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PIRATAGE – Un risque comparable à celui qui ébranle aujourd’hui le marché du disque Peer-to-peer : le cinéma se prépare à la menace fantôme

Il n’y a pas que la musique dans la vie d’un « kazaanaute ». Il y a aussi le cinéma. Selon les estimations de l’industrie cinématographique américaine, entre 500000 et 600000 copies de films seraient téléchargées chaque jour sur les réseaux peer-to-peer. Un flux illégal qui représente des centaines de millions de dollars de manque à gagner pour le secteur. Certes, les gros studios de production peuvent se targuer, pour l’instant, d’une meilleure situation que les majors du disque. Mais ils ne sont pas dupes : le P2P constitue à terme pour Hollywood une menace comparable à celle qui ébranle aujourd’hui le marché du disque. Reste à ne pas commettre les mêmes erreurs.
La vente de VHS et de DVD représente aujourd’hui 50% du chiffre d’affaires réalisé par l’industrie du film. Le marché a été dynamisé par les DVD, qui devraient procurer à eux seuls 11,4 milliards de dollars de revenus au secteur en 2003. Ce marché du DVD est florissant : il devrait cette année progresser de 34% après avoir déjà augmenté de 50% l’an passé. Il s’agit donc pour Hollywood de ne pas laisser échapper cette nouvelle manne face aux assauts du P2P. Déjà, la piraterie traditionnelle (vente de DVD pirates) aurait coûté 3 milliards de dollars au secteur en 2002, selon les estimations des studios publiées par Business Week.
Aujourd’hui, le téléchargement de films, sur KaZaA et consort, n’a pas encore atteint l’ampleur du téléchargement musical, pour des raisons essentiellement techniques. Le téléchargement d’un film est beaucoup plus lent (les fichiers sont plus lourds) et nécessite obligatoirement de disposer d’une connexion haut débit.
Aux États-Unis, seuls 27% des foyers connectés en sont équipés. Une part qui réduit d’autant le champ du piratage. Une chance, si l’on peut dire, pour l’industrie cinématographique qui, en menant sur plusieurs fronts des actions coordonnées par la MPAA (Motion Picture Association of America), espère ne pas avoir à en venir aux mêmes extrémités que sa consœur, la RIAA.
Sur le plan purement répressif, la MPAA ne projette pas d’engager – du moins pour le moment – de poursuites judiciaires envers les internautes. En termes d’actions légales, l’histoire récente de la MPAA a surtout été marquée par la perte du procès intenté contre Morpheus et Grokster, main dans la main avec la RIAA. Un juge américain avait conclu que les deux logiciels d’échange de fichiers ne violaient pas les lois sur la protection des droits d’auteur.
Du coup, c’est plutôt vers la prévention et les parades technologiques que se tournent les majors d’Hollywood pour protéger leur gagne-pain. Cette prévention se décline à la télé, au cinéma (sous la forme de spots publicitaires) et jusque dans les établissements scolaires. Une grande campagne de sensibilisation, orchestrée par Warner Bros et Junior Achievement (une association de bénévoles dont l’objectif est d’initier les élèves à la libre entreprise), basée sur des cours et des jeux de rôle, a déjà démarré ainsi dans 36000 classes, du primaire au collège. Elle devrait toucher 900000 jeunes.

Un système de traçage
individuel
À côté des campagnes de communication, l’industrie musicale se dote petit à petit d’un arsenal de techniques anticopie, qui visent surtout les professionnels. La société Cinea, par exemple, a développé des systèmes de cryptage pour les vidéos diffusées dans les avions et les hôtels, de sorte que celles-ci ne soient lisibles que sur des lecteurs spécifiques. Elle a également mis au point une technologie permettant de protéger les films pendant leur transmission satellite à un cinéma, ou de bloquer leur téléchargement depuis l’ordinateur d’un cinéma.
Cet automne, Cinea devait sortir un système de traçage individuel, destiné aux DVD envoyés aux journalistes spécialisés et autres membres de jurys prestigieux, qui doivent voir les films en avant-première. Si une copie pirate est mise en ligne, ce système permettra d’identifier la source originale.
Si ces dernières techniques sont aujourd’hui plébiscitées, c’est qu’une étude de AT&T Labs a récemment établi qu’un grand nombre de films téléchargeables sur Internet y avaient été introduits par des « insiders », autrement dit des professionnels du secteur ou des journalistes.
Dernière piste de travail pour l’industrie cinématographique : les offres de téléchargement payantes, qui ne remportent pas pour l’instant le succès escompté. Pourtant, contrairement à leurs homologues de la musique, les majors du cinéma se sont réunies pour créer une plate-forme commune, baptisée Movielink. Ni celle-ci, ni ses concurrentes, comme Cinemanow, n’ont toutefois trouvé encore leur public. En France, la location de film en téléchargement est encore confidentielle.
GABY NASR
Il n’y a pas que la musique dans la vie d’un « kazaanaute ». Il y a aussi le cinéma. Selon les estimations de l’industrie cinématographique américaine, entre 500000 et 600000 copies de films seraient téléchargées chaque jour sur les réseaux peer-to-peer. Un flux illégal qui représente des centaines de millions de dollars de manque à gagner pour le secteur. Certes, les gros...