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Infrastructure - Une campagne de suppression des branchements illicites sera prochainement lancée, annonce Beydoun Le Conseil des ministres adopte un calendrier-programme pour régler les problèmes de l’électricité(photo)

Plus que les décisions adoptées en Conseil des ministres pour en finir avec les déficiences du secteur de l’électricité, c’est leur suivi qui importe. Car les mesures annoncées hier, en vue d’un règlement des problèmes endémiques de la distribution du courant ainsi que du déficit financier permanent de l’EDL, sont pratiquement les mêmes que celles qui sont serinées depuis des années : améliorer la perception des factures, compléter l’installation de compteurs, achever les travaux entrepris sur le réseau, utiliser le gaz au lieu du fuel pour produire l’électricité et étudier la possibilité de profiter de l’énergie solaire dans le même but... La liste est longue. Sauf que, cette fois, le Conseil des ministres a assorti d’un calendrier son « programme de redressement » du secteur de l’électricité. Il a fixé des délais pour certains travaux et a décidé de tenir tous les deux mois une réunion d’évaluation, a-t-on appris de sources ministérielles. Le Conseil des ministres, qui s’est réuni hier sous la présidence du chef de l’État, le général Émile Lahoud, a ainsi pris deux principaux engagements : clôturer une fois pour toutes le dossier de l’électricité et suivre de près les étapes devant permettre d’atteindre cet objectif. « Nous devons fixer des dates, un calendrier-programme auquel le Conseil des ministres devra se conformer », a annoncé d’emblée le chef de l’État, qui a souligné la nécessité d’adopter des « décisions pratiques ». « Je ne veux surtout pas qu’on fasse comme dans le passé, lorsqu’on prenait des décisions qui restaient lettre morte », a-t-il ajouté. La séance, consacrée uniquement au dossier de l’électricité, a été divisée en deux parties : la première a été consacrée aux deux exposés de MM. Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, ministre de l’Électricité et de l’Eau, et Kamal Hayek, PDG de l’EDL, qui ont dressé chacun un état des lieux et expliqué, avec une projection de diapositives, les mesures susceptibles de contribuer à l’assainissement du secteur de l’électricité. La deuxième partie a été consacrée au débat, qui a été lancé par le chef du gouvernement, Rafic Hariri. Prenant la parole après l’intervention du chef de l’État, M. Hariri a indiqué qu’il souhaite des précisions au sujet de quatre points : les projets de liaison, l’installation de compteurs, le dossier des concessions et la tarification. À tour de rôle, les ministres ont fait part de leurs commentaires et ont posé des questions sur presque tous les points soulevés, ce qui a conféré au débat un caractère quelque peu chaotique, auquel le chef de l’État s’est empressé de mettre un terme. Le général Lahoud a proposé que chaque point fasse l’objet d’une discussion avant de passer à un autre. Et c’est ainsi que presque toutes les propositions de MM. Beydoun et Hayek ont été disséquées. Au sujet du recours au gaz naturel pour la production de l’énergie électrique, le général Lahoud a réclamé des informations précises au sujet de la différence, sur tous les plans, entre l’utilisation du gaz et du fuel. Il a requis l’élaboration, dans les plus brefs délais, d’un rapport à ce sujet, avant de s’interroger sur le sort des études faites dans le passé au sujet du l’électricité, ainsi que sur le sort d’un projet d’adjudication d’une centrale de production de l’énergie, qui remonte à 1994. Vol et factures impayées Les points sur lesquels le Conseil des ministres s’est attardé sont nombreux. On s’arrêtera particulièrement sur le problème de la perception des factures, une des principales causes des problèmes financiers de l’EDL. De sources ministérielles, on indique que le gouvernement a insisté, à l’unanimité, sur la nécessité d’en finir avec le vol du courant et l’accumulation des factures impayées. Le général Lahoud a souligné que la perception des quittances et la lutte contre les branchements illicites ne doivent pas se concentrer sur Beyrouth et le Mont-Liban, affirmant que le même mécanisme doit être appliqué partout au Liban, avant d’informer le PDG de l’EDL qu’il peut, le cas échéant, solliciter le concours des forces de l’ordre, qui escorteront les équipes chargées de supprimer les branchements illicites et de collecter les factures. D’autres sources ministérielles ont cependant fait part de leur scepticisme quant à la possibilité de régler ce problème, qui dure depuis de nombreuses années. De mêmes sources ont jugé difficile de poursuivre en justice des abonnés qui ont des difficultés à régler le montant de leurs factures. Pour ces sources, le problème peut être atténué mais pas réglé. Il y a lieu de préciser dans ce cadre que les factures impayées représentent 37 % du gaspillage du courant, contre 15 % pour l’énergie non facturée et 10 % pour les pertes de charge. Quant à la dette générale de l’EDL, elle s’élève à 94 milliards