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Terrorisme - Les deux victimes avaient séjourné la semaine dernière au Liban Le drame de Jihad Dalloul et de Oudaï Sadek, tués dans les attentats de Ryad(photo)

Le bilan des attentats de Ryad s’est encore alourdi. Hier, le ministère des Affaires étrangères a communiqué le nom d’un nouveau tué, qui figurait la veille parmi les blessés : Oudaï Sadek, palestinien, qui porte des documents de voyage libanais. La mort de Jihad Dalloul, 31 ans, originaire de la Békaa, avait été confirmée par les autorités mardi en soirée. Huit Libanais figuraient hier parmi les blessés des attentats de Ryad : Eddy Ghosn, Ghassan Jarrar, Abdelkarim Assaad, Haby Itani, Élie Fayad, Nehmé Sabbagh, Kamal Saad et un homme de la famille Yatim dont le prénom demeure inconnu. Tous vivaient dans le complexe résidentiel al-Hamra, l’un des trois centres cibles des kamikazes comprenant 280 petites et grandes villas. Ces complexes, construits dans la capitale et les grandes villes saoudiennes, sont gardés par d’imposants murs d’enceinte et des dizaines de vigiles. Leurs entrées sont surveillées 24 heures sur 24 par des caméras. Ils n’abritent pas uniquement des Américains mais aussi des dizaines de milliers d’étrangers de toutes nationalités, notamment des Britanniques, des Néerlandais, des Turcs et des Libanais. Le centre d’al-Hamra, première cible des terroristes dans la nuit de lundi à mardi, abritait surtout des expatriés qui occupent des postes de responsabilité dans des entreprises établies à Ryad, travaillent dans l’industrie pétrolière ou encore enseignent dans les écoles et les universités de la capitale saoudienne. Zahlé, secteur al-Karkar. Les proches commencent à affluer à la maison de Jihad Mohammed Dalloul, cadet d’une famille de trois enfants. « Que Dieu préserve tes parents, tes sœurs et tes frères, le mien est mort pour rien. » C’est ainsi qu’Arlette, la sœur aînée de Jihad Mohammed Dalloul, répond aux amis, aux voisins et aux parents qui lui téléphonent ou qui l’embrassent pour présenter leurs condoléances. Malgré plusieurs téléphones portables qui sonnent en même temps et des proches qui entrent dans la chambre à coucher pour la réconforter ou encore pour demander certaines informations, la jeune femme réussit à préserver son calme, ne perd pas le fil de ses idées. Son père, cousin de l’ancien ministre Mohsen Dalloul, reçoit les condoléances au salon. Sa mère a pris place à l’entrée de la maison, presque sur le pas de la porte, elle est pâle, livide, sans forces... Elle n’arrive toujours pas à réaliser que son fils unique a péri. Même si la nouvelle est vite parvenue à la famille, la mère de Jihad a préféré croire les informations diffusées, jusqu’à hier matin, par certains médias : « Jihad Dalloul figure parmi les blessés », annonçait-on encore. « Nous aurions aimé que mon frère reste en vie, mais l’information est fausse. Comment peut-on se jouer ainsi des sentiments des familles des victimes, en leur donnant des espoirs vains ? » se demande Arlette qui veut s’habituer à l’idée que son frère « ne sera plus là pour elle et pour le reste de la famille ». «Qu’il soit à Paris, à Dubaï ou à Ryad, il téléphonait tous les jours à la maison, prenait des nouvelles de tout le monde et si parfois il sentait que maman n’allait pas bien, il s’inquiétait et me contactait aussitôt », dit-elle. La jeune femme marque une pause, puis poursuit d’une voix à peine audible : « Mais hier et aujourd’hui, il n’a pas appelé. » Âgé de 31 ans, Jihad Dalloul, originaire de Ali Nahri (Békaa), est directeur d’une entreprise de télécommunications arabe, al-Raëda, opérant en France, au Liban, au Maroc, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. « Mon frère devait rentrer aujourd’hui de Ryad, on l’attendait à Zahlé en début de soirée », raconte Arlette. Depuis le déclenchement de la guerre du Golfe, Jihad, qui travaillait notamment entre Paris, Beyrouth et