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RETROSPECTIVE 2003 L’Iran reste au cœur des préoccupations occidentales et américaines

L’Iran, qui a vu se resserrer l’étau militaire et diplomatique américain, a dissipé au moins provisoirement la menace en jurant l’honnêteté de ses activités nucléaires et en profitant des difficultés de son vieil ennemi en Irak, mais reste un souci majeur pour les Occidentaux.
Avec l’occupation de l’Irak, c’est l’encerclement des Iraniens par les Américains qui est parachevé. Du Pakistan à l’Irak, en passant par l’Afghanistan, le Caucase et le Golfe, les Américains sont partout présents autour de la République islamique.
Pour certains néoconservateurs américains, avant l’offensive irakienne, la cible sur « l’axe du mal » était davantage l’Iran, suppôt du terrorisme international fabriquant en secret la bombe atomique selon eux, que l’Irak.
Ils en ont rabattu depuis. Les Iraniens, qui craignaient réellement d’être « les prochains dans le collimateur », pensent aujourd’hui, non sans soulagement, ne pas s’être trompés quand ils prédisaient un « bourbier » aux Américains en Irak.
L’Iran, qui a pourtant essuyé quelques missiles perdus, s’en est sagement tenu pendant les opérations contre Saddam Hussein à la « neutralité active » annoncée. Aux Américains qui les ont accusés « d’interférence » par l’intermédiaire des chiites, les Iraniens ont répondu en réclamant des preuves.
L’Iran est en tout cas débarrassé de Saddam Hussein, qui avait lancé ses armées contre l’Iran en 1980. Aujourd’hui, les relations entre Téhéran et Bagdad s’intensifient.
Washington et Téhéran ont reconnu au printemps qu’ils se parlaient à Genève depuis plusieurs mois, et pas seulement sur l’Afghanistan, malgré les cris d’orfraie des conservateurs iraniens.
Ce dialogue informel a cependant été de nouveau rompu. Le renseignement américain aurait intercepté des conversations attestant que les attentats de Ryad en mai avaient été dirigés d’Iran par des membres d’el-Qaëda.
L’Iran a rejeté ces allégations en bloc. Mais en cette matière, comme plus tard en matière nucléaire, sa répugnance à communiquer l’information a renforcé la suspicion. On ignore encore aujourd’hui qui sont les figures importantes d’el-Qaëda que l’Iran a avoué détenir.
Toute l’année, une préoccupation en a chassé une autre. Terrorisme, nucléaire, droits de l’homme : la République islamique a dénoncé autant de « complots ».
Les manifestations de juin et juillet contre le régime, les plus importantes depuis des années : un « complot », sanctionné par des milliers d’arrestations. L’attribution du Nobel de la paix à Shirin Ebadi, première femme musulmane distinguée en octobre : un « complot », incarné par une femme osant ne pas se couvrir la tête à l’étranger.
Un « complot » aussi que l’ultimatum lancé en septembre par la communauté internationale à l’Iran pour qu’il administre la preuve qu’il ne met pas au point l’arme atomique.
À chaque fois est agitée par les pragmatiques du régime contre les Occidentaux la menace de la radicalisation, de celle qui a tué la journaliste Zahra Kazemi en détention. Pour le nucléaire, les radicaux pressaient l’Iran de suivre l’exemple de la Corée du Nord et de dénoncer tous ses engagements.
Déçus par le dialogue engagé avec les Iraniens, les Européens ne s’en sont pas moins employés à maintenir la République islamique dans la légitimité internationale. Ils ont convaincu les Américains de ne pas saisir le Conseil de sécurité de l’Onu.
Les Iraniens ont quant à eux pris tous les engagements qu’on leur réclamait. Brouillés au cours de l’année avec le Canada et l’Argentine, en froid avec la Grande-Bretagne, ils avaient conservé avec les Européens des interlocuteurs de qualité.
L’Iran n’est pas tiré d’affaire pour autant. Un nouvel examen de son dossier nucléaire l’attend en février-mars. Même s’il le réussit, des diplomates occidentaux envisagent d’autres discordes possibles. Ils réservent d’autant plus leur pronostic que les Iraniens éliront un nouveau Parlement en février et qu’une nouvelle victoire des réformateurs, étrillés aux municipales en février 2003, est tout sauf acquise.
L’Iran, qui a vu se resserrer l’étau militaire et diplomatique américain, a dissipé au moins provisoirement la menace en jurant l’honnêteté de ses activités nucléaires et en profitant des difficultés de son vieil ennemi en Irak, mais reste un souci majeur pour les Occidentaux.Avec l’occupation de l’Irak, c’est l’encerclement des Iraniens par les Américains qui est...