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Affaires publiques - La trêve peut et doit être productive Le gouvernement se dit désireux de sortir de sa léthargie

Il faut tirer profit de la trêve interprésidentielle pour abattre du boulot. Expression familière, qui dit bien ce qu’elle veut dire. Et que l’on retrouve dans la bouche de ministres, désireux de faire avancer des projets, pour dynamiser un peu une économie anémique. Comme pour régler à l’amiable les dossiers brûlants, tels le cellulaire ou les expropriations. Afin que la période restant avant l’échéance présidentielle soit productive et ne représente pas un temps mort préjudiciable pour le pays.
Ces responsables suggèrent que l’on établisse une liste des problèmes à traiter, pour en confier l’étude à une commission ministérielle que dirigerait le vice-président du Conseil, Issam Farès. Le terrain ainsi déblayé, les débats traîneraient moins en longueur en Conseil des ministres, et il y aurait moins de questions reportées. Dans les cas où les recommandations des ministres concernés ne permettraient pas de régler les litiges, le Conseil serait invité à trancher quand même sans tarder. En recourant à la procédure de vote. Dans l’esprit de détente qui règne actuellement, en tout fair-play.
D’autant que le gouvernement doit montrer un front uni face à la Chambre où il est appelé à défendre le budget 2004. Les ministres ne doivent pas se démarquer des réponses que leur collègue des Finances Siniora ferait aux remarques des députés.

L’ardoise
Le budget prévu s’élève à 9,25 mille milliards de livres. 84 % sont dévolus aux traitements des fonctionnaires et au paiement des intérêts de la dette publique. Les 16 % restants sont consacrés aux prestations sociales, au soutien aux crédits, à la couverture des obligations du Conseil du Sud ou de la Caisse des déplacés. Le plafond de l’endettement est si largement dépassé que le Liban ne peut plus obtenir de prêts. Et il n’est pas possible de pressurer davantage une population financièrement exsangue. Les réformes nécessaires ont été mises de côté, comme on sait, principalement à cause des querelles au sein du pouvoir. Car leur adoption, et a fortiori leur concrétisation, nécessitent un effort, un soutien absolument unanimes. L’État dépense sur des secteurs, comme l’eau ou l’électricité, qui ne sont pas gérés suivant les règles en vigueur dans le privé. Il faut également des mesures pour juguler la gabegie et le gaspillage. Il est nécessaire, entre autres, de revoir le système des retraites, pour remplacer les indemnités de fin de service, qui chiffrent gros, par des pensions raisonnables.

Ponctions
Détaillant les chiffres, le ministre Siniora observe que 220 milliards supplémentaires d’investissements sont prévus. Le Trésor débourse annuellement 70 milliards de soutien à la culture du tabac. Rachetant ce produit à 10 dollars, il ne le revend qu’à 5. Il donne 30 milliards pour l’exportation agricole, 15 milliards pour le blé. La note agricole globale s’élève à quelque 170 milliards. Ce qui n’empêche pas certains de réclamer davantage, à des fins purement politiciennes, pour ne pas dire démagogiques. Tout en sachant, comme tout le monde, que les caisses sont vides, et c’est là un euphémisme. D’autant que nul n’accepte de prêter pour des prestations à caractère social (c’est-à-dire à fonds perdus), mais uniquement pour des projets de développement, susceptibles de donner du rendement.
Siniora répète qu’à l’ombre du déficit budgétaire, le poids de la dette ne peut qu’augmenter. Il faut donc réduire le déficit. Par des compressions de dépenses et des augmentations de recettes. Or il n’est envisageable d’instaurer de nouveaux impôts que si en contrepartie l’on engage de sérieuses réformes.

Les privatisations
Des dispositions impopulaires qui nécessitent du courage de la part du pouvoir. Qui doit en outre s’acquitter des engagements pris à Paris II. Dont les privatisations, cellulaire en tête. Ce qui pose problème, comme on sait. Car certains affirment qu’il faut y aller carrément, entièrement, pour alléger la dette publique. Ce point de vue est soutenu par le FMI. Mais d’autres pôles locaux soutiennent que seule la gestion du secteur de la téléphonie mobile peut être sous-traitée par des compagnies privées, l’État restant propriétaire. Siniora quant à lui coupe pour ainsi dire la poire en deux. Il souligne que les privatisations sont importantes pour réaliser la réforme. Mais que l’opération ne peut être lancée que si elle est vraiment profitable, car nul ne souhaite brader les avoirs publics. Il ajoute qu’il faut réduire le volume et le coût du secteur public. De son côté, le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, se félicite que les objectifs monétaires de Paris II aient été atteints, en relevant qu’il reste d’autres points nécessitant des reformes. En tout cas, le président Hariri doit parler de Paris II, comme de la possibilité d’un Paris III, avec le président Chirac. Puis rendre compte au Conseil des ministres. Il va de soi que la poursuite du conflit entre le ministre des Télécoms et le Conseil de la privatisation (dont le secrétaire général, un fonctionnaire, est Ghazi Youssef), risque d’avoir des retombées négatives sur le climat de détente au sein du pouvoir. Et d’entraver les efforts de redressement financier ou économique.
Émile KHOURY
Il faut tirer profit de la trêve interprésidentielle pour abattre du boulot. Expression familière, qui dit bien ce qu’elle veut dire. Et que l’on retrouve dans la bouche de ministres, désireux de faire avancer des projets, pour dynamiser un peu une économie anémique. Comme pour régler à l’amiable les dossiers brûlants, tels le cellulaire ou les expropriations. Afin que...