Communautés - Le patriarche maronite en faveur d’une révision de Taëf Sfeir dénonce les atteintes aux libertés politiques (photo)

LONDRES, de notre envoyé spécial Habib CHLOUK
Le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a célébré hier la messe à l’église Saint Mark, à Londres, assisté par Mgr Samir Mazloum, les pères Khalil Alwane et Louis Hajj et le curé de la paroisse maronite de Londres, le père Augustin Aoun.
L’office divin s’est déroulé en présence de plusieurs personnalités, dont un représentant de l’archevêque de Londres, le cardinal Cormac Murphy O’Connor, et d’une délégation des maronites de Chypre, conduite par le député Antonio Hajji Roussos.
Mgr Sfeir a été accueilli à son arrivée par les applaudissements des fidèles sur le parvis de l’église, décoré d’un immense drapeau libanais portant l’inscription « Courant patriotique libre » et de banderoles du CPL sur lesquelles le slogan « Liberté - Souveraineté - Indépendance » était inscrit.
Les sympathisants du CPL brandissaient des drapeaux libanais qu’ils distribuaient à l’assistance et arboraient un cèdre à la boutonnière.
Non moins actifs, les sympathisants des Forces libanaises brandissaient des portraits de leur chef, Samir Geagea, et portaient à la poitrine l’emblème de leur parti assorti d’une épée cruciforme.
Dans un sermon prononcé après lecture de l’Évangile, Mgr Sfeir a exprimé le vœu de voir la situation s’améliorer au Liban « pour que ceux d’entre vous qui peuvent se le permettre retournent au pays et contribuent à sa reconstruction ».
« Les Libanais se plaignent de l’absence de justice sociale et de justice politique, et des atteintes aux droits de l’homme. Les atteintes aux droits politiques de nombreuses personnes constituent la pire des pratiques dans notre pays », a déclaré le cardinal Sfeir, rappelant que l’Église catholique exige le respect des « droits essentiels ».
Les autorités, a-t-il conclu, « doivent accorder aux Libanais les droits politiques garantis par leur citoyenneté et ne peuvent aliéner les libertés politiques sans cause légitime ».
Aujourd’hui lundi, Mgr Sfeir recevra les représentants des associations et des partis libanais en Angleterre, avant de rencontrer la ministre britannique d’État pour les Affaires du Moyen-Orient, la baronne Symons, autour d’un déjeuner à l’ambassade du Liban.

Retour demain
Demain mardi, le cardinal Sfeir retournera à Beyrouth, après un périple de quarante jours, qui l’a conduit en France, en Belgique, en Italie, en Suisse, en Suède, en Allemagne et en Grande-Bretagne.
À Oxford où il avait donné samedi une conférence sur les maronites et leur histoire, le patriarche a rappelé les clauses de l’accord de Taëf, « qui est venu mettre un terme à la guerre au Liban, apportant certains amendements au système libanais », notamment au niveau du nombre des députés et de leur répartition confessionnelle, de la réduction des prérogatives du président de la République et surtout du maintien de la présence armée syrienne au Liban.
« Le texte de l’accord (de Taëf) prévoit le repositionnement de l’armée syrienne au Liban puis son retrait dans un délai de deux ans à dater de la signature. Nul n’ignore que la présence d’une armée étrangère dans un pays tiers se répercute nécessairement sur celui-ci, surtout s’il est interdit à ce pays d’assumer ses responsabilités et que ses décisions sont soumises à l’aval d’une autorité étrangère », a-t-il déclaré.
Et Mgr Sfeir de conclure : « Certains sont fermement convaincus que l’accord de Taëf, qui n’a été appliqué que de manière sélective, doit être revu. Surtout lorsque les parties concernées ne sont pas d’accord sur la manière de l’appliquer, qui, elle-même, est la cause de tiraillements entre les pôles du pouvoir. »