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Dossier régional - Le droit au retour des réfugiés au centre des intérêts libanais Ébauche de plan d’action ministériel pour lutter contre l’implantation

Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a exposé hier aux ministres réunis en Conseil le document de travail élaboré par une commission ministérielle pour faire face aux dangers de l’implantation et garantir le droit au retour des réfugiés palestiniens.
Formée des ministres Jean Obeid, Bahige Tabbarah, Marwan Hamadé, Michel Samaha et Assaad Hardane, la commission a mis au point un document « embryonnaire et non définitif » comprenant une série de propositions pour une action diplomatique d’envergure internationale. Le document a été approuvé par le Conseil des ministres.
Des sources citées par notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane indiquent que M. Obeid ne se contentera pas du document, mais compte établir des contacts avec ses homologues européens, notamment allemand, français, italien et britannique, pour les convaincre d’appuyer la position libanaise hostile à l’implantation et favorable au droit au retour. Il serait ainsi déterminé à tenir des réunions bilatérales avec son homologue italien à Naples, en marge du sommet des ministres des Affaires étrangères des pays euro-méditerranéens, qui se tiendra les 2 et 3 décembre. Le chef de la diplomatie n’écarterait pas non plus l’éventualité d’une tournée dans les pays arabes pour les mêmes objectifs.
« La mise en déroute de l’implantation et la garantie du droit au retour des réfugiés constituent deux interfaces d’une même question. (...) Il y a toujours eu une lutte entre deux projets. Le premier vise à orienter l’action palestinienne résistante et politique, et, à travers elle, l’opinion publique arabe et internationale, pour modifier la politique d’Israël et de ses alliés, hostile à l’édification d’un État palestinien souverain en Palestine, capable de garantir le droit au retour. Le deuxième cherche à pousser les Palestiniens à la déroute, au massacre et à l’implantation dans le monde arabe, près d’Israël, et aux quatre coins du monde. Il est par ailleurs souvent arrivé que le complot, l’ignorance et le fait de susciter les craintes et les instincts aillent de pair pour pousser les réfugiés palestiniens à trouver une solution à leur problème en dehors de leur droit au retour. Et, au lieu de retourner en Palestine, des slogans et des projets les incitaient à tourner le dos à leur territoire et à penser à l’implantation. C’est pourquoi il est nécessaire d’éviter les slogans dangereux qui nous ont amenés à entrer en collision avec les Palestiniens, lesquels sont comme nous les victimes du conflit israélo-arabe, pour nous détourner de nos actions politiques et résistantes contre Israël et ceux qui appuient son occupation et son refus de permettre l’édification d’un État palestinien souverain et de garantir le droit au retour », a indiqué le communiqué, en guise d’introduction. « Face au slogan “Si je t’oublie Jérusalem”, que se sont transmis certains juifs de génération en génération, il faut que notre mot d’ordre soit désormais “Si je t’oublie, Palestine” », a-t-il poursuivi, en plaidant en faveur d’un État palestinien souverain, viable et digne de respect.
Selon le communiqué, la réalisation de ce projet passe par la nécessité pour le Liban de consolider ses prestations à tous les niveaux, de consacrer et d’approfondir l’alliance libano-syrienne, pour l’élargir aux Palestiniens du Liban, de Syrie, de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Il s’agit d’une responsabilité globale, officielle, diplomatique, politique, sécuritaire, civique et spirituelle, note-t-il. Il passe également par l’intensification des contacts du Liban avec les instances régionales telles que la Ligue arabe, et les pôles de décision internationaux tels que les États-Unis, à l’Onu, l’Union européenne, le bloc des non-alignés, l’Organisation de la conférence islamique et le partenariat Euromed. L’objectif majeur étant de parvenir à l’édification d’un État palestinien et de faire avorter l’implantation.

Les recommandations
de la commission
La commission ministérielle a ensuite proposé une série de recommandations :
– isoler l’appel à l’édification d’un État palestinien, au droit au retour et au rejet de l’implantation de toutes les questions litigieuses locales, palestiniennes ou arabes, et mettre de côté toutes les divergences au niveau officiel ;
– consacrer l’entente qui existe concernant la question du droit au retour et de la prohibition de l’implantation et l’exprimer lors de toutes les occasions, visites, rencontres ou communiqués officiels ;
– rendre la question exclusive, à travers l’organisation de rencontres et de sommets spirituels, politiques, civils, réunissant toutes les orientations partisanes, ou de plusieurs séances à la Chambre à l’issue desquelles un communiqué politique prenant position serait publié ;
– faire du rejet de l’implantation la pierre angulaire d’une solidarité nationale et globale, loin des conflits et des nombreux objectifs ponctuels au plan national ;
– former des délégations mixtes réunissant officiels, diplomates et personnalités de la vie civile et les envoyer dans les capitales arabes ;
– œuvrer pour raffermir la position officielle palestinienne et réunir toutes les fractions de la société palestinienne derrière le droit au retour dans le cadre de tout projet et de toute solution ;
– renforcer l’unité des positions internes concernant le rejet de l’implantation, et rejeter toute solution imposée par l’extérieur, sur la base du principe de souveraineté des États ;
– créer une section spéciale au ministère des Affaires étrangères dont le but exclusif sera de faire face aux dangers de l’implantation, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur et avec des professeurs d’université, des intellectuels et des chercheurs.

Au niveau de la diplomatie multilatérale et parlementaire
La commission ministérielle a enfin préconisé une campagne diplomatique (visites, conférences, sommets, solidarité au niveau de la ratification de traités portant sur cette question) pour obtenir des garanties contre l’implantation et mettre en garde contre ses dangers, au niveau des pôles de décisions, notamment la Ligue arabe, le quartette (le document prône l’adoption, par l’Onu, de la « feuille de route », qui contient des dispositions relatives au droit au retour susceptibles d’avoir plus de valeur que la résolution 194), la Commission européenne, les gouvernements des pays du monde, les ONG, les Églises et les centres de recherche, le Parlement européen, la Fédération des Parlements arabes. Des actions parlementaires sont proposées au niveau international pour lutter contre l’implantation.
Le document prône une intensification des contacts diplomatiques avec les responsables de l’Unrwa et les pays du monde entier, et une mise en activité du lobby arabe aux États-Unis, au niveau du Congrès et de la Maison-Blanche, avant l’élection présidentielle, et de la diaspora libanaise dans le monde entier. Il appelle enfin à la mise en place d’une campagne médiatique d’information sur le sujet.
Le ministre des Affaires étrangères, Jean Obeid, a exposé hier aux ministres réunis en Conseil le document de travail élaboré par une commission ministérielle pour faire face aux dangers de l’implantation et garantir le droit au retour des réfugiés palestiniens.Formée des ministres Jean Obeid, Bahige Tabbarah, Marwan Hamadé, Michel Samaha et Assaad Hardane, la commission a...