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Bkerké résolument favorable à l’alternance au sommet de l’État

Les professionnels qui fréquentent régulièrement Bkerké n’ont pas été surpris, comme certains, par la prise de position du patriarche Sfeir rejetant l’idée d’un amendement de la Constitution. Le prélat refuse en effet que l’on touche d’une manière opportuniste ou fantaisiste à une loi qui n’est pas ordinaire puisqu’elle est dite fondamentale. Il ajoute, pour bien se faire comprendre, qu’il est pour l’alternance. Et il répète qu’il faut respecter la Constitution afin que le système républicain parlementaire libanais ne devienne pas semblable à ceux qui ont cours dans les pays avoisinants. Le cardinal précise qu’il ne faut pas non plus que les maronites prêtent le flanc aux critiques et se voient reprocher, à travers leurs présidents, de ne pas observer les prescription de la Constitution et de ne pas se conformer aux délais fixés pour les mandats. Mgr Sfeir insiste : les maronites doivent donner l’exemple en matière de régularité institutionnelle, d’autant qu’ils ont payé un prix élevé pour les dérives de certains présidents de la République, qui ont également porté préjudice à l’ensemble du pays. Selon lui, la présidence de la République a finalement apporté à la communauté maronite plus d’inconvénients que d’avantages.
En fait, tout au long de l’histoire, Bkerké s’est toujours inscrit en faux contre la reconduction. C’était le cas pour le patriarche Arida, sous Béchara el-Khoury, pour le cardinal Méouchy sous Camille Chamoun puis sous Fouad Chéhab. Une attitude justifiée par les torts que les tentatives de prorogation causaient à la nation entière. Ainsi, le régime el-Khoury avait truqué les élections de 1947, pour disposer d’une majorité parlementaire assurée. Comme résultat, cela avait provoqué la révolution blanche de 1952. Les législatives de 1957, qui avaient vu l’éviction de leaders comme Saëb Salam, Abdallah Yafi, Kamal Joumblatt et Ahmed el-Assaad, avaient abouti aux événements de 1958. Chéhab, pour sa part, avait évité des secousses, en finissant par refuser la motion de reconduction signée par 75 députés. La prorogation du bail Hraoui a coûté un milliard de dollars à la Banque centrale par les tensions qu’elle a suscitées. On se demande aujourd’hui quelle serait la facture, si l’on ne tranche pas rapidement la question pour le régime en place, dans un pays en grave crise socio-économique, du fait notamment des tiraillements politiques.
Dès lors, nombre de politiciens estiment qu’il faut vite dégager la voie. Soit par une proclamation du chef de l’État précisant clairement son refus de toute prorogation ou reconduction. Soit par une initiative du grand électeur syrien qui indiquerait ou bien qu’il veut la reconduction ; ou bien, au contraire, qu’il souhaite voir respecter le jeu constitutionnel. En tout cas, l’intérêt économique du pays commande, selon ces sources, que l’on n’attende pas la dernière ligne droite, la dernière semaine, pour être fixé.
Cependant, la Syrie pourrait n’être pas intéressée à se prononcer dès maintenant. La question est de savoir si elle va permettre aux forces politiques locales qui lui sont fidèles de prendre position, de s’exprimer ouvertement comme l’a fait Mgr Sfeir.
Le président Berry a pour sa part déclaré, après une rencontre avec le président Lahoud, que le pays n’est pas confronté à une crise de gouvernement, mais bien à une crise de pouvoir. Promettant ensuite d’agir, de prendre une initiative, pour tenter d’y remédier. Les cercles politiques se posent des questions à ce sujet. Le chef du Législatif compte-t-il, comme jadis Kamel el-Assaad avec Chéhab, sonder le régime pour en déterminer les véritables intentions ? Va-t-il inviter le Parlement à assumer ses responsabilités en dégageant une décision anticipée concernant l’échéance présidentielle ? Beaucoup pensent qu’avant de faire quoi que ce soit, le président Berry devrait en référer aux Syriens. Pour voir quelle marge, quelle liberté de manœuvre est laissée aux blocs parlementaires locaux, comme aux forces politiques qui se réclament des décideurs et qui ont la majorité. En tout cas, la récente proclamation du président Berry, est-il besoin de le relever, n’est pas du goût des lahoudistes. Pour qui l’expression « crise de pouvoir » est exagérée.
Émile KHOURY
Les professionnels qui fréquentent régulièrement Bkerké n’ont pas été surpris, comme certains, par la prise de position du patriarche Sfeir rejetant l’idée d’un amendement de la Constitution. Le prélat refuse en effet que l’on touche d’une manière opportuniste ou fantaisiste à une loi qui n’est pas ordinaire puisqu’elle est dite fondamentale. Il ajoute, pour...