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Comptes du Hamas - Le chef de l’État confère avec le gouverneur de la Banque centrale au sujet de la circulaire de la BDL Le dossier aurait dû être soumis au Conseil des ministres, souligne Lahoud

De nombreuses voix se sont élevées hier, aussi bien dans les milieux d’affaires que dans certains cercles politiques, pour stigmatiser la campagne menée contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, au sujet de la circulaire demandant aux banques de fournir à la BDL des informations concernant les comptes du Hamas. Cette réaction aux attaques lancées contre M. Salamé a contribué à relativiser l’affaire et, dans ce cadre, le président Émile Lahoud est intervenu à deux reprises hier pour remettre les pendules à l’heure. Il a d’abord discuté de ce dossier en fin d’après-midi avec le gouverneur de la BDL. Auparavant dans la matinée, il avait évoqué la question au cours du Conseil des ministres réuni place du Musée. Aussi bien lors de la séance du cabinet qu’à la faveur de l’entretien avec M. Salamé, le président Lahoud a souligné que, quelles que soient les circonstances, un dossier comme celui des comptes du Hamas – qui a des implications politiques évidentes – devrait être soumis au Conseil des ministres avant qu’une quelconque mesure ou initiative, fut-elle de pure routine, ne soit prise (voir par ailleurs).
La réunion entre le chef de l’État et le gouverneur de la BDL a porté principalement sur le volet « technique » de cette affaire. M. Salamé a expliqué à ce sujet au président Lahoud les détails du processus à caractère administratif qui a conduit à l’envoi de la circulaire aux banques. De sources proches de Baabda, on indique que le chef de l’État a souligné sur ce plan la nécessité de s’en référer à l’autorité politique, en l’occurrence le Conseil des ministres, lorsque des requêtes ayant une portée politique sont présentées à une quelconque administration ou institution étatique.
Le président Lahoud a précisé que l’affaire des comptes du Hamas aurait dû être traitée comme l’a été le dossier des comptes de l’ancien régime irakien. Ce dossier avait alors été soumis au Conseil des ministres qui avait pris à cet égard la décision adéquate. La remarque du chef de l’État ne semble pas être adressée uniquement au gouverneur de la BDL. Les milieux de Baabda indiquent en effet que le chef de l’État a souligné au cours de la réunion avec M. Salamé que « les ministres concernés (en l’occurrence, dans ce cas, les ministres des Affaires étrangères et des Finances) sont également tenus de soumettre la question au Conseil des ministres en raison de l’impact de ce dossier ». « Toute décision ou initiative doit être conforme aux constantes politiques et nationales définies dans les prises de position officielles, et il est inadmissible de court-circuiter ces constantes, aussi bien au niveau de la forme que du fond », a déclaré le président Lahoud.
Le chef de l’État avait exposé ce même point de vue au cours de la séance du cabinet, hier matin. Le Conseil des ministres, relève-t-on à ce propos, s’est abstenu de se prononcer sur cette affaire, le président Lahoud ayant indiqué qu’il comptait en discuter dans l’après-midi avec le gouverneur de la BDL. Les membres du gouvernement se sont donc contentés de prendre note de la position du chef de l’État qui a notamment déclaré : « Les interprétations données à cette affaire ne correspondent nullement à la réalité. Pour tout ce qui touche aux problèmes politiques ou nationaux et aux grandes options stratégiques du pays, les administrations concernées doivent s’en référer au Conseil des ministres qui adopte la position qui s’impose. »
Le président Lahoud a rappelé à ce sujet que lorsque le problème des dépôts bancaires de l’ancien régime irakien s’était posé, il avait saisi le Conseil des ministres de la question. « Il aurait fallu suivre cette même voie, a déclaré le chef de l’État, afin que la position libanaise reste claire et unifiée. Notre vision concernant la Résistance palestinienne, dans toutes ses composantes, repose sur le fait que cette résistance est due à l’occupation. La résistance doit être préservée tant que l’occupation persiste. »
