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Presse - Un article publié par le «Nahar» suscite le courroux de Taha Saboungi Les atteintes à la liberté d’expression n’ont plus de limites

Les atteintes à la liberté d’expression n’ont décidément pas de limites au Liban. Un article ayant pour titre « Lettre à Dieu », publié hier dans an-Nahar par notre confrère Akl Awit, a suscité la colère du mufti de Tripoli, Taha Saboungi, et un groupe d’ulémas, qui se sont empressés de tenir une réunion à Dar el-Fatwa et de publier un communiqué extrêmement violent à l’égard d’an-Nahar, qu’ils ont accusé de blasphémer. Ils ont été jusqu’à menacer d’interdire la distribution du journal et de brûler les copies du quotidien dans la capitale du Liban-Nord, foulant aux pieds la liberté de croyance et de pensée, défendue en soirée par le PDG du quotidien, M. Gebrane Tuéni. L’article en question est axé sur la crise irakienne, l’auteur appelant Dieu à ne plus « rester passif » et à intervenir afin de juguler les ardeurs des dirigeants américains contre l’Irak. Dans une interview à la LBCI, cheikh Taha Saboungi a vivement critiqué le journal pour avoir autorisé la publication de cet article qu’il a qualifié de « blasphématoire », prétendant que le texte est « plus nocif que le satanisme ». Il a appelé le parquet ainsi que les ministères de l’Intérieur et de l’Information à réagir. De son côté, le PDG d’an-Nahar a mis l’accent sur la foi qui anime l’auteur de l’article et le journal « qui nous a donné la force de résister et de faire face à toutes les difficultés et aux complots ourdis contre le Liban et la liberté ». « En plus de notre foi en Dieu, nous croyons surtout en la liberté d’opinion et de pensée », a-t-il ajouté, en reprochant vivement aux protestataires d’avoir « lu la moitié de l’article ou de l’avoir interprété à leur guise ». « Il est inutile de dire qui incite aujourd’hui aux provocations et qui a poussé et pousse toujours aux dissensions confessionnelles », a souligné M. Tuéni. « Nous considérons que ce communiqué (de Dar el-Fatwa à Tripoli) constitue une provocation, menace la paix civile et outrepasse l’État de droit, si l’État de droit existe vraiment », a ajouté M. Tuéni, indiquant qu’il aurait souhaité « une réponse plus civilisée » à l’article de M. Awit. Réagissant promptement aux menaces formulées plus tôt dans la journée à l’encontre du journal, la direction s’est empressée de saisir le parquet de la Cour de cassation de Beyrouth à qui elle a adressé une note d’information, relevant que le communiqué de Dar el-Fatwa « recèle une menace et une incitation à la discorde, formulées par des inconnus qui se sont réunis pour inciter aux atteintes à la liberté de pensée et d’opinion ». En soirée, les présidents des deux Ordres de la presse et des journalistes, MM. Mohammed Baalbacki et Melhem Karam, ont publié un communiqué commun dans lequel ils ont indirectement critiqué la réaction de Dar el-Fatwa, qui aurait dû, selon eux, saisir le parquet de cette affaire. « En appelant le ministère de l’Intérieur à agir pour “prendre les mesures qui s’imposent contre les profanateurs et les criminels”, selon ce qui a été publié dans le communiqué de Dar el-Fatwa à Tripoli, on ne fait qu’impliquer l’autorité exécutive dans une affaire qui relève de la justice », ont indiqué MM. Baalbacki et Karam. Ils ont en outre vu dans les appels à brûler les copies d’an-Nahar et à interdire sa distribution au Liban-Nord « une atteinte flagrante à l’ordre public, qu’il est du devoir de l’Exécutif d’empêcher, non par respect du principe de la séparation des pouvoirs, mais par respect, avant tout, de la liberté d’opinion et de la liberté de la presse, qui doivent être exercées dans le cadre de la loi ».
Les atteintes à la liberté d’expression n’ont décidément pas de limites au Liban. Un article ayant pour titre « Lettre à Dieu », publié hier dans an-Nahar par notre confrère Akl Awit, a suscité la colère du mufti de Tripoli, Taha Saboungi, et un groupe d’ulémas, qui se sont empressés de tenir une réunion à Dar el-Fatwa et de publier un communiqué extrêmement...