de dollars. Quoi qu’il en soit, l’État semble déterminé à sévir contre les mauvais payeurs. Dans son rapport, M. Hayek avait souligné l’insuffisance du nombre d’ouvriers, de techniciens et de contrôleurs à l’EDL. Le général Lahoud lui a demandé de dresser le bilan des travailleurs et de procéder à une nouvelle répartition des tâches, qui aiderait à combler certaines vacances. S’il s’avère nécessaire de faire appel à un plus grand nombre d’employés, l’EDL sera alors autorisée à procéder à de nouveaux recrutements. Selon des sources ministérielles, le gouvernement se réunira une fois tous les deux mois pour évaluer l’exécution des décisions. Au terme de la réunion, qualifiée de calme par tous les ministres – M. Hariri a indiqué qu’elle « portait sur l’électricité sans être électrique » –, M. Beydoun a annoncé que la campagne de suppression des branchements illicites sera lancée prochainement. Elle devra être terminée à la fin de l’année, a-t-il dit, soulignant que des mesures seront prises à l’encontre des contrevenants. Le ministre a en outre nié l’existence de divergences entre son rapport et celui du PDG de l’EDL. Les résolutions Le Conseil des ministres a pris une série de décisions s’inscrivant dans le cadre d’un calendrier précis. Les mesures visant à mettre en application ces décisions seront soumises chaque deux mois au Conseil des ministres. Parmi ces décisions : Au niveau du secteur de la production : - Achever l’installation d’ici à novembre 2003 de la ligne de transport du gaz de Syrie jusqu’à Deir Ammar. - Exécuter l’installation de la ligne de transport du gaz de Jordanie et de Syrie jusqu’au Liban-Sud, conformément aux accords arabes. - Étudier la possibilité d’avoir recours à l’énergie solaire pour la production de l’électricité. - Approuver l’achat des pièces de rechange nécessaires pour les usines de Zouk et de Jiyeh. - Achever d’ici à un an l’automatisation du travail dans tous les dépôts de l’EDL. - Conclure un contrat avec une société qui serait chargée de contrôler les dépôts et les usines de production. Au niveau du secteur de transport : - Exécuter dans un délai de six mois le réseau de 220 kilovolts. Un rapport sera présenté sur ce plan chaque deux mois, en coordination avec le Conseil du développement et de la reconstruction. - Demander à l’EDL d’exécuter dans un délai maximum de deux mois tous les décrets d’expropriation. Chaque décret devra être soumis séparément au Conseil des ministres. - Accélérer l’exécution, dans un délai de six mois, de la première phase de la liaison entre les six pays de la région. - Demander au CDR de présenter un rapport sur l’adjudication du centre national de commande afin de préciser les délais de l’adjudication et de l’exécution. - Demander à l’EDL d’adjuger l’exécution des deux centrales de transformation de Saïda et de Baalbeck, dans un délai de six mois. Au niveau du secteur de distribution : - Demander à l’EDL d’œuvrer à réduire la proportion de gaspillage au niveau de la perception des factures. L’EDL devra lutter contre les branchements illicites, de manière à les faire passer de 27 à 10 pour cent avant la fin de l’année. - Demander au ministère de la Justice d’accélérer l’étude des procès-verbaux portant sur les infractions. - Émettre des mandats de recouvrement portant sur les montants dus par tous ceux qui consomment le courant électrique. - Demander au ministère de la Justice d’élaborer un projet de loi abolissant la sanction pénale au cas où la facture serait réglée avant l’annonce du verdict. - Demander à l’EDL d’installer des compteurs à l’extrémité des lignes de moyenne tension de manière à éviter les branchements illicites d’ici à la fin de l’année. - Confirmer les décisions précédentes concernant le recours aux forces de l’ordre pour seconder les équipes de l’EDL en cas de besoin. Au niveau des concessions : Charger le ministre Bahige Tabbarah d’étudier le dossier de la concession de Kadicha afin de proposer la solution adéquate concernant le statut juridique de cette concession. Demander au ministère de l’Énergie de charger le bureau de contrôle de l’EDL d’examiner les dossiers des concessions de Bhamdoun, Zahlé, Jbeil et Bared sur les plans financier et administratif. Le ministère devra présenter un rapport sur ce plan. Au niveau financier : - Demander à l’EDL de transférer au ministère des Finances les factures dues par les administrations et les institutions publiques afin que le ministère en assure le règlement. - Verser toutes les dettes dues à la Syrie du fait de l’acheminement (vers le Liban) du courant électrique. Le gouvernement remercie à cet égard le président Bachar el-Assad pour sa décision de réduire ces dettes de cinquante pour cent.
Plus que les décisions adoptées en Conseil des ministres pour en finir avec les déficiences du secteur de l’électricité, c’est leur suivi qui importe. Car les mesures annoncées hier, en vue d’un règlement des problèmes endémiques de la distribution du courant ainsi que du déficit financier permanent de l’EDL, sont pratiquement les mêmes que celles qui sont serinées...