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Notre faillite morale



Entre le président Lahoud et M. Hariri, il y a eu ce qui peut arriver de pire entre deux hommes, deux amis ou deux frères : une crise de confiance.
Car en définitive, qu’est-ce qui permet à une société commerciale, une banque ou tout autre entreprise de fonctionner, sinon la confiance ?
Si, à un moment déterminé, tous les clients demandent en même temps leur argent, quelle banque pourrait tenir ou quelle entreprise ? Ce qui leur permet de tenir, sans toujours disposer du capital nécessaire pour faire face à des retraits massifs de liquidités, c’est la confiance.
Il y a toujours un côté moral dans le facteur confiance. Même en économie, où les investissements répondent à certains critères objectifs, cet aspect moral existe. Combien plus en politique ou dans les relations personnelles.
Ce qui est grave, dans le cas qui nous intéresse, c’est que la crise de confiance se manifeste entre deux hommes dont les décisions et les rapports personnels affectent directement notre vie quotidienne...
Le président Lahoud bloque les projets de M. Hariri parce qu’il n’a plus confiance dans la bonne foi de son Premier ministre. Cet espace dont M. Hariri disposait et où il pouvait toujours compter sur un préjugé favorable de la part de M. Lahoud, pour continuer à fonctionner, a disparu.
Tous ses projets, pire, toutes ses idées, toutes ses intentions sont désormais suspects, entachés d’un préjugé défavorable, celui d’une volonté de s’enrichir et d’imposer sa propre vision des choses. Tout est désormais vu à travers ce prisme déformant. Le facteur confiance a disparu.
Qu’on juge cette vue exagérée ou pas n’a plus d’importance. Le fait est là. Avec M. Hariri, nous sommes dans l’idéologie de la globalisation, entend-on. Une idéologie où tout désormais possède une valeur marchande, et où la compétence, placée au service de la puissance de l’argent, est prête à modifier ses conclusions, pour servir son maître.
« Le temps où l’on pouvait faire main basse sur tel ou tel secteur est révolu à jamais », a bien dit le chef de l’État, le général Émile Lahoud, dans le cadre de la polémique sur la privatisation du téléphone mobile, talon d’Achille de M. Hariri, dont des proches ont des intérêts directs dans ce secteur. Être plus clair relèverait de la diffamation.
Plus grave que la faillite économique ou financière qui nous menace, et dont la crise de liquidités de l’État est un signe avant-coureur, est notre faillite morale.
Les Libanais vivent la Deuxième République comme un pouvoir inféodé et mercenaire où tout désormais se monnaye, les diplômes, la santé, le savoir, les fonctions, les personnes, tout. Un monde où les critères de compétence, de probité, n’ont plus de place, un monde où les droits et la justice sont distribués de façon discrétionnaire, et où une partie de la population attend en vain une autre partie, pour retrouver son pays.
La crise de confiance entre le président Lahoud et M. Hariri est générale. Elle sépare désormais le peuple de ses dirigeants, tous ses dirigeants.
Fady NOUN
Entre le président Lahoud et M. Hariri, il y a eu ce qui peut arriver de pire entre deux hommes, deux amis ou deux frères : une crise de confiance.Car en définitive, qu’est-ce qui permet à une société commerciale, une banque ou tout autre entreprise de fonctionner, sinon la confiance ?Si, à un moment déterminé, tous les clients demandent en même temps leur argent, quelle...