Carrières - L’épreuve de force avec le gouvernement se précise Grève d’avertissement des entrepreneurs et des ingénieurs lundi

Une véritable épreuve de force semble poindre à l’horizon entre le gouvernement et les entrepreneurs au sujet du problème des carrières. Les entrepreneurs et les ingénieurs observeront en effet lundi prochain une grève d’avertissement de vingt-quatre heures pour protester contre la décision du Conseil des ministres, prise jeudi dernier, de confirmer la mesure de fermeture des carrières, décrétée par le précédent gouvernement. Parallèlement à l’annonce de cette grève symbolique, le ministère de l’Intérieur a demandé aux postes de gendarmerie dans toutes les régions de convoquer les propriétaires des carrières pour les sommer de mettre fin à leurs activités dans un délai d’une semaine, sous peine de poursuites judiciaires.
Ce dossier a fait l’objet hier d’une réunion extraordinaire que les membres du conseil du syndicat des entrepreneurs ont tenue sous la présidence du président du syndicat, M. Fouad el-Khazen, en présence du président de l’Ordre des ingénieurs, Sobhi Bsat.
Au début de la réunion, M. Khazen a pris la parole pour souligner que la décision du Conseil des ministres de confirmer la fermeture des carrières ne manquera pas d’avoir un effet néfaste sur la marche du travail dans les différents chantiers en raison de la pénurie de gravier et de sable provoquée par cette fermeture. « Nous voulons que le gravier et le sable soient assurés à un prix stable, comme c’est le cas dans tous les pays du monde, a notamment déclaré M. Khazen. Il n’est pas concevable que les prix augmentent de trois ou quatre fois et que les entrepreneurs ne puissent pas poursuivre leur travail. Ce problème se pose avec d’autant plus d’acuité que l’État s’est abstenu au cours des derniers mois de verser aux entrepreneurs les montants qu’il leur devait. »
M. Khazen a relevé sur ce plan que le problème des carrières se pose dans tous les pays du monde, mais il est réglé « de manière à préserver l’environnement tout en sauvegardant les intérêts des autres secteurs ». « Au Liban, a-t-il souligné, au lieu de guérir le malade, nous préférons le liquider. »
M. Khazen a déploré à ce sujet le fait que des décisions impulsives soient prises sans en examiner les conséquences, « ce qui se répercute négativement sur plusieurs secteurs ». « Notre syndicat, a encore déclaré M. Khazen, est favorable à la sauvegarde de l’environnement et à la préservation de la nature. Il existe des moyens rationnels de régler le problème en coordination avec les ministères et les syndicats concernés. »
Le président de l’Ordre des ingénieurs a ensuite pris la parole pour mettre l’accent sur la solidarité des ingénieurs avec les entrepreneurs. « Certaines décisions, a déclaré M. Bast, sont prises sans que les conséquences soient bien étudiées. Tel est le cas de la décision de fermer les carrières, ce qui s’est répercuté négativement sur l’approvisionnement en sable et en gravier. Cela a eu un impact sur tous les chantiers, y compris les chantiers routiers. »
Au terme des débats, les personnes présentes ont adopté à l’unanimité une résolution appelant à une grève de vingt-quatre heures que les entrepreneurs et les ingénieurs observeront lundi prochain. Une commission mixte représentant l’Ordre des ingénieurs et le syndicat des entrepreneurs entreprendra des contacts avec les responsables afin d’assurer le gravier et le sable à un prix stable. « Au cas où cela s’avérerait impossible, l’État devrait verser la différence de prix aux entrepreneurs », souligne le communiqué conjoint publié par les entrepreneurs et l’Ordre des ingénieurs. Une assemblée générale se tiendra mercredi prochain afin de faire le point sur des démarches effectuées auprès des responsables. Si ces contacts n’aboutissent à aucun résultat palpable, les entrepreneurs et les ingénieurs pourraient décréter une grève ouverte à compter de jeudi prochain.
Signalons sur ce plan que le syndicat des ouvriers du bâtiment à Beyrouth et au Mont-Liban s’est, lui aussi, élevé contre la décision de fermeture des carrières, affirmant qu’une telle mesure ne manquera pas d’aggraver la situation socio-économique dans laquelle se débattent les ouvriers du bâtiment.