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CIMAISES L’Iran expose Arman, maître du « nouveau réalisme »(photo)

L’Iran consacre l’une de ses rares rétrospectives personnelles à un homme qui, alors inconnu, avait tenu sa première exposition sous son nom dans un lycée de Téhéran, 46 ans plus tôt, avant de devenir un géant de la création contemporaine sous le patronyme d’Arman. Arman se rappelle en effet qu’il était « venu en Iran à l’époque ». C’était avec un ami, un père dominicain à la tête d’une mission archéologique. En sondant la masse des souvenirs d’un homme de 74 ans qui a connu bien des gloires depuis, il se souvient de l’impression que lui a faite un « artisanat très puissant ». En fouillant encore, il retrouve « une œuvre de 1962, un moulin à café découpé en tranches (qu’il avait) appelé Ruines de Persépolis », évocation du prestigieux site archéologique du sud de l’Iran. De ce séjour en effet, « ce qui m’est resté, ce sont surtout les recherches archéologiques ». Daniel Abadie, le directeur de la Galerie nationale du Jeu de paume à Paris, lui enrichit le souvenir. « Lui et sa femme étaient venus en 2 CV de la Côte d’Azur pour accompagner la mission. À Téhéran, un proche lui avait demandé pourquoi il ne montrerait pas ses œuvres. Il n’avait jusqu’alors participé qu’à des expositions collectives. » « Cela s’est fait au lycée français de Téhéran, poursuit M. Abadie. Sa femme et lui m’ont raconté qu’ils avaient eux-mêmes écrit les cartons légendant les œuvres, qui tenaient entières dans un rouleau de papier quand ils sont repartis. » La Citroën de l’époque serait bien encombrée aujourd’hui de la concrétion chars-béton réalisée pour célébrer la paix au Liban et intransportable, ou de certaines créations monumentales exhibées depuis mercredi au Musée d’art contemporain de Téhéran, tel Maldoror, compilation d’un piano à queue et de réverbères. Le Basque Armand Pierre Fernandez, dernier représentant illustre du « nouveau réalisme » européen qui faisait pendant avec Klein, Saint-Phalle et Tinguely au pop art américain, n’avait pas revu l’Iran depuis cette exposition. Il y était pourtant admiré. Quatre de ses œuvres, acquises sous le régime impérial, sont en Iran, dont deux au Musée d’art contemporain de Téhéran. Il a fallu l’intercession d’un autre artiste pour qu’Arman expose en Iran. Daniel Abadie tenait absolument à une sculpture d’Eduardo Chillida, disposée dans le parc du musée de Téhéran pour une rétrospective consacrée au Basque, voilà quelques années. La difficulté à l’obtenir n’augurait pas de la relation qui s’est ensuite instaurée entre Daniel Abadie et le directeur de la galerie téhéranaise, Ali Reza Sami Azar. Les Iraniens avaient consenti au bout d’un an à laisser partir leur Chillida contre la promesse qu’elle serait restaurée. Après avoir longtemps recherché les causes de son mal, les experts avaient compris que la sculpture, exposée depuis 22 ans à un jet d’eau, s’était couverte d’une anodine calcite. L’affaire Arman a elle aussi « manqué capoter » à plusieurs reprises, rapporte Daniel Abadie. Deux années de travail ont été nécessaires pour montrer 70 œuvres du milieu des années 50 à nos jours, des Grands déchets bourgeois - accumulation d’ordures ménagères (1959) à Arsenic et vieilles dentelles - fauteuil et harpe (1999). Depuis la rétrospective montrée en 1998 à Paris, puis dans le monde entier, « l’esprit n’a pas été changé » pour l’Iran islamique, assure Daniel Abadie. Il a seulement fallu « limiter les zones d’emprunt » pour des raisons logistiques. Téhéran se retrouve ainsi avec « plus de poubelles », signées Arman, que Paris. Il a quand même fallu remballer à l’arrivée Reflections in Desire, des photos de nus extraites de revues masculines et vues à travers des prismes de plexiglas. À 74 ans, selon M. Abadie, Arman crée plus que jamais. « Il se dépêche. Il a toujours voulu être peintre. Il est revenu à la peinture il y a six ou huit mois. » À Téhéran, Arman citait un de ses meilleurs amis, le peintre Yves Klein : « L’art, c’est d’être en bonne santé. »
L’Iran consacre l’une de ses rares rétrospectives personnelles à un homme qui, alors inconnu, avait tenu sa première exposition sous son nom dans un lycée de Téhéran, 46 ans plus tôt, avant de devenir un géant de la création contemporaine sous le patronyme d’Arman. Arman se rappelle en effet qu’il était « venu en Iran à l’époque ». C’était avec un ami, un...