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L’astronaute israélien Ilan Ramon face à un dilemme cosmique À bord de Columbia, le « shabbat aux 16 crépuscules »

Comment observer le shabbat, le repos hebdomadaire rituel de la religion juive, lorsque le soleil se lève 16 fois par jour ? C’est le dilemme cosmique que va devoir résoudre à bord de la navette spatiale Columbia l’astronaute israélien Ilan Ramon. Pour son voyage dans l’espace à bord de la navette spatiale Columbia, ce fils d’une rescapée du camp d’extermination nazi d’Auschwitz assure qu’il essaiera, « si l’emploi du temps le permet », d’observer certaines traditions juives comme le respect du shabbat et de la cacherout, le code alimentaire de la religion juive. Pour un non-pratiquant avoué comme lui, l’exercice relève d’un certain volontarisme spirituel et sans doute aussi d’une volonté d’honorer la culture des siens et leurs traditions millénaires. « Je ne suis pas exactement les règles. J’ai été élevé de manière séculière », reconnaissait le premier Israélien à aller dans l’espace, lors d’une récente conférence de presse. « Mais je sens que je représente toutes les variétés du peuple israélien », les religieux et les autres. « En tant qu’Israélien et en tant que juif, j’ai demandé à la Nasa s’il serait possible de me fournir de la nourriture casher pour mes repas dans l’espace », a raconté Ramon. Vœu exaucé sans problèmes par l’agence spatiale américaine, au grand émerveillement de l’astronaute. « J’ai été surpris et vraiment impressionné de l’effort fