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Trois spécialistes défendent leur doctrine médicale Homéopathie ou allopathie : quelle pratique privilégier ?

L’homéopathie est-elle complémentaire à l’allopathie, mieux connue sous le nom de médecine classique ? Peut-elle la remplacer dans le traitement de certaines maladies ? Quels sont les principes de cette médecine dite douce ? Pourquoi devons-nous la privilégier ? Des questions auxquelles ont essayé de répondre des homéopathes au cours d’une conférence organisée récemment à l’auditorium de l’Hôtel-Dieu de France.Les conférenciers avaient une double tâche à accomplir : défendre leur pratique et convaincre les médecins présents de son efficacité, d’autant que certains n’y croient pas. Mme Simone Richa Aoudé, docteur en pharmacie, a rappelé l’historique de l’homéopathie et exposé ses principes. « Le père de cette doctrine médicale est le médecin allemand Samuel Hahnemann, né en 1755 », explique-t-elle. Insatisfait de la médecine officielle de l’époque et gêné par la toxicité des médicaments, il arrêta de pratiquer et voulut, à l’occasion de contradictions sur l’action du quinquina, en expérimenter lui-même les effets. Il en absorba quotidiennement de petites doses et s’aperçut que « le quinquina, qui détruit la fièvre de paludisme, provoque chez le sujet sain les apparences de la fièvre », poursuit le Dr Aoudé. Il en déduisit, après avoir effectué sur lui-même et sur plusieurs de ses amis la même expérience avec d’autres produits, la loi de similitude, qui est la loi essentielle de l’homéopathie, selon laquelle « une substance capable de provoquer des symptômes chez un sujet sain peut, à petites doses, guérir ces mêmes symptômes chez une personne malade ». Hahnemann a, par la suite, poussé ses recherches et publia plusieurs ouvrages, le plus important étant Matière médicale pure (1811), le livre de chevet des homéopathes. Exposant le principe de l’allopathie (méthode de traitement qui emploie des médicaments produisant des effets contraires à ceux de la maladie à combattre), le Dr Aoudé évoque les fausses idées concernant l’homéopathie : phytothérapie, vaccination, allergologie, philosophie, association impossible entre l’homéopathie et l’allopathie, etc. « La loi infinitésimale est un autre principe important de l’homéopathie », ajoute-t-elle. Pour éviter tout phénomène de toxicité, Hahnemann fut amené à réduire les doses. Il s’aperçut que la dose infinitésimale était suffisante pour le traitement des maladies et même plus active. « Toutefois, cette extrême dilution ne peut agir que si le médicament est bien choisi », indique le Dr Aoudé, qui s’attarde sur les techniques adoptées dans la préparation des médicaments homéopathiques, précisant que ces derniers sont indiqués « en particulier lors d’un traitement destiné à un nourrisson, une femme enceinte ou une personne âgée à qui l’on administre déjà de nombreux médicaments, ainsi que pour des pathologies courantes pour lesquelles une thérapeutique non agressive dénuée d’effets secondaires est souhaitable ». Et de conclure en insistant sur le fait que l’homéopathie doit être favorisée parce que « la loi de similitude respecte le mode de fonctionnement de l’organisme humain, que les doses infinitésimales sont dépourvues d’effets secondaires, et que c’est une pratique médicale efficace et sans danger qui accorde de l’intérêt aux symptômes des patients et à leur mode de vie ». Homéopathie contre placebo Quelle crédibilité pour l’homéopathie ? C’est la question à laquelle a tenté de répondre Krikor Sahakian, docteur en pharmacie. « L’homéopathie fait appel à un certain nombre de concepts auxquels nous ne sommes pas habitués, déclare-t-il. Hahnemann a parlé de la loi de similitude, mais cette théorie remonte au temps d’Hippocrate, qui plaçait déjà l’homéopathie à côté de la médecine allopathique représentée par Galien et ses successeurs. » Cela ramène, selon le Dr Sahakian, au constat selon lequel une substance médicamenteuse peut avoir plusieurs polarités de propriétés, paradoxales même, telle que l’aspirine « qui devient toxique après une certaine dose ou qui provoque des allergies chez certaines personnes ». Le Dr Sahakian a par la suite