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ÉCLAIRAGE Le Premier ministre ne resterait en place que jusqu’au vote du budget, selon Dalloul Échos contradictoires au sujet du départ de Rafic Hariri

Les rumeurs les plus contradictoires continuent de circuler au sujet d’un éventuel changement de gouvernement. Toutefois, l’annonce par M. Mohsen Dalloul, député de la Békaa, d’un départ du Premier ministre, sinon du cabinet, après le vote du budget 2004, a fait l’effet d’une bombe, hier.
M. Dalloul, qui s’exprimait dans le cadre d’une conférence de presse à Ali Nahri, son village natal, a parlé du ton de quelqu’un qui se croit dans le secret des dieux.
Assurant que le récent sommet de Damas a été « un grand succès », M. Dalloul a affirmé qu’un changement de gouvernement, « ou au moins du chef du gouvernement », est prévisible, une fois voté le projet de budget 2004 par le Parlement. Dans le même temps, évoquant le passé, M. Dalloul a affirmé que le départ de M. Hariri lui serait favorable, dans la mesure où il démontrerait qu’il est irremplaçable.
Indépendamment de cette réserve, venant d’un homme qui est proche du Premier ministre et lié à lui par des attaches familiales, la nouvelle a été confortée par des affirmations claires-obscures du ministre de l’Information, Michel Samaha, qui, après avoir estimé hier dans une déclaration télévisée qu’un changement de gouvernement est « improbable », a ajouté qu’il ne saurait affirmer avec certitude « ni que le cabinet reste, ni qu’il s’en va ».
L’affirmation de M. Dalloul sur un éventuel départ de Rafic Hariri contredit, jusqu’à un certain point, les nouvelles sur les résultats du sommet libano-syrien qui s’est tenu la semaine dernière à Damas, et dont l’un des résultats les plus évidents aurait été, avait-on soutenu à l’époque, le maintien du gouvernement jusqu’à la fin du mandat du président Lahoud.
Selon certaines sources, en effet, le régime syrien ne verrait pas l’utilité d’une éviction du Premier ministre, du moment que toutes les fois qu’un conflit surgit, le chef de l’État est en mesure de tabler sur l’appui d’Assad et, qu’éventuellement, en cas de vote au sein du Conseil des ministres, il peut compter sur les voix des ministres proches de Damas.
De nombreux ministres loyalistes, en particulier le ministre d’État chargé de la Réforme administrative, Karim Pakradouni, écartent la possibilité d’une démission du gouvernement, à l’heure actuelle.

Ambiguïté
Bien entendu, la politique étant l’art de l’ambiguïté, certaines sources ont interprété différemment les résultats du sommet de Damas et ont refusé d’y voir un semi-échec du président Lahoud, qui se serait vu refuser le départ du gouvernement. Ces sources, qui ont corrigé la première impression laissée par le communiqué officiel publié à l’issue du sommet, ont affirmé que le volet régional des entretiens a pris le dessus sur le volet libanais.
Mais, encore une fois, il est impossible de dire si cette rectification du tir est un écran de fumée, ou si elle reflète la réalité des choses et laisse entendre que « l’appui absolu » dont bénéficie le chef de l’Etat s’étend également à son projet de changement de gouvernement, un désir qui n’est plus un secret pour personne.
En tout état de cause, l’audience accordée hier par le président syrien au ministre des Travaux publics, Négib Mikati, a été interprétée par les milieux politiques, comme pouvant augurer d’un changement prochain de gouvernement. « Les deux hommes ont discuté, deux heures durant, de l’actualité libanaise et régionale », a affirmé hier l’Agence nationale d’information (Ani-officielle).
Proche de Damas, grand brasseur d’affaires, le député de Tripoli est l’une des personnalités sunnites les mieux placées pour succéder à M. Hariri, mais il a contre lui le fait de n’avoir jamais exercé la fonction de chef de gouvernement, ce qui n’est pas le cas de personnalités comme MM. Sélim Hoss ou Rachid Solh.
Mais ce désavantage pourrait, en fait, jouer en sa faveur, dans la mesure où il incarnerait l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle génération de politiciens, et pourrait donc bénéficier, au départ, d’un préjugé favorable au sein d’une opinion lasse de voir les mêmes visages meubler leur grisaille quotidienne.
L’audience accordée à M. Mikati reflèterait, selon certains analystes, la volonté de Damas d’affaiblir les deux principaux partenaires du président Lahoud au pouvoir, MM. Hariri et Berry, afin de leur faire comprendre que, s’ils sont les présidents de certaines institutions, seul le chef de l’État est le président du Liban.
Le matraquage médiatique sur l’absence du Premier ministre au défilé de l’Indépendance refléterait cette volonté.
Par ailleurs, Damas chercherait à affaiblir M. Hariri aussi bien sur le plan national que sur la scène sunnite, notamment en favorisant l’émergence d’un rassemblement de personnalités sunnites indépendante de sa sphère d’influence. Cet effort coïnciderait avec l’amorce d’un rapprochement du chef de l’État de la base chrétienne, et ce serait le sens véritable qu’il faudrait donner à sa visite vendredi dernier, veille de la fête de l’Indépendance, au siège patriarcal de Bkerké.
Fady NOUN
Les rumeurs les plus contradictoires continuent de circuler au sujet d’un éventuel changement de gouvernement. Toutefois, l’annonce par M. Mohsen Dalloul, député de la Békaa, d’un départ du Premier ministre, sinon du cabinet, après le vote du budget 2004, a fait l’effet d’une bombe, hier.M. Dalloul, qui s’exprimait dans le cadre d’une conférence de presse à Ali...