coiffeur. Le jeune homme a été soigné durant trois mois, sur place, par les Britanniques. Et depuis son arrivée au Liban, il se rend tous les jours au centre des handicapés de Beit-Chabab pour la rééducation et la pause de nouvelles prothèses. Le quinquagénaire brun et mince qui rendait visite à Abdelaziz Khodr arrive chez Nadim. Les nombreux frères de ce dernier, qui n’avaient pas pris la parole au cours de l’entretien, commencent à parler du jihad, du devoir de chaque musulman de défendre la terre sainte... La maman du jeune homme, qui avait relevé qu’elle « ne laissera plus jamais son fils sortir de la maison sans son autorisation », soulignant que quelques semaines avant le début de la guerre en Irak « beaucoup de familles du village avaient caché les papiers d’identité de leurs fils afin de les empêcher de partir pour l’Irak », indique alors qu’elle « acceptera que Nadim parte en Palestine pour le jihad s’il le désire ». Interrogé par L’Orient-Le Jour sur son identité, le brun a voulu préserver le mystère, indiquant qu’il « est le frère de Nadim, de Abdelaziz, de tout Libanais ou Arabe détenu encore en Irak », soulignant au passage qu’il « est ingénieur, qu’il a séjourné à plusieurs reprises à Bagdad et qu’il n’est pas né de la dernière pluie ». Bouclier humain Bzal, un autre village du Akkar, situé à la frontière de Berkayel. Des rubans et des guirlandes multicolores décorent la maison de Khodr Moussa, 30 ans, marié et père de deux enfants, Ali, 3 ans et demi, Maarya, six mois. Malgré la foule joyeuse qui l’entoure, Kodr est triste. Son visage est livide et son regard est celui de ces personnes qui ont perdu toutes leurs illusions. Khodr a pris le chemin de Bagdad quelques jours après la guerre, « le 27 mars exactement », précise-t-il. Il est parti en cachette, laissant une simple lettre à son frère. « Je voulais faire de l’humanitaire... devenir bouclier humain », dit-il. « J’ai vu les Irakiens à la télé, je me suis senti solidaire d’eux et je suis parti seul », dit-il, affirmant qu’il a emprunté plusieurs bus pour arriver jusqu’à la frontière irakienne. Khodr, qui a quitté sa femme alors qu’elle était enceinte, a passé 14 jours à Bagdad. « Ils nous amenaient d’un hôpital à l’autre, il y avait des personnes de toutes les nationalités et les obus pleuvaient de partout », raconte-t-il. Il marque une pose et soupire : « Je suis parti pour aider un peuple et je suis rentré déçu », soupire-t-il. « Les Irakiens ne voulaient pas se battre. Quand j’ai réalisé que la guerre était une affaire montée de toutes pièces par les Irakiens et les Américains, j’ai décidé de rentrer au Liban », dit-il, soulignant qu’il « y avait beaucoup de ressortissants arabes à Bagdad, venus pour soutenir les Irakiens, qui voulaient, eux aussi, rentrer chez eux ». « Je suis remonté vers le Nord. Le 10 avril j’ai été arrêté à Kirkouk par les Kurdes qui ont encaissé 100 dollars pour me livrer aux Américains », dit-il. Après avoir séjourné dans divers lieux de détention américains, au nord et au sud de l’Irak, notamment à Irbil, à l’aéroport de Bagdad et à Nassiriya, Khodr a été transféré à la prison d’Oum Kasr. « La Croix-Rouge a informé ma famille de ma capture dès mon arrivée à Ibril, un peu moins d’un mois après mon départ du village », raconte-t-il. Kodr parle de la prison d’Oum Kasr. « Je m’attendais à ce que les Américains me torturent, me tuent. Au contraire, nous avons été très bien traités », dit-il. « Je ne me suis pas habitué au climat du désert, ni à la nourriture, qui était rationnée. D’ailleurs, à cause de la soupe aux tomates qu’on nous servait tous les jours, beaucoup de prisonniers ont fait des ulcères. L’eau que l’on buvait avait également une couleur jaunâtre », ajoute-t-il. « Comme on dormait par terre dans des sacs de couchage, posés à même le sable, je suis rentré avec une hernie discale. Et, à Oum Kasr, j’ai souffert à plusieurs reprises d’infection du larynx », poursuit-il. Ali, le père de Khodr, prend la parole. « Maintenant, il ne quittera plus le village. Hier nous étions plus de 200 personnes à l’accueillir à l’aéroport, je n’ai pas encore eu le temps de lui parler... », indique-t-il. « Nous avons passé un mois sans sommeil, jusqu’à l’arrivée de la lettre de la Croix-Rouge qui portait également son écriture », raconte le sexagénaire. Durant ce « long mois sans nouvelles », Ali a « prié pour que son fils soit arrêté par les Américains ». Oumayma, la mère de Khodr, intervient. « Nous avons passé un mois à le chercher à toutes les frontières irakiennes. Il est parti laissant sa femme enceinte et, à l’aéroport lundi, il n’a pas reconnu sa fille, on aurait pu lui mettre n’importe quel nourrisson dans les bras », dit-elle. « Quand j’ai lu le message qu’il avait laissé, j’ai cru que c’était un bobard. J’ai cessé de m’inquiéter quand j’ai su qu’il a été fait prisonnier par les Américains », ajoute-t-elle. Oumayma ne jettera pas les vêtements que son fils a portés en prison. Elle les a déjà lavés et rangés « pour rappeler à Khodr l’histoire quand il le faudra », indique-t-elle. Non, elle ne veut pas justifier l’action de son fils, mais Oumayma tient à faire passer un message. « Khodr n’a pas de maison, il habite avec