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RETROSPECTIVE 2003 Les tueries du réseau Ben Laden ont déclenché les foudres des régimes en place et suscité l’indignation des médias El-Qaëda fait couler du sang musulman, son image ternie dans le monde arabe(PHOTOS)

En 2003, el-Qaëda a porté sa guerre contre « les croisés, les juifs et les apostats » dans la péninsule arabique, mais le réseau terroriste a surtout fait couler du sang musulman, au risque de ternir son image et de braquer les principaux ulémas saoudiens.
Depuis l’appel, en février, d’Oussama Ben Laden à en découdre avec certains dirigeants arabes et musulmans, traités d’« apostats à la solde des croisés et des juifs », les attentats ont fait des centaines de tués et de blessés, essentiellement musulmans.
Ces tueries ont à chaque fois déclenché les foudres des régimes en place et suscité l’indignation des médias locaux. En Turquie, seul allié régional d’Israël, la condamnation s’est aussi manifestée par des marches silencieuses.
En Arabie saoudite, où les autorités se sont enfin résignées à réprimer la mouvance wahhabite fidèle à Ben Laden, les attentats meurtriers ont poussé trois ulémas de la génération « jihadiste » à faire publiquement leur mea culpa.
Mais, à l’exception de la base militaire italienne à Nassiriya (Irak), la série meurtrière, inaugurée le 12 mai par un triple attentat-suicide en Arabie saoudite, a visé des cibles relativement faciles et peu gardées : des complexes résidentiels (Ryad), un hôtel international (Djakarta), deux synagogues et le siège d’une banque britannique (Istanbul). Dans tous les attentats, les kamikazes étaient natifs des pays touchés.
« Avant le 11 septembre 2001, el-Qaëda visait des cibles stratégiques. Ces opérations spectaculaires réclament beaucoup de temps de préparation et la mobilisation de grands moyens. Après, elle est passée à des attaques de moyenne ou de faible envergure qui visent des cibles tactiques », relève l’universitaire sri lankais Rohan Kumar Gunaratna.
« Sans aucun doute, el-Qaëda a été éprouvé par les coups de boutoir de la guerre contre le terrorisme. Un grand nombre de ses anciens cadres ont été éliminés ou arrêtés, sa structure financière fait de plus en plus l’objet d’une étroite surveillance », admet Saad al-Faqih, le porte-parole d’un mouvement d’opposition saoudienne d’inspiration islamiste, en exil à Londres. « Mais l’invasion de l’Irak a accru la perception dans le monde arabe et musulman que la guerre contre le terrorisme est en fait dirigée contre l’islam. L’Irak est devenu le centre de gravité du jihad, un eldorado pour tous ceux qui ont un compte à régler avec les ennemis jurés de Ben Laden. D’ailleurs, il est plus facile d’atteindre l’Irak que l’Afghanistan », ajoute-t-il.
Le quotidien arabe londonien al-Qods al-Arabi, citant des sources proches des talibans, a rapporté qu’el-Qaëda avait transféré une grande quantité de ses moyens logistiques de l’Afghanistan vers l’Irak qu’elle considère désormais comme le champ d’élection de sa guerre contre les « croisés ». « La principale erreur des Américains a été de penser que les groupes ou individus islamistes, disséminés un peu partout dans le monde, sont structurellement liés à el-Qaëda », estime pour sa part le directeur de l’Observatoire islamique, basé à Londres, Yasser al-Sirri. « el-Qaëda s’appuie désormais sur des groupes (terroristes) locaux qu’elle se contente d’inspirer. Ces “cellules dormantes” partagent la même idéologie et le même objectif, à savoir la création d’un État panislamique. Ils ont en commun leur antiaméricanisme, même s’ils ne partagent pas une expérience commune dans les camps d’entraînement afghans », ajoute M. Sirri.
« En raison de cette décentralisation, capturer des dirigeants d’el-Qaëda n’empêchera pas les membres d’autres cellules de perpétrer des attentats », pense-t-il.
M. Saad Faqih est même persuadé qu’« une frappe d’envergure aux États-Unis n’est qu’une question de temps ».
L’hebdomadaire saoudien al-Majallah affirmait récemment avoir obtenu un message électronique d’el-Qaëda affirmant avoir recruté depuis le 11 septembre 2001 « des centaines d’Occidentaux qui s’étaient convertis à l’islam, y compris au sein de l’armée américaine, pour frapper l’Amérique de l’intérieur ».
En 2003, el-Qaëda a porté sa guerre contre « les croisés, les juifs et les apostats » dans la péninsule arabique, mais le réseau terroriste a surtout fait couler du sang musulman, au risque de ternir son image et de braquer les principaux ulémas saoudiens.Depuis l’appel, en février, d’Oussama Ben Laden à en découdre avec certains dirigeants arabes et musulmans, traités d’«...