Dubaï, remettait à plus tard son voyage pour la capitale saoudienne. C’est lundi en début de soirée, quelques heures avant l’attentat qui a touché, dans la nuit de lundi à mardi, les trois complexes résidentiels, que le jeune homme a emprunté le vol Dubaï-Ryad. « Il nous a téléphoné de l’aéroport émirati avant de prendre le vol et selon ses amis, qui ont eux-mêmes reconnu le cadavre, il est arrivé chez lui, dans sa maison située au complexe résidentiel al-Hamra, vers 21 heures. Il jouait aux cartes au moment de l’attentat », enchaîne la sœur de la victime. « Mon frère aime jouer aux cartes, il aime sortir dîner, aller au cinéma, et quand il a un moment de libre en hiver, il va à Faraya skier », dit-elle. « Il est plein de vie, dynamique et ambitieux. Grâce à son travail, il a presque fait le tour du monde. Il est amoureux du Maroc et de Paris », poursuit-elle. Arlette se tait, marque encore une pause et balbutie qu’elle ne parvient pas à comprendre, accepter le fait et s’habituer une fois pour toutes à l’idée que son frère est mort... « Dans la nuit de lundi à mardi, quand nous avons vu les nouvelles, nous avons essayé de joindre Jihad des heures durant, mais on tombait tout le temps sur sa messagerie », indique Arlette, qui sait que son frère ne transfère jamais les coups de fil des membres de sa famille à sa boîte de messagerie vocale. « Puis on nous a dit qu’il figurait parmi les blessés, mais c’est vers 14 heures, mardi, que ses amis présents à Ryad nous ont confirmé la nouvelle », dit-elle. Jihad sortait souvent avec sa famille. Il se rendait avec son père, sa mère, ses deux sœurs et souvent ses cousins dans les restaurants libanais de Zahlé et du centre-ville de Beyrouth. « Depuis quelques mois, il était au régime, il a perdu 15 kilos. La semaine dernière, avant qu’il ne parte pour Dubaï, nous avons fait les magasins ensemble. Il était tout fier d’avoir perdu trois tailles », dit encore Arlette. Malgré l’important poste qu’il occupait, le jeune homme avait préservé son âme d’enfant. Sa sœur aînée se souvient que pour le mariage de leur benjamine, Samar, après la cérémonie, et pour surprendre le nouveau couple, Jihad s’était glissé dans le lit nuptial avant leur arrivée. « Parfois, quand nous avions un moment de libre, on jouait à cache-cache à la maison, tout à fait comme on faisait quand on était petits », raconte Arlette. Jihad, qui se déplaçait beaucoup et qui devait rentrer hier soir à Beyrouth, était la semaine dernière encore au Liban. Le jeune homme, qui rêvait de monter un jour sa propre entreprise, avait suivi des études scolaires au Collège des pères antonins de Zahlé et était diplômé en marketing de la Lebanese American University. Hier en soirée, la dépouille mortelle de Oudaï Mohammed Sadek est arrivée à l’aéroport de Beyrouth. Âgé de 39 ans, le jeune homme, d’origine palestinienne né au Liban, était ingénieur civil auprès de l’entreprise internationale Sisco System. Cadet d’une famille de trois enfants, Oudaï était père d’une fille de quatre ans, Sara. « Son épouse, qui était tout près de lui au moment de l’attentat et qui est arrivée hier à l’AIB, devrait accoucher dans les mois à venir », nous a rapporté au téléphone la mère de la victime, Nadwa. Scolarisé au Koweït, Oudaï, détenteur d’un passeport australien, avait poursuivi ses études universitaires à Sydney. Il détient plusieurs diplômes dont un doctorat en génie civil. Résidant depuis sept ans en Arabie saoudite, Oudaï revenait souvent voir sa famille qui habite la ville de Saïda. La semaine dernière, il avait passé trois jours au Liban pour rentrer à Ryad samedi, deux jours avant l’attentat : il était venu au chevet de son père hospitalisé. Hier soir, Mohammed Sadek, dont l’état de santé restait précaire, ignorait toujours que son fils avait été atteint d’un éclat d’obus au cou qui l’a tué sur-le-champ. Patricia KHODERLe bilan des attentats de Ryad s’est encore alourdi. Hier, le ministère des Affaires étrangères a communiqué le nom d’un nouveau tué, qui figurait la veille parmi les blessés : Oudaï Sadek, palestinien, qui porte des documents de voyage libanais. La mort de Jihad Dalloul, 31 ans, originaire de la Békaa, avait été confirmée par les autorités mardi en soirée. Huit Libanais figuraient hier parmi les blessés des attentats de Ryad : Eddy Ghosn, Ghassan Jarrar, Abdelkarim Assaad, Haby Itani, Élie Fayad, Nehmé Sabbagh, Kamal Saad et un homme de la famille Yatim dont le prénom demeure inconnu. Tous vivaient dans le complexe résidentiel al-Hamra, l’un des trois centres cibles des kamikazes comprenant 280 petites et grandes villas. Ces complexes, construits dans la capitale et les grandes villes saoudiennes, sont gardés par d’imposants murs d’enceinte et des dizaines de vigiles. Leurs entrées sont surveillées 24 heures sur 24 par des caméras. Ils n’abritent pas uniquement des Américains mais aussi des dizaines de milliers d’étrangers de toutes nationalités, notamment des Britanniques, des Néerlandais, des Turcs et des Libanais. Le centre d’al-Hamra, première cible des terroristes dans la nuit de lundi à mardi, abritait surtout des expatriés qui occupent des postes de responsabilité dans des entreprises établies à Ryad, travaillent dans l’industrie pétrolière ou encore enseignent dans les écoles et les universités de la capitale saoudienne. Zahlé, secteur al-Karkar. Les proches commencent à affluer à la maison de Jihad Mohammed Dalloul, cadet d’une famille de trois enfants. « Que Dieu préserve tes parents, tes sœurs et tes frères, le mien est mort pour rien. » C’est ainsi qu’Arlette, la sœur aînée de Jihad Mohammed Dalloul, répond aux amis, aux voisins et aux parents qui lui téléphonent ou qui l’embrassent pour présenter leurs condoléances. Malgré plusieurs téléphones portables qui sonnent en même temps et des proches qui entrent dans la chambre à coucher pour la réconforter ou encore pour demander certaines informations, la jeune femme réussit à préserver son calme, ne perd pas le fil de ses idées. Son père, cousin de l’ancien ministre Mohsen Dalloul, reçoit les condoléances au salon. Sa mère a pris place à l’entrée de la maison, presque sur le pas de la porte, elle est pâle, livide, sans forces... Elle n’arrive toujours pas à réaliser que son fils unique a péri. Même si la nouvelle est vite parvenue à la famille, la mère de Jihad a préféré croire les informations diffusées, jusqu’à hier matin, par certains médias : « Jihad Dalloul figure parmi les blessés », annonçait-on encore. « Nous aurions aimé que mon frère reste en vie, mais l’information est fausse. Comment peut-on se jouer ainsi des sentiments des familles des victimes, en leur donnant des espoirs vains ? » se demande Arlette qui veut s’habituer à l’idée que son frère « ne sera plus là pour elle et pour le reste de la famille ». «Qu’il soit à Paris, à Dubaï ou à Ryad, il téléphonait tous les jours à la maison, prenait des nouvelles de tout le monde et si parfois il sentait que maman n’allait pas bien, il s’inquiétait et me contactait aussitôt », dit-elle. La jeune femme marque une pause, puis poursuit d’une voix à peine audible : « Mais hier et aujourd’hui, il n’a pas appelé. » Âgé de 31 ans, Jihad Dalloul, originaire de Ali Nahri (Békaa), est directeur d’une entreprise de télécommunications arabe, al-Raëda, opérant en France, au Liban, au Maroc, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite. « Mon frère devait rentrer aujourd’hui de Ryad, on l’attendait à Zahlé en début de soirée », raconte Arlette. Depuis le déclenchement de la guerre du Golfe, Jihad, qui travaillait notamment entre Paris, Beyrouth et Dubaï, remettait à plus tard son voyage pour la capitale saoudienne. C’est lundi en début de soirée, quelques heures avant l’attentat qui a touché, dans la nuit de lundi à mardi, les trois complexes résidentiels, que le jeune homme a emprunté le vol Dubaï-Ryad. « Il nous a téléphoné de