nous. Sa pâtisserie fonctionne au ralenti. Il est presque au chômage », dit-elle. Et de conclure : « Si mon fils et d’autres jeunes du Akkar sont partis défendre l’Irak, c’est bien parce qu’ils manquent de tout ici. Pour des raisons financières... Vous n’avez pas besoin d’un dessin... » C’est probablement l’avis de la plupart des familles musulmanes du Akkar – des familles profondément croyantes sans pour autant être fondamentalistes – dont les fils sont en train d’être de plus en plus attirés par les courants intégristes de la région. Patricia KHODER Fady Melhem, un commerçant arrêté par erreur Le village de Berkayel au Akkar. Un bâtiment de deux étages cintré de drapeaux libanais. L’entrée est noire de monde. Ce n’est pas l’école publique de la localité mais la maison de Fady Melhem, l’un des Libanais détenus durant neuf mois à Oum Kasr et libérés lundi dernier. Fady, 29 ans, est commerçant, il était à Bagdad quand la guerre a éclaté. « Je ne peux plus entendre la phrase : You’re going home », indique le jeune homme qui a perdu 20 kilos en neuf mois mais qui a l’air en bonne forme. Cette phrase, il l’a entendue presque tous les jours de la bouche des Américains. Depuis son arrestation à Kirkouk une dizaine de jours après le début de l’offensive américaine et jusqu’à dimanche dernier... Fady prend sa fille unique Sabah, trois ans et demi, sur ses genoux et raconte l’histoire. « Je suis commerçant. Je travaille entre le Liban-Nord, la Syrie et l’Irak. Je vends et j’achète en gros des produits de beauté que je transporte dans ma camionnette », dit-il. Fady, qui possède également deux petits cybercafés au Akkar, était en Syrie peu avant le début de la guerre. Il devait rencontrer à la frontière irako-syrienne l’un de ses fournisseurs irakiens. Ce dernier l’entraîne à Bagdad, lui disant qu’il pourrait y effectuer plus de gains, temps de crise oblige. Les raids de l’aviation américaine commencent quelques heures après l’arrivée de Fady à Bagdad, où il passera deux jours avant de décider de rentrer au Liban. Le jeune homme avait laissé sa camionnette à la frontière. C’est un fournisseur syrien, client de Fady, qui la ramènera au Akkar quelques semaines plus tard. L’ancien détenu décide donc de se rendre dans le Nord irakien, passant par Mossoul, pour rejoindre le Liban. Le chemin est plus sûr. « Les obus pleuvaient de partout, les habitants quittaient leurs villages à pied et dressaient des tentes pour passer la nuit... », raconte-t-il. Arrivé à Kirkouk et s’apprêtant à emprunter un taxi qui le ramènera à la frontière, le jeune homme est arrêté par les peshmergas. Il passera quelques jours dans une prison américaine d’Irbil avant d’être transféré directement au campement d’Oum Kasr. « Ma famille est restée deux mois et demi sans nouvelles. Jusqu’à l’arrivée de la Croix-Rouge à Oum Kasr », dit-il. Fady s’est inquiété pour sa mère cardiaque, son père septuagénaire, son épouse, sa fille unique et ses huit sœurs dont l’une n’est pas mariée. « J’ai ma famille à charge, je me demandais comment elle survivrait... », dit-il. Dès son arrestation, Fady répète à qui veut l’entendre qu’il est un simple commerçant, que l’on peut vérifier ses dires auprès de ses clients en Syrie et au Liban-Nord, et auprès du gouvernement libanais. « Mes dossiers judiciaires sont vierges, même pas une contravention routière », martèle-t-il. Il passera quand même neuf mois à la prison d’Oum Kasr. Fady évoque la gentillesse des Américains, qui lui ont permis à plusieurs reprises de contacter sa famille. « Ils savaient que j’étais là par erreur », explique-t-il. Au cours de sa détention, il a fait face à un malaise cardiaque, développé un ulcère et « craqué à plusieurs reprises ». Les Irakiens rencontrés ? « Des voleurs et des matérialistes. Ils m’ont tout pris : ma montre, la médaille que j’avais autour du cou... même mon alliance », indique-t-il. La sœur de Fady, Kamar, qui a la tête découverte et qui porte une médaille de la Sainte-Vierge autour du cou, parle de ces deux mois et demi sans nouvelles. « Des jours et des nuits où le temps s’est arrêté pour nous », dit-elle. « En neuf mois, ma mère a séjourné à trois reprises à l’hôpital », ajoute-t-elle. Et enchaîne : « Depuis que nous avons su, mercredi dernier, qu’il allait être libéré, nous avons perdu le sommeil, mais cette fois-ci de... joie. » Mais Fady s’inquiète pour un autre jeune homme, originaire du village, Mirza Oussman, qui l’aidait au travail et qui est toujours détenu à Oum Kasr. « Je n’ose pas regarder sa famille dans les yeux. J’aurais dû peut-être l’attendre. Lui aussi est parti simplement pour le travail », dit-il. La famille de Fady voulait égorger des moutons à son arrivée au village, mais il fallait respecter le malheur des autres : le cousin germain de l’ancien détenu a péri dans le crash de Cotonou. Pat. K.

Lundi soir, quatre Libanais sont arrivés à l’AIB après avoir été libérés de la prison américaine d’Oum Kasr, au sud de l’Irak, où ils avaient passé un peu plus de neuf mois en détention. Hassan Zarad, originaire de Beyrouth, Abdelaziz Khodr, originaire de Berkayel au Akkar, et Khodr Moussa, originaire de Bzal au Akkar, avaient quitté le Liban peu avant la guerre afin de...