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Actualités

2004, l’espoir

Halte, cela suffit ! La sinistrose au quotidien, le catastrophisme érigé en mode d’emploi, les constats de faillite que dresse avec jubilation une classe politique en manque de maroquins ou même de strapontins.
Halte aux imprécations assassines, aux prédictions de fin de monde, aux logorrhées incoercibles de bonzes d’un autre âge.
Le pays va mal ? De grâce, qu’on arrête de nous l’asséner tous les jours, d’enfoncer un clou déjà solidement en place. Qu’on arrête de disserter doctement sur une économie qui se déglingue, une dette qui bouffe nos derniers deniers, un chômage endémique qui vide le corps social de son sang le plus frais.
Oui, les Libanais souffrent de leurs fins de mois difficiles, des scolarités lourdes à assumer, de la déliquescence d’une administration pléthorique, véritable abysse d’un Trésor public aux abois.
Oui, les Libanais sont à bout de souffle, gagnés toutes communautés confondues par ce fameux « Ihbat », sentiment d’accablement dont les maronites avaient, depuis Taëf, le triste monopole.
Mais il est tout aussi vrai que le pouvoir, hydre à trois têtes, a réussi l’inespéré : souder la population dans une même opposition à sa gestion catastrophique des affaires, dans un même désaveu de ses turpitudes politiques.
Oubliés donc les clivages confessionnels savamment entretenus au fil des ans par des forces occultes mais non moins identifiables ? Dépassées les querelles byzantines autour de la présence syrienne ? Dissipés les malentendus qui ont malmené la coexistence dans les moments difficiles ?
Pas tout à fait. Mais progressivement, sans fracas, instinctivement, émergent une prise de conscience commune, une même conviction, un même credo que l’on n’hésite plus à afficher de part et d’autre : le Liban est pluriel, il est riche par sa pluralité. Il est un et plusieurs, indivisible et multiple. Le Liban est fort par la diversité de ses communautés, par l’antinomie des opinions qui s’y affrontent. Il est dans son essence même soudé à la démocratie, à l’expression libre. Il s’y soustrairait qu’il en perdrait son âme, sa raison d’être.
Le changement est donc là, dans les esprits, à l’antipode de la langue de bois, des pensées sclérosées. Un peu partout, dans les universités, les ordres professionnels et les associations, les organismes économiques et de services, des voix s’élèvent pour exiger l’assainissement d’une administration et d’une vie politique rongées, gangrenées par la corruption et le laisser-faire criminel.
Retranchés dans leurs tours d’ivoire, nos béni-oui-oui, longtemps inamovibles, entendent-ils le souffle de la contestation ? Ont-ils conscience que tout autour de nous se lève un vent de réforme, balbutiant peut-être, mais irréversible certainement ?
2004 c’est demain, et demain c’est déjà le temps des échéances électorales. Le Liban pluriel, ouvert sur le monde, véritable laboratoire d’idées, ne saurait rester sourd au chant des sirènes : la pérennité est dans le changement et le changement c’est l’espoir.
Fort d’une équipe plus motivée que jamais, L’Orient-Le Jour sera là pour vous en faire part.
Bonne année 2004.
Nagib AOUN
Halte, cela suffit ! La sinistrose au quotidien, le catastrophisme érigé en mode d’emploi, les constats de faillite que dresse avec jubilation une classe politique en manque de maroquins ou même de strapontins.Halte aux imprécations assassines, aux prédictions de fin de monde, aux logorrhées incoercibles de bonzes d’un autre âge.Le pays va mal ? De grâce, qu’on arrête de...