l’aéroport émirati avant de prendre le vol et selon ses amis, qui ont eux-mêmes reconnu le cadavre, il est arrivé chez lui, dans sa maison située au complexe résidentiel al-Hamra, vers 21 heures. Il jouait aux cartes au moment de l’attentat », enchaîne la sœur de la victime. « Mon frère aime jouer aux cartes, il aime sortir dîner, aller au cinéma, et quand il a un moment de libre en hiver, il va à Faraya skier », dit-elle. « Il est plein de vie, dynamique et ambitieux. Grâce à son travail, il a presque fait le tour du monde. Il est amoureux du Maroc et de Paris », poursuit-elle. Arlette se tait, marque encore une pause et balbutie qu’elle ne parvient pas à comprendre, accepter le fait et s’habituer une fois pour toutes à l’idée que son frère est mort... « Dans la nuit de lundi à mardi, quand nous avons vu les nouvelles, nous avons essayé de joindre Jihad des heures durant, mais on tombait tout le temps sur sa messagerie », indique Arlette, qui sait que son frère ne transfère jamais les coups de fil des membres de sa famille à sa boîte de messagerie vocale. « Puis on nous a dit qu’il figurait parmi les blessés, mais c’est vers 14 heures, mardi, que ses amis présents à Ryad nous ont confirmé la nouvelle », dit-elle. Jihad sortait souvent avec sa famille. Il se rendait avec son père, sa mère, ses deux sœurs et souvent ses cousins dans les restaurants libanais de Zahlé et du centre-ville de Beyrouth. « Depuis quelques mois, il était au régime, il a perdu 15 kilos. La semaine dernière, avant qu’il ne parte pour Dubaï, nous avons fait les magasins ensemble. Il était tout fier d’avoir perdu trois tailles », dit encore Arlette. Malgré l’important poste qu’il occupait, le jeune homme avait préservé son âme d’enfant. Sa sœur aînée se souvient que pour le mariage de leur benjamine, Samar, après la cérémonie, et pour surprendre le nouveau couple, Jihad s’était glissé dans le lit nuptial avant leur arrivée. « Parfois, quand nous avions un moment de libre, on jouait à cache-cache à la maison, tout à fait comme on faisait quand on était petits », raconte Arlette. Jihad, qui se déplaçait beaucoup et qui devait rentrer hier soir à Beyrouth, était la semaine dernière encore au Liban. Le jeune homme, qui rêvait de monter un jour sa propre entreprise, avait suivi des études scolaires au Collège des pères antonins de Zahlé et était diplômé en marketing de la Lebanese American University. Hier en soirée, la dépouille mortelle de Oudaï Mohammed Sadek est arrivée à l’aéroport de Beyrouth. Âgé de 39 ans, le jeune homme, d’origine palestinienne né au Liban, était ingénieur civil auprès de l’entreprise internationale Sisco System. Cadet d’une famille de trois enfants, Oudaï était père d’une fille de quatre ans, Sara. « Son épouse, qui était tout près de lui au moment de l’attentat et qui est arrivée hier à l’AIB, devrait accoucher dans les mois à venir », nous a rapporté au téléphone la mère de la victime, Nadwa. Scolarisé au Koweït, Oudaï, détenteur d’un passeport australien, avait poursuivi ses études universitaires à Sydney. Il détient plusieurs diplômes dont un doctorat en génie civil. Résidant depuis sept ans en Arabie saoudite, Oudaï revenait souvent voir sa famille qui habite la ville de Saïda. La semaine dernière, il avait passé trois jours au Liban pour rentrer à Ryad samedi, deux jours avant l’attentat : il était venu au chevet de son père hospitalisé. Hier soir, Mohammed Sadek, dont l’état de santé restait précaire, ignorait toujours que son fils avait été atteint d’un éclat d’obus au cou qui l’a tué sur-le-champ. Patricia KHODER
Le bilan des attentats de Ryad s’est encore alourdi. Hier, le ministère des Affaires étrangères a communiqué le nom d’un nouveau tué, qui figurait la veille parmi les blessés : Oudaï Sadek, palestinien, qui porte des documents de voyage libanais. La mort de Jihad Dalloul, 31 ans, originaire de la Békaa, avait été confirmée par les autorités mardi en soirée. Huit...