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Loi électorale - Le mohafazat largement contesté Vers l’adoption du caza-circonscription

La plupart des pôles politiques ou religieux se prononcent désormais pour le caza-circonscription. Cette formule est en effet reconnue comme susceptible d’assurer une meilleure représentation de proximité que le mohafazat. D’ailleurs, sous couvert de faciliter les formalités des gens et de promouvoir le développement des régions, l’on a déjà ouvert la voie de la réduction de taille, en créant deux nouveaux districts, le Akkar et Baalbeck-Hermel. Et l’on en fabriquerait sans doute encore d’autres, s’il fallait faire semblant de respecter Taëf. Pour qui les élections doivent se dérouler au niveau du mohafazat. Précepte qui n’a jamais été suivi, mais que certains puristes souhaitent réhabiliter. Le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, indique que son département dispose de 28 projets établis par diverses forces politiques. Et qui vont de la petite circonscription à la circonscription unique à la proportionnelle. À son propre avis, il faudrait choisir entre le caza, après modification de ses frontières et le mohafazat, avec une dose de proportionnelle et après révision du découpage administratif. C’est-à-dire que, dans un cas comme dans l’autre, la configuration habituelle serait chamboulée.
Le président Hoss, de son côté, propose le mohafazat assorti d’une proportionnelle qui, selon lui, assurerait la représentation de tous. Il explique qu’une liste qui totaliserait 55 % des voix décrocherait de ce fait même 55 % des sièges dévolus à la circonscription, la liste d’en face obtenant 45 %. Les minorités pourraient de la sorte être représentées. Et on en finirait du coup avec le système des parachutages dits bus ou bulldozers.
Le chercheur Abdo Saad se dit favorable, quant à lui, à la circonscription nationale à la proportionnelle. À l’en croire, cela permettrait au pays de se dégager du sous-développement politique, tout en préservant les droits des communautés et en facilitant l’éclosion d’un système de partis. Toujours est-il que les professionnels commencent à s’inquiéter du retard mis par le gouvernement par rapport à l’élaboration d’une nouvelle loi électorale. Plus exactement, ils estiment que l’Exécutif, s’il ne veut pas prendre cette responsabilité, devrait rapidement en informer la Chambre, pour qu’elle se mette à la tâche. Les tergiversations sont injustifiables, soulignent les politiciens, du moment que désormais l’on n’a plus à faire qu’un choix simple : ou le caza ou le mohafazat à la proportionnelle.
Le soupçon est assez évident : les manipulateurs, qui organisent les bulldozers ou les bus, ne prisent ni le caza ni la proportionnelle. Car, ils perdraient l’avantage énorme de diriger de grands blocs parlementaires qui font la pluie et le beau temps, place de l’Étoile. En leur permettant, du même coup, de se partager les principales parts du gâteau gouvernemental. Le président Hoss, encore lui, relève à ce propos que « le vrai pouvoir, à l’ombre de la majorité en place, se trouve aux mains d’une poignée de chefs de file de grands blocs parlementaires. Cette praxis se rapproche bien plus de l’autocratie que de la démocratie. »
Quoi qu’il en soit, si l’on veut vraiment initier au Liban un changement positif par les voies légales et démocratiques, il faut nécessairement élaborer un code électoral équitable, bien équilibré, solidement représentatif de toutes les couches de la population, de toutes les strates de la société. L’adoption du caza ou de la proportionnelle permettrait de changer tout à la fois le personnel et les méthodes. En effet, comme le souligne le patriarche Sfeir, une vraie représentativité redonnerait de la considération à un ministre. Car, il deviendrait effectivement responsable, en charge, de son département, vis-à-vis du Conseil des ministres. Cette instance ne serait plus captive du bon vouloir des présidents, de leurs discordances, qui paralysent l’État, ou de leurs accords, qui réduisent les ministres au statut de faux témoins. Le prélat met l’accent sur la nécessité de voir émerger une nouvelle classe de dirigeants, de responsables, formée de compétences jeunes, probes et avérées. Pour en finir avec la corruption et avec le gaspillage dont on devrait poursuivre les coupables, leur réclamer des comptes. Le cardinal relève que dans de nombreux pays des abus se produisent, mais les fautifs ne restent pas impunis et sont traduits en justice. On ne peut négliger les lourds effets socio-économiques d’une mauvaise pratique politique qui provoque l’exode des cerveaux, du savoir-faire et pousse nombre d’entreprises à la faillite. Selon le mot du président Hussein Husseini, il n’y a plus au Liban de Parlement, de Conseil des ministres, de pouvoir effectif et tout retombe sur les épaules d’une justice que l’Exécutif s’acharne à exploiter. L’ancien président de la Chambre, père de Taëf, réclame d’urgence une loi électorale assainie, car le pays a besoin d’un nouvel appareil politique comme d’un gouvernement de véritable entente nationale qui produirait un plan de sauvetage économique. Avec l’aide de formations à vocations nationales. Husseini se dit opposé à la création de nouveaux mohafazats car, à son avis, il vaut mieux multiplier les cazas.

Émile KHOURY
La plupart des pôles politiques ou religieux se prononcent désormais pour le caza-circonscription. Cette formule est en effet reconnue comme susceptible d’assurer une meilleure représentation de proximité que le mohafazat. D’ailleurs, sous couvert de faciliter les formalités des gens et de promouvoir le développement des régions, l’on a déjà ouvert la voie de la...