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Diplomatie - Tournée express de Kalouguine La Russie exprime des réserves face aux pressions US sur la Syrie et le Liban


Nommé récemment coordinateur russe pour le processus au Moyen-Orient, Alexandre Kalouguine a aussitôt entrepris une tournée exploratoire dans la région. Passant par Beyrouth, il a rencontré Lahoud, Berry et Hariri. Pour leur certifier les positions, déjà connues, de Moscou. Qui partage les inquiétudes de l’Union européenne, France en tête, quant à l’escalade du cycle de la violence dans les Territoires. Tout comme par rapport au risque d’embrasement d’un nouveau front mettant en présence, à partir du Liban-Sud, la Syrie et Israël. Kalouguine récuse l’option militaire dans tous les cas de figure. Il appelle à la reprise des négociations, le dialogue pouvant seul déboucher sur la solution des problèmes occurrents, à son avis. Dans ses entretiens avec les dirigeants libanais, l’envoyé russe a mis l’accent sur les divergences de vues entre son gouvernement et Washington. Tant par rapport à l’Irak qu’au conflit israélo-palestinien. Kalouguine dit en substance que la Russie avait bien raison de s’opposer à la guerre d’Irak. Selon ses termes, les développements prouvent en effet qu’il n’est pas possible de régler les problèmes par le recours à la force. Il presse dès lors les parties prenantes concernées d’exercer une extrême retenue. En commençant par endiguer l’escalade sur le terrain en faveur d’une trêve durable ouvrant la voie à la reprise des pourparlers.
Sur le plan pratique, la Russie entend soumettre derechef la « feuille de route » du quartette au Conseil de sécurité. Dans le but de donner à l’organisation internationale un rôle actif bien plus marqué sur la scène proche-orientale. Et, en même temps, pour que le document revête un cachet de légalité internationale le rendant obligatoirement exécutoire. Ce qui n’est pas le cas actuellement, les protagonistes agissant sans tenir compte du plan des Quatre. Sur lequel du reste Israël a développé une série de 14 observations critiques, qui sont autant de refus d’application. La Russie est donc en quête d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité. Et, selon Kalouguine, les Américains n’y verraient pas d’objection. sans toutefois avoir, jusqu’à présent, exprimé une approbation claire et nette. Ce qui fait que le projet de présentation d’une motion se trouve retardé, sinon entravé. Par contre, en ce qui concerne la Syrie et le Liban, la Russie et les USA ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde. Kalouguine relève que son pays ne se tient pas aux côtés des États-Unis dans ce domaine. Qu’il ne soutient pas les positions hostiles à la Syrie ni les menaces de sanctions économiques contenues dans le Syria Accountability Act que la Chambre des représentants US vient de voter. Il ajoute que Moscou n’appuie pas les accusations selon lesquelles la Syrie serait un antre de terroristes. En outre, Kalouguine estime que le langage de la violence et le recours à la force illustré par le raid israélien sur Aïn Saheb, à proximité de Damas, sont déplacés. Il répète qu’il faut revenir à la table des négociations, dans tous les volets. En vue d’une paix globale équitable. D’ailleurs, l’émissaire russe critique la dissociation des éléments de cette paix globale par Israël, qui a commis des violations sur tous les volets, ce qui en a gelé certains et bloqué d’autres. Il relève que, de ce fait, le cycle de violence a repris alors que les Territoires autonomes connaissaient une trêve solide, propice à la progression rapide des pourparlers. La Russie invite donc avec insistance les protagonistes à revenir aux principes de Madrid, en se fiant à la « feuille de route ». Du reste, Moscou tente de promouvoir l’idée d’un Madrid II qui rendrait le processus de paix plus facile à réaliser. Cela à travers une conférence internationale élargie, en vue de renforcer l’assiette de garantie de la paix. Dans ce même esprit, la Russie pense qu’il faut développer la partie de la « feuille de route » concernant le volet syro-libanais, brièvement mentionné dans le texte actuel. Toujours est-il qu’il existe un projet de structuration des efforts des instances qui forment le quartette. Leurs représentants se rencontreraient, au niveau des chefs de diplomatie, et il y aurait ensuite des concertations périodiques entre leurs cadres, pour activer le processus de paix.
Du côté libanais, l’on a répété à Kalouguine des positions également connues. À savoir que le Liban reste attaché aux principes de Madrid, entendre à la devise la terre moyennant la paix. Ainsi qu’à la légalité internationale et aux résolutions qui en traduisent la volonté. Les responsables locaux ont souligné qu’Israël ne cesse d’enfreindre la ligne bleue et de violer l’espace aérien libanais, en alimentant l’escalade au Sud. Ils ont mis l’accent sur les préparatifs militaires qu’entreprennent les Israéliens dans la région frontalière, comme s’ils voulaient lancer une opération d’envergure, voire une nouvelle invasion. Cela en mettant à profit les circonstances issues du 11 septembre et des positions américaines qui en découlent, au nom de la lutte contre le terrorisme.
Philippe ABI-AKL
Nommé récemment coordinateur russe pour le processus au Moyen-Orient, Alexandre Kalouguine a aussitôt entrepris une tournée exploratoire dans la région. Passant par Beyrouth, il a rencontré Lahoud, Berry et Hariri. Pour leur certifier les positions, déjà connues, de Moscou. Qui partage les inquiétudes de l’Union européenne, France en tête, quant à l’escalade du cycle de...