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RETROSPECTIVE 2003 L’Amérique latine vire à gauche

L’Amérique latine a donné un coup de barre à gauche en 2003 avec l’arrivée au pouvoir en Argentine du péroniste Nestor Kirchner, qui s’est allié à son homologue brésilien Lula pour prendre ses distances du modèle néolibéral nord-américain et renforcer l’intégration régionale. Le nouvel axe entre Brésil et Argentine a pris forme fin octobre lors de la première visite de Luiz Inacio Lula da Silva en Argentine depuis l’investiture de M. Kirchner le 25 mai.
Les deux présidents ont alors paraphé le « Consensus de Buenos Aires », un manifeste donnant la priorité aux questions sociales – lutte contre le chômage et la faim, éducation, progrès technologique – sur l’ajustement budgétaire et le remboursement de la dette extérieure.
Ce document se veut le contrepoids du « Consensus de Washington », condensé de la pensée libérale qui a inspiré dans les années 90 la politique du Fonds monétaire international.
Sous l’impulsion de l’ex-leader ouvrier brésilien, qui fête le 1er janvier sa première année au pouvoir, le marché commun du sud de l’Amérique latine, le Mercosur, a aussi été relancé, après deux années de léthargie liées à la grave crise financière qui a secoué l’Argentine en 2001/2002.
Lors d’un sommet semestriel le 16 décembre à Montevideo, le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) a admis le Pérou parmi les pays associés (Bolivie et Chili) à son union douanière encore naissante (créée en 1991) et conclu un accord de libre-échange « historique » avec la communauté andine des nations (Chili, Pérou, Équateur, Colombie, Venezuela).
Aussi bien Lula que Nestor Kirchner et Nicanor Duarte, le nouveau leader « progressiste » paraguayen, ont souligné l’importance de l’intégration régionale, jugée cruciale pour négocier sur un pied d’égalité avec les blocs riches comme les États-Unis et l’Union européenne.
Les deux premiers ont profité de leur visite en Uruguay pour « adouber » le leader de gauche locale Tabaré Vasquez (Front élargi), grand favori de la présidentielle prévue en octobre 2004.
M. Vasquez s’est dit « en pleine syntonie » avec M. Kirchner, un péroniste qui fut militant de gauche dans les années 70 et s’est déjà illustré en tenant tête au FMI sur la dette, en durcissant le ton envers les firmes étrangères gérant des services publics et en augmentant le salaire minimum.
On peut ranger au sein de cette « nouvelle gauche » d’Amérique latine d’autres figures comme l’ex-journaliste bolivien Carlos Mesa qui a remplacé le 17 octobre le président ultralibéral Gonzalo Sanchez de Lozada, chassé du pouvoir par une rébellion populaire réprimée dans le sang. M. Mesa est tombé d’accord avec Evo Morales, le leader de l’opposition indienne, pour mieux répartir les fruits de l’exploitation du gaz naturel, se montrant flexible aussi face aux paysans cultivateurs de coca.
Si tous ces leaders affichent des préoccupations sociales, au Brésil, la politique suivie par Lula, le chef du Parti des travailleurs, est bien moins de gauche que ce qu’avaient redouté les investisseurs internationaux. Ses programmes « faim zéro » et d’attribution de sols cultivables aux « sans-terre » n’en sont qu’aux prémices, et il a surtout consacré son énergie à assainir les finances publiques et faire adopter des réformes fiscales et des retraites plus « efficaces ».
C’est surtout sur le plan extérieur que le Brésil affirme sa troisième voie. Il a ainsi joué un rôle leader dans les négociations avec les États-Unis fin novembre à Miami sur la constitution prévue en 2005 d’une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA).
Un accord signé par les 34 États des Amériques donne la possibilité à chacun de définir jusqu’où ouvrir son économie aux multinationales, un compromis applaudi par les opposants au néolibéralisme qui s’étaient fortement mobilisés contre ce sommet.
L’Amérique latine a donné un coup de barre à gauche en 2003 avec l’arrivée au pouvoir en Argentine du péroniste Nestor Kirchner, qui s’est allié à son homologue brésilien Lula pour prendre ses distances du modèle néolibéral nord-américain et renforcer l’intégration régionale. Le nouvel axe entre Brésil et Argentine a pris forme fin octobre lors de la première visite de...