évoqué une étude effectuée en 1994 sur des patients asthmatiques pour prouver l’efficacité du traitement homéopathique contre le placebo, soit une substance sans principe actif, qui a un effet rassurant sur le patient. D’après cette étude, l’état de 80 % des malades s’est amélioré. Il a cité, de même, une deuxième étude faite en 1997, portant sur quatre-vingt-neuf publications vérifiant l’efficacité de l’homéopathie contre le placebo. Le spécialiste clôture son intervention en déclarant que des expérimentations cliniques sont en cours pour essayer de définir le mécanisme d’action des traitements homéopathiques, ignoré jusqu’à présent. Homéopathie et médecine générale Prenant la parole en dernier, le Dr Edith Perrault-Moussa, médecin homéopathe chargée de l’enseignement de l’homéopathie à la faculté de pharmacie de l’Université Saint-Joseph, a parlé de l’homéopathie dans la pratique médicale. « L’homéopathie peut être pratiquée par des personnes qui ne sont pas médecins, note-t-elle. Dans les pays anglo-saxons, tout un chacun peut devenir homéopathe, tandis qu’en France, les études d’homéopathie sont réservées aux médecins, dentistes, pharmaciens et sages-femmes qui peuvent utiliser l’homéopathie dans le cadre strict de leur profession. L’homéopathie est enseignée dans les facultés de médecine dans le cadre d’un diplôme universitaire. Les médicaments homéopathiques sont remboursés par la Sécurité sociale française, ils ne le sont hélas pas encore par la Sécurité sociale libanaise. » Partant du principe de similitude, le Dr Perrault-Moussa a expliqué la démarche suivie par un médecin homéopathe devant un patient et celle adoptée dans la prescription des médicaments homéopathiques. « En allopathie, le spécialiste recherche les signes physiques, les signes généraux et les signes fonctionnels, et prescrit éventuellement des examens complémentaires pour déterminer l’étiologie des troubles et poser le diagnostic de la maladie, remarque-t-elle. En homéopathie, l’interrogatoire est très détaillé. Le praticien précise les modalités des signes physiques, généraux et fonctionnels, c’est-à-dire qu’il recherche ce qui améliore ou aggrave chaque symptôme (le chaud, le froid, le cycle menstruel, etc.). Il s’intéresse également aux changements de comportement du patient du fait de sa maladie ainsi qu’aux circonstances causales, telles qu’un eczéma qui apparaît à la suite d’un vaccin ou une aménorrhée après une peur. » Elle poursuit : « En allopathie, le traitement est substitutif. Pour une infection, par exemple, le médecin prescrit des antibiotiques qui se substituent aux défenses de l’organisme pour lutter contre les bactéries. Le traitement homéopathique, par contre, agit comme un régulateur spécifique de l’organisme. Son objectif est de réguler les fonctions physiologiques perturbées et de stimuler les défenses naturelles du corps. Dans une infection, par exemple, l’homéopathie stimule les défenses immunitaires pour qu’elles éliminent elles-mêmes les microbes. » Mais où se situe la limite de l’efficacité d’un traitement homéopathique? « L’homéopathie ne peut stimuler des défenses très affaiblies ou inexistantes, affirme le Dr Perrault-Moussa. Une bronchite chez un nourrisson en bonne santé est en général guérie rapidement par un traitement homéopathique. Par contre, elle nécessite des antibiotiques chez une personne immunodéprimée. » L’homéopathe évoque enfin les cas dans lesquels l’homéopathie peut intervenir : infections ORL (sauf angines blanches et otites suppurées, où il convient d’être prudent), allergies (notamment asthme, eczéma, rhinites et conjonctivites), troubles digestifs (vomissement, diarrhée, constipation et spasme), troubles des règles chez la femme, les dépressions, les rhumatismes, ainsi que des infections variées récidivantes (infections urinaires, génitales ou respiratoires). N.M.
L’homéopathie est-elle complémentaire à l’allopathie, mieux connue sous le nom de médecine classique ? Peut-elle la remplacer dans le traitement de certaines maladies ? Quels sont les principes de cette médecine dite douce ? Pourquoi devons-nous la privilégier ? Des questions auxquelles ont essayé de répondre des homéopathes au cours d’une conférence organisée...