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CHANSON – Le oudiste libanais s’est produit au palais de l’Unesco Marcel Khalifé, entre nostalgie et inquiétude toujours(PHOTOS)

Il est presque 21h et le public de Marcel Khalifé se presse déjà devant les portes de la salle des spectacles du palais de l’Unesco. Après presque deux ans d’absence, le oudiste libanais le plus populaire revient sur scène, entouré d’une formation à géométrie très occidentale. Ses fils Rami et Bachar au piano et aux percussions – ce dernier joue aussi du xylophone, dont il fait un magnifique usage pendant le morceau instrumental d’ouverture –, le clarinettiste Kinan Azmi, le contrebassiste Peter Herbert et la chanteuse Oumima el-Khalil ont pour ainsi dire « réhabillé » ses standards, repris en chœur par les quelque 1 100 spectateurs, impressionnants par le silence, si l’on peut dire recueilli, dont ils se sont entourés deux heures durant, savourant chaque minute que leur offrait Marcel Khalifé, qui a décidé, cette fois-ci, de ne jouer qu’à Beyrouth. Toutes les régions du Liban s’étaient donc déplacées vers la capitale, s’arrachant les billets en quelques jours. Une idole ne se refait pas.

Bulldozer et harmonie
Entre la variété arabe qui inonde, jusqu’à le noyer, le marché de la musique régionale, et les chansons à textes de Marcel Khalifé, il y a un monde, et c’est tant mieux. L’artiste, comme pour enfoncer le clou, fait appel tant aux rythmes occidentaux qu’à la pure tradition orientale moderne, avec un appareil vocal et instrumental qui ne s’embarrasse ni de roucoulades ni de synthétiseurs fous. Le quintette, et c’est ce qui constitue une des nombreuses marques déposées du oudiste, a déployé une très sincère entreprise de régénération d’une tradition musicale chaque jour un peu plus foulée aux pieds par le bulldozer Rotana, pour ne citer que lui. Ce recentrage autour d’une mélodie harmonieuse, de mots simples qui vont droit au cœur, comme les très beaux Bi ghaibték nézél chété et Oummi, sans oublier les mises en musique de poèmes du complice de toujours, Mahmoud Darwiche. Les mouwachahates, comme l’artiste l’a dit lui-même, sont son domaine préféré, dans lequel il aime promener sa voix, entre passion et nostalgie d’un Proche-Orient qu’on pourrait dire pastoral, du temps d’une relative innocence et où se mêlait déjà la sourde inquiétude des conflits sanglants à venir.
Marcel Khalifé, homme discret et doux s’il en est, n’a jamais cessé de chanter pour la paix, quitte à prendre des positions courageuses, qu’on lui a largement fait payer il y a quatre ans de cela, à travers une accusation aussi humiliante que sans fondement. Le oudiste continue envers et contre tout son chemin et assure déjà une belle relève avec ses deux fils, même si les voies empruntées, si ce n’est celles de la musique, ne seront peut-être pas identiques. Si un pays de la coexistence devait exister un jour, Marcel Khalifé et sa musique en seraient très probablement la pierre d’angle.
Diala GEMAYEL
Il est presque 21h et le public de Marcel Khalifé se presse déjà devant les portes de la salle des spectacles du palais de l’Unesco. Après presque deux ans d’absence, le oudiste libanais le plus populaire revient sur scène, entouré d’une formation à géométrie très occidentale. Ses fils Rami et Bachar au piano et aux percussions – ce dernier joue aussi du xylophone,...