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Arrêt sur image La carte du cœur

La voix au bout du fil était celle d’une amie qui ne me voulait pas que du bien Et pour cause: elle avait quitté précipitamment la veille un dîner, afin d’être chez elle, comme Cendrillon, aux douze coups de minuit, pour assister à la diffusion d’un de ses films préférés, Splendor in the Grass. Elle attendit, attendit jusqu’au moment où, vaincue par le sommeil, elle alla se coucher en me maudissant dans son for intérieur. C’était moi, en effet, qui avais annoncé, ce soir-là et à cette heure, la projection du film d’Elia Kazan. Le lendemain matin, coup de téléphone et voix chargée de reproches. Et dire que la nuit porte conseil. Pour ma chance, il ne fut question ni d’insomnie ni de somnifères. N’empêche que j’étais sur le banc des accusés. Heureusement, ma défense était toute prête: ce n’est pas la première fois que pareille mésaventure m’arrive. Entre le moment où les programmes me sont communiqués par les intéressés (?) et le jour où ceux-ci sont diffusés, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts. Et les humeurs de nos programmateurs auront fluctué au gré des événements qui, le plus souvent, n’ont aucune incidence sur les émissions de télé. Ainsi, Splendor in the Grass avait été remplacé, aux dires de mon interlocutrice, «par une bêtise quelconque». Alors? La «déprogrammation sauvage» n’est pas un problème local. Récemment en France, notre confrère Télé 7 Jours a, sous la plume de son directeur de rédaction Patrick Mahé, consacré un dossier intitulé Halte aux chauffards de la télé, suite à l’indignation du public ainsi floué. Et le Conseil supérieur de l’audiovisuel dut intervenir pour demander à chacune des chaînes de rétablir sa programmation telle qu’annoncée initialement. Car, comme le concluait l’éditorialiste parisien, «à ce rythme-là, on tirera bientôt les programmes au sort.» Chez nous, on les choisira sans doute à la carte, comme dans les restaurants à la mode. Mais avec notre télévision, il est à parier que la carte sera certainement plus alléchante que ce qui nous sera proposé. Sans aucune autre allusion à nos restaurants. Alain PLISSON P.S.: La carte du cœur (Playing by Heart), film de Willard Carroll avec Sean Connery, Gena Rowlands.
La voix au bout du fil était celle d’une amie qui ne me voulait pas que du bien Et pour cause: elle avait quitté précipitamment la veille un dîner, afin d’être chez elle, comme Cendrillon, aux douze coups de minuit, pour assister à la diffusion d’un de ses films préférés, Splendor in the Grass. Elle attendit, attendit jusqu’au moment où, vaincue par le sommeil, elle alla se...