« Pourquoi ont-ils attendu juillet et août, les deux mois de tourisme par excellence, pour fermer les routes et nous priver d’une saison précieuse ? », s’indigne Zaher Dbouk, propriétaire d’un magasin de chaussures devant lequel ont actuellement lieu les travaux. Comme beaucoup d’autres commerçants, c’est le timing qu’il critique. « Ils auraient pu programmer l’opération en mai et juin, ou à partir de septembre », souligne-t-il.
Les passants, dans ce périmètre de Hamra (juste au début de la rue, après le croisement qui suit la Banque du Liban), se font effectivement rares. Non seulement la route est coupée, mais la poussière rend la marche incommode, ce qui décourage les éventuels clients. Selon les propriétaires de commerces, dont Fadi Salamé, qui possède un café dans le secteur, « les touristes arabes notamment, pour qui Hamra est un repère, ne se pointent plus ». Il déclare, comme d’autres, avoir perdu des milliers de dollars, et affiche un chiffre d’affaires d’au moins 80 % inférieur à la normale en cette saison. « Mes copropriétaires sont saoudiens, et je peux vous dire que des travaux durant ces deux mois ne font pas du tout bonne impression auprès des investisseurs, qu’ils soient libanais ou étrangers », ajoute-t-il.
« Nous avons fait circuler une pétition signée par des dizaines de commerçants, et l’avons remise en personne au mohafez de Beyrouth, Yaacoub Sarraf, qui s’est montré compréhensif », explique M. Dbouk. « Nous suggérons que les prochains travaux soient ajournés pour la mi-septembre. Mais les membres de l’Association des commerçants de Hamra voient les choses d’un autre œil et insistent pour la poursuite des excavations avant, disent-ils, la saison des pluies. Mais c’est ignorer que la saison d’été est très longue au Liban. »
Un timing qui dérange
Interrogé sur tous ces points, M. Eid, secrétaire général de l’Association des commerçants de Hamra précise que « la période d’excavation et de grand dérangement ne devrait pas durer plus de quinze jours à partir d’aujourd’hui ». « Après la fin de cette étape, la route ne sera plus coupée et les affaires reprendront », ajoute-t-il. Concernant le timing, que tout le monde critique, il précise : « Les travaux ont commencé le 11 mai dans un autre secteur de la rue, juste après les dernières pluies et se sont achevé en juin. Trois équipes de la société South for Construction travaillent nuit et jour sur le projet. Si nous ajournons sa réalisation, nous risquons d’être retardés par le mauvais temps et d’entrer dans un cycle interminable, alors que nous revendiquons la réhabilitation de cette artère si vitale depuis les années 70. »
M. Eid nie que les touristes aient déserté le quartier et explique pourquoi les excavations n’ont commencé dans cette partie de la rue qu’en juillet. « Nous avons insisté pour que le travail soit divisé en quatre étapes, même si cela devait revenir plus cher, afin de ne pas paralyser Hamra d’un coup », dit-il. « Nous en sommes aujourd’hui aux troisième et quatrième étapes. La succession des phases a été décidée suivant des critères techniques relatifs à l’emplacement des égouts. »
Il précise que ce sont les travaux d’infrastructure, notamment la réhabilitation des canalisations d’eau, des réseaux d’égouts et des installations électriques, qui sont actuellement en cours de réalisation. La rue, qui a beaucoup souffert de par le passé des inondations en hiver, devrait, selon lui, être définitivement débarrassée de ce problème. « Ces premiers travaux seront suivis de mesures d’embellissement, ce qui devrait redonner une nouvelle jeunesse au quartier et contribuer à un boom économique », ajoute M. Eid.
Comme l’a souligné le secrétaire général de l’association, les excavations avaient été entamées dès mai à l’autre bout de la rue, et terminées en un peu plus d’un mois. Les commerçants à ce niveau déclarent que la clientèle est revenue peu à peu après la réouverture de la route, mais, dans un grand magasin, on nous affirme que les travaux qui se déroulent plus loin continuent d’avoir un impact sur leurs ventes. Plus philosophe, Mohammed Sultan, employé dans une librairie, constate que « le timing est effectivement gênant pour les commerces, mais les entrepreneurs ne peuvent faire autrement ».
Restent les affres subis par les automobilistes. L’un d’eux nous raconte qu’il est obligé d’emprunter cette route chaque jour pour se rendre à son bureau, et qu’il passe une heure de plus dans sa voiture, au soleil, pour arriver à destination. Encore un été brûlant à Beyrouth...
Suzanne BAAKLINI
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