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VIE POLITIQUE - Le point de vue de Husseini sur un nouveau pacte Avant de changer Taëf, il faut en compléter l’application

Père des accords de Taëf, le président Hussein Husseini pense qu’il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs. À son avis, avant de changer ce pacte, en modifiant la Constitution, il faut en parachever l’exécution. Pour voir, une fois que tous les articles auront été concrétisés, si la formule finale est bonne ou pas pour le pays. D’ailleurs pour lui, le problème ne réside pas dans des textes qui assurent bien l’équilibre entre les pouvoirs, mais bien dans la pratique courante, dévoyée, des responsables comme des différents protagonistes locaux. Retournant aux sources, l’ancien chef du Législatif avait souligné, dès la séance inaugurale de la conférence de Taëf, la volonté manifeste des Libanais de coexister dans la concorde. Ajoutant que les débats ne devaient pas dériver sur une controverse stérile concernant l’arabité certaine du Liban. Husseini avait invité ses pairs parlementaires à ne pas adopter une attitude de négociateurs provenant de parties adverses, mais à travailler comme un seul homme pour élaborer un système répondant aux vœux de la population en vue d’une cessation des hostilités, pour une vie libre et digne à l’ombre d’un État indépendant de droit et des institutions. Dès lors, avait-il précisé, il ne faut pas prendre à une partie pour donner à une autre, tout le monde devant au contraire s’offrir à l’État rassembleur. sans qu’il y ait une frange opprimée et l’autre dominante. Il avait répété que ce serait une grave illusion pour une composante de penser qu’elle pourrait imposer ses vues aux autres, en marginalisant, en victimisant une fraction déterminée. Il avait enfin invité, en substance, à la réforme de la société, sans que personne ne tourne le dos à autrui.
C’est donc un esprit de cimentation, dans le respect des particularismes, qui animait les législateurs réunis à Taëf. Mais ce climat ne s’est pas perpétué par la suite, à cause d’une pratique défectueuse qui a tronqué Taëf. Or l’accord consistait en un tout aux parties indissociables et le fait que ses dispositions n’aient pas été complètement appliquées, ou se sont trouvées détournées et trahies, l’a dénaturé. En effet, aucune des lois électorales votées par la suite n’en a respecté les préceptes visant à doter le pays d’une saine représentation parlementaire étendue à toutes ses composantes. Au sein de la Chambre, la parité entre musulmans et chrétiens n’est qu’apparente. De même, il n’y a eu aucun gouvernement d’entente nationale effective. Le quorum des deux tiers a été établie, pour la réunion du Conseil des ministres, afin que la participation aux décisions soit bien assurée et qu’elles ne soient pas prises d’une manière unilatérale. Dans ce cadre, la règle de base reste le consensus et veut que les décrets soient arrêtés d’un commun accord, le recours au vote ne devant être qu’exceptionnel.
Pour remédier aux dérives, Husseini souligne qu’il faut tout d’abord une loi électorale juste, équilibrée, s’inspirant de l’esprit même de Taëf comme de sa lettre. Ce qui signifie que si la formation d’un gouvernement devait se faire d’une manière non représentative, il appartient au chef de l’État, en tant que régulateur, de gommer les disparités.
Pour Husseini, Taëf peut se comparer à une ordonnance médicale. Si le pharmacien ne respecte pas les prescriptions de composition du médicament, la faute n’en revient ni à l’ordonnance elle-même ni au médecin qui l’a rédigée. Or c’est aux textes comme au praticien que l’on s’en prend actuellement.
D’autre part, on relève dans le Nahar, sous la plume de l’économiste Toufic Gaspard, ce jugement qui traduit les vues du monde économique : «La crise est certes de nature économique. Mais le début d’une vraie solution ne peut être que politique. » Le spécialiste précise que pour fonder une nation démocratique stable, gage d’une économie prospère, il faut une véritable entente nationale articulée sur le Taëf d’origine et non sur le système que l’on en a tiré. Étant entendu que le Liban doit être libre, dégagé de toute tutelle. Gaspard ajoute qu’il faut une réforme administrative autant que judiciaire ainsi qu’un pouvoir focalisé sur le développement.
Émile KHOURY
Père des accords de Taëf, le président Hussein Husseini pense qu’il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs. À son avis, avant de changer ce pacte, en modifiant la Constitution, il faut en parachever l’exécution. Pour voir, une fois que tous les articles auront été concrétisés, si la formule finale est bonne ou pas pour le pays. D’ailleurs pour lui, le problème...