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Arrêt sur image Les mots perdus

On a beaucoup écrit et dit que le conflit irakien avait été – surtout – une guerre des images. C’est indéniable: l’image a été un instrument de propagande au service des uns et des autres. Mais il y a une autre guerre: celle des mots. Telle que perçue à la télévision, elle aura été le plus souvent incongrue. J’ai vu monter aux créneaux, non pas des combattants mais des puristes de la langue s’opposer sur la manière d’orthographier le nom d’une ville. Basra ou Bassorah? Comme si cela avait de l’importance à l’heure où l’on s’entretuait autour de son port. Pour ma part, dans mes manuels de géographie – même si cela remonte au déluge, – on écrivait «Bassorah». Où est le mal? D’autant plus que même le pays en question peut être orthographié Irak ou Iraq. Le Larousse admet les deux. Où est le problème? Les puristes de la langue auraient dû s’intéresser davantage à ce ministre de l’Information, complètement désinformé, qui débitait n’importe quoi. Comme cette comparaison du siège de Bagdad à celui de Diên Biên Phu. Il semblait ignorer que ce furent les assaillants qui triomphèrent. Et toujours à propos de mots, alors que ce fin stratège annonçait triomphalement pour les heures à venir une offensive – qui ne vint jamais –, il emprunta à l’ennemi honni le terme de «Unconventional Action», n’ayant pas trouvé dans sa langue, l’arabe, le mot équivalent. Pas plus stratège que linguiste! Et dire que cela a suffi pour faire de lui un héros aux yeux de ceux qui confondent franc-parler avec manque d’éthique. Par contre, des héros, de vrais, il y en eut. Pour ma part, je retiendrai de ce conflit non pas la baudruche en béret mais la dizaine de journalistes qui ont sacrifié leur vie au service de leur métier, afin que nous puissions vivre cette guerre en direct, aussi bien à partir de la pelouse de l’hôtel Palestine que des blindés fonçant dans le désert. Et ces héros sont morts, pour nous, dans un pays qui s’écrit aussi bien avec un «K» qu’avec un «Q». Alain PLISSON P.S.: Les mots perdus, film canadien de Marcel Simard avec Rita Doll.
On a beaucoup écrit et dit que le conflit irakien avait été – surtout – une guerre des images. C’est indéniable: l’image a été un instrument de propagande au service des uns et des autres. Mais il y a une autre guerre: celle des mots. Telle que perçue à la télévision, elle aura été le plus souvent incongrue. J’ai vu monter aux créneaux, non pas des combattants mais des...