En peinture, il exprime ses sentiments vrais, ses états d’âme, à travers un kaléidoscope de couleurs, que ne vient perturber aucun tracé, mais d’où jaillissent néanmoins un enchevêtrement de formes géométriques et de silhouettes inscrites dans des paysages rêvés.
Georges Akl a dans toutes ses œuvres deux sources d’inspiration : son pays, le Liban profond, celui de la nature printanière, des tuiles rouges, des arcades, des couchers de soleil sur la mer.... Et la femme, qui représente pour lui, « au-delà de la beauté physique, le symbole de l’amour, de la tendresse, de la douceur, de la générosité et, évidemment, de la maternité ».
Univers double
Natif de Damour, l’artiste, qui a été obligé de quitter son village complètement dévasté par la guerre en 1975, a gardé très profond la nostalgie de sa terre natale. « J’y avais ma maison que j’ai perdue ainsi que les 1 500 œuvres (aquarelles, encres de Chine et fusains) que j’avais réalisées et que je n’avais encore jamais exposées, raconte-t-il. Mais ce qui m’a le plus touché, c’est cet équilibre rompu entre le trépignement de la vie citadine que je menais de nuit sur les planches et le calme rural que je retrouvais les jours où je montais au village pour me consacrer à la peinture. »
Cet univers double – encore et toujours ! – se retrouve dans ses compositions picturales. À la fois spontanées et construites, les œuvres de cet artiste « coloriste » décrivent, au moyen d’une palette en même temps opaque et lumineuse, un monde où nostalgie et espérance se recoupent, où visions innocentes et printanières se greffent sur une réalité plus sombre...
Dans ses aquarelles aux couleurs fortes, intenses, où domine le bleu profond, « le bleu de nuit, celui du firmament, qui confine au noir » , souligne-t-il, le rouge-orangé introduit une lumière de minuit ; les arbres et les silhouettes s’inscrivent dans une forêt d’ombres ; les maisons à tuiles s’ouvrent sur un horizon sans fin et les clairières printanières jaillissent de fonds abstraits et sombres...
Œuvres « post-choc»
Depuis sa première exposition individuelle en 1982 à Gallery One (la fameuse galerie de Youssef el-Khal), Georges Akl a poursuivi tranquillement son chemin pictural sur les routes du monde. Il a à son actif une vingtaine d’expositions dont quatre à Washington (à la galerie Platform International), une à Los Angeles et une au Caire.
Ce miraculé d’un accident de voiture, il y a tout juste un an, « qui a failli être mortel pour moi », indique-t-il, a repris, dès sa convalescence, ses pinceaux « pour renaître vraiment à la vie ». Ce sont ces œuvres « post-choc » qu’il présente, jusqu’au 30 septembre, au City Café (fin rue Sadate). Soixante-dix aquarelles qui célèbrent la sérénité de la vie. Celle surtout qu’on acquiert par la « contemplation de nos paysages intérieurs »... Et une encre, une seule, qui représente un arbre-racines, symbole de la constance, en dépit de tous les accidents, arrachements et déracinements...
Zéna ZALZAL
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