Et le chef de l’État de poursuivre : « Je ne voudrais pas m’attarder sur ce qui a été écrit dans la presse ni sur les interprétations qui ont été données çà et là. Ce qui m’importe, c’est l’intérêt supérieur et la stabilité du pays. Les options stratégiques que nous avons adoptées ont abouti à la stabilité. Notre position à ce propos est connue de tous. Nous sommes attachés au droit et nous n’avons nullement l’intention de nous attirer les faveurs de quelqu’un. Grâce à notre attitude, nous avons réussi à libérer la plus grande partie de notre terre en restant attachés à la légalité internationale. Nous avons récupéré notre terre grâce à l’application des résolutions internationales. Aujourd’hui, ils nous demandent des choses que nous ne pouvons accepter. Cette vérité doit être connue de tous. Il faut respecter les modalités requises en retournant toujours au Conseil des ministres. »
Et le président Lahoud de conclure : « Il est temps de mettre un terme aux interprétations et aux indiscrétions concernant toute initiative que nous prenons. Si nous œuvrons en faveur de la réforme, ils prétendent que nous avons des arrière-pensées en rapport avec la présidentielle. Si nous réclamons que l’on respecte les options qui préservent le Liban, ils disent que nous agissons pour des considérations portant sur la présidentielle. De tels propos sont inadmissibles. »

Les réactions aux attaques contre Salamé
Pour en revenir aux attaques dirigées contre le gouverneur de la BDL, elles ont été vivement stigmatisées par le Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprises libanais (RDCL) qui a publié à ce propos un communiqué mettant en garde contre les effets dévastateurs d’un tel comportement sur l’économie nationale et la situation du secteur bancaire, en particulier.
« Le gouvernorat de la Banque du Liban constitue l’un des fondements du système libanais, souligne le communiqué du RDCL. Les attaques lancées de façon irréfléchie par certains responsables politiques contre le gouverneur de la Banque centrale ont un impact négatif sur la réputation du Liban ainsi que sur la situation de l’économie et du secteur bancaire. Face à ces attitudes irresponsables, le RDCL, soucieux de préserver ce qui reste de l’économie libanaise, invite, une fois de plus, tous les responsables politiques à mettre un terme à leurs surenchères et aux accusations irresponsables. Les institutions devraient pouvoir jouer leur rôle, loin des tiraillements. »
Et le communiqué d’ajouter : « Le RDCL exhorte tous les responsables, à tous les niveaux, de prendre conscience de l’impact de leurs déclarations. Ils devraient axer leurs préoccupations sur le marasme économique afin de trouver les solutions qui s’imposent sur ce plan. »
Abondant dans le même sens, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Beyrouth, Adnane Kassar, a souligné la nécessité de tenir la BDL et le secteur bancaire à l’écart des conflits et des tiraillements politiques. À son retour de Dubaï, où il a participé aux réunions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, M. Kassar s’est déclaré surpris par les attaques lancées contre le gouverneur de la Banque centrale alors que celui-ci « reçoit les éloges des instances arabes et internationales et qu’il est désigné meilleur gouverneur du monde arabe ». M. Kassar a conclu en soulignant que le gouverneur de la BDL constitue « une garantie pour le secteur bancaire au Liban ».
M. Farid el-Khazen, député du Kesrouan, a pour sa part demandé à tous ceux qui ont lancé des attaques contre M. Salamé à lui présenter publiquement des excuses. M. Khazen a stigmatisé à ce sujet « la campagne de calomnies visant une personnalité nationale qui a su préserver le secteur bancaire dans les conditions les plus difficiles ».
Le député Élie Aoun, membre du bloc parlementaire de M. Walid Joumblatt, a relevé que la circulaire de la BDL relative aux comptes du Hamas a été adressée à la Banque centrale par les ministères des Affaires étrangères et des Finances. « Nous sommes soucieux de préserver la réputation de la Résistance, mais dans le même temps, nous sommes également soucieux de sauvegarder les acquis de la Banque du Liban », a déclaré M. Aoun.
Enfin, le député Farid Mékari a déploré la campagne menée contre M. Salamé, soulignant que ceux qui lui ont adressé des critiques feignent d’oublier l’action menée par le gouverneur pour préserver le secteur bancaire.
De nombreuses voix se sont élevées hier, aussi bien dans les milieux d’affaires que dans certains cercles politiques, pour stigmatiser la campagne menée contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, au sujet de la circulaire demandant aux banques de fournir à la BDL des informations concernant les comptes du Hamas. Cette réaction aux attaques lancées contre M....