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Vie politique - L’affaire des avoirs du Hamas prend un nouveau cours L’autorité politique assume la responsabilité de l’erreur, selon la commission des AE (photos)

La campagne contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, pratiquement accusé d’avoir trahi la résistance pour avoir demandé aux banques des renseignements au sujet de 11 comptes liés à des responsables et organisations du mouvement palestinien Hamas, a pardu de son intensité.
Gaffe politique ou routine administrative, toujours est-il qu’une rapide enquête a montré que ce sont les ministères des Affaires étrangères et des Finances qui assument la plus grande responsabilité dans cet incident.
Mais en dépit de tous les éclaircissements apportés hier à cette question, on ne peut que s’étonner de ce qu’une circulaire de la commission spéciale d’enquête des banques réclamant un relevé des avoirs bancaires de six responsables du Hamas et de cinq associations caritatives proches de cette organisation ait pu parvenir à tous les établissements de crédit de la place, sans soulever d’objections de la part des autorités politiques ou monétaires.
On rappelle que la demande américaine portait notamment sur le gel des avoirs au Liban du chef spirituel du Hamas, Ahmed Yassine, de l’un des plus hauts responsables du mouvement, Abdel-Aziz Rantissi, et du responsable au Liban, Oussama Hamdane.
À la demande du chef du Législatif, Nabih Berry, le président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, Mikhaël Daher, a effectué hier une rapide enquête pour démonter le mécanisme qui a conduit la BDL a émettre sa note aux banques. Le résultat en a été édifiant : M. Daher a montré hier à la télévision les notes écrites des ministères des AE et des Finances, transmettant à la BDL la demande américaine de gel des avoirs de responsables du Hamas et d’associations caritatives gravitant dans son orbite.
La demande américaine, a précisé M. Daher, est parvenue aux ministères des AE et des Finances par le canal de l’ambassade US en date du 25 août. Elle a été transmise à la BDL par les voies administratives et examinée par la commission spéciale d’enquête des banques. En date du 4 septembre, cette dernière a émis sa note aux banques leur accordant une semaine pour lui répondre.
Pour M. Daher, le gouverneur de la BDL « n’assume dans cette affaire aucune responsabilité, celle-ci incombant aux autorités politiques ».

Mise au point des AE
Dans une mise au point publiée en soirée, le ministère des Affaires étrangères a cherché à se disculper, assurant qu’en réclamant des éclaircissements aux ministères et administrations concernés, il attire leur attention sur le fait que les mesures susceptibles d’être prises doivent être conformes aux lois et à la politique du Liban.
À la décharge du ministère des Finances, la note qui en a émané demande l’avis du gouverneur de la BDL au sujet de la question soulevée, a fait valoir de son côté M. Daher.
En tout état de cause, ce dernier a souligné que les dégâts sont limités et que, contrairement à ce qui se passe normalement, la demande d’information de la BDL ne s’est pas accompagnée d’une demande préventive de gel des avoirs en question.
À partir de Dubaï, le président de l’Association ds banques, Joseph Torbey, a affirmé pour sa part que le secret bancaire n’a pas été violé dans cette affaire, dans la mesure où les informations obtenues par la commission d’enquête bancaire sont restées strictement confidentielles.
Selon M. Torbey, cette commission n’avait pas de jugement politique à porter au sujet de la demande qui lui est parvenue.
Pour leur part, a-t-il enchaîné, les banques ne pouvaiuent pas désobéïr aux dispositions de la circulaire.

Battle revient à la charge
En contrepoint au tollé soulevé par cette affaire, l’ambassadeur des États-Unis, Vincent Battle, a rendu visite hier au ministre de l’Information, Michel Samaha, avec lequel il a abordé la question du jour.
À l’issue de l’entretien, le diplomate a réaffirmé la position de son pays au sujet du Hamas. « Nous saluons toute action allant dans le sens d’un gel de ces avoirs », a déclaré M. Battle, qui s’est dit inquiet de voir les fonds en question mis au service du terrorisme.
Pour sa part, le ministre de l’Information a affirmé que le gouvernement libanais et celui des États-Unis sont en désaccord au sujet de la qualification à donner aux activités du Hamas.

Vives réactions
En cours de journée, les réactions à cette affaire étaient restées vives. Le président de la Chambre, Nabih Berry, qui avait demandé mardi une enquête de la commission parlementaire des Affaires étrangères, a rectifié le tir, affirmant que personne ne réclamait le départ de M. Salamé.
« Nous demandons seulement le respect de la résistance et du secret bancaire », a souligné le président de la Chambre, à partir du palais présidentiel de Baabda, où il venait de s’entretenir avec le chef de l’État.
« Il nous faut enquêter sur ce qui s’est passé, pour que cette erreur ne se répète pas », a souligné le président de la Chambre.
C’est un langage sensiblement identique que son numéro deux, Élie Ferzli, a tenu à partir du siège patriarcal maronite.
« La surenchère au sujet de la réputation du gouverneur de la Banque du Liban ne sert pas l’intérêt national, a affirmé M. Ferzli, après avoir été reçu par le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir. L’exagération des faits et les atteintes à sa réputation pourraient provoquer une réaction de certains ressortissants arabes, qui décideraient alors de retirer leurs dépôts ou leurs investissements. La campagne pourrait être interprétée comme une décision du Liban de renoncer à appuyer la résistance palestinienne, ou une étape vers la fin du secret bancaire ou encore la marque d’un recul de la confiance dans les autorités monétaires. »
S’exprimant au nom du Front national comprenant MM. Sélim Hoss, Hussein Husseini, Boutros Harb et Nayla Moawad, M. Omar Karamé a rejeté la responsabilité de la décision malencontreuse sur les ministères des Affaires étrangères et des Finances.
La loi 318 sur le blanchiment et la lutte contre le terrorisme, a-t-il fait valoir, ne permet pas à la commission d’enquête bancaire de qualifier les activités d’une organisation. Cette qualification est du ressort de la seule autorité politique.
La campagne contre le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, pratiquement accusé d’avoir trahi la résistance pour avoir demandé aux banques des renseignements au sujet de 11 comptes liés à des responsables et organisations du mouvement palestinien Hamas, a pardu de son intensité.Gaffe politique ou routine administrative, toujours est-il qu’une rapide enquête a...