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RETROSPECTIVE 2003 Économie - Les experts unanimes : L’Amérique dévalue systématiquement le billet vert pour doper son économie L’euro s’envole en 2003 grâce à la politique du dollar faible

L’euro a progressé de 20 % face au dollar en 2003, une envolée qui consacre la devise européenne comme alternative crédible au billet vert et surtout confirme l’avènement de la politique du dollar... faible pour relancer l’économie américaine.
Jamais depuis sa création en 1999, l’euro n’avait évolué à de tels niveaux, établissant même depuis la mi-novembre un nouveau record historique quasiment chaque jour.
Sur les écrans des terminaux scrutés par les cambistes, la courbe de l’euro face au dollar progresse de façon régulière depuis début 2003 : depuis son plus bas de septembre 2000, la monnaie unique a bondi de 51,25 % face au billet vert.
« Ce n’est pas tant l’euro qui a progressé que le dollar qui s’est affaibli », met toutefois en garde Audrey Childe-Freeman, économiste de la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC). « La première partie de l’année a été dominée par les questions géopolitiques, notamment la guerre en Irak, qui ont pesé sur le dollar », détaille Kamal Sharma, économiste de la banque Dresdner Kleinwort Wasserstein (DKW).
« Une fois la guerre terminée, l’attention du marché s’est focalisée de nouveau sur les indicateurs économiques, ce qui s’est traduit par un rebond du dollar et de la Bourse de New York », ajoute cet économiste.
Les trois mois qui ont suivi la victoire militaire en Irak des forces de la coalition ont permis au dollar de se refaire une santé : malmené jusque-là, le 27 mai, l’euro grimpe au niveau sans précédent de 1,1938 USD, le billet vert rebondit jusqu’à 1,0855 USD pour un euro le 3 septembre. « Mais, note Kamal Sharma, ce rebond fut une anomalie dans un contexte généralisé de recul du dollar. Car, à partir de là, l’euro s’est engagé dans une course folle, accélérée par le sommet du G7. »
Pour les cambistes, l’événement important de l’année 2003 a eu lieu du 19 au 21 septembre à Dubaï lors de la réunion des ministres des Finances des sept plus grandes puissances (G7).
Dans son communiqué final, le G7 a appelé à une plus grande « flexibilité des taux de change pour les principaux pays ou zones économiques », une allusion au Japon et à la Chine qui accrochent artificiellement leur monnaie sur le dollar pour être plus compétitifs que les États-Unis.
Cet appel du G7 a été interprété comme une victoire pour les États-Unis et un abandon de fait de leur politique du dollar fort, pourtant toujours endossée officiellement par l’Administration Bush. « Il est devenu évident pour tout le monde sur le marché que le dollar était un instrument de relance de l’économie américaine », explique Umberto Alvisi, économiste de la banque Crédit suisse First Boston (CSFB). « Les indicateurs qui suggèrent que l’économie américaine progresse fortement passent au second plan : le dollar doit s’ajuster pour permettre la création d’emplois et la relance de l’activité », poursuit cet économiste.
Une analyse partagée par Steven Pearson, économiste au groupe bancaire HBOS, qui ajoute que « l’euro a été la principale devise à profiter d’un environnement négatif pour le dollar ». « Le billet vert a pâti de la combinaison de deux facteurs : un énorme déficit de la balance américaine des comptes courants et des taux d’intérêt américains très bas », ce qui a incité les investisseurs étrangers à éviter les placements aux États-Unis.
Mais ce cercle vicieux pour le dollar – taux d’intérêt de la Réserve fédérale à 1 %, baisse des investissements étrangers moins rémunérés, creusement des déficits – pourrait connaître ses derniers moments. « L’euro est en train de connaître l’ultime étape de sa phase d’appréciation face au dollar », prévient Steven Pearson. « Il va encore grimper peut-être encore de 10 à 15 % face au dollar pour culminer à 1,30 USD en juin 2004, avant de reculer jusqu’à 1,15 USD fin 2004 », prédit l’économiste de HBOS.
L’euro a progressé de 20 % face au dollar en 2003, une envolée qui consacre la devise européenne comme alternative crédible au billet vert et surtout confirme l’avènement de la politique du dollar... faible pour relancer l’économie américaine.Jamais depuis sa création en 1999, l’euro n’avait évolué à de tels niveaux, établissant même depuis la mi-novembre un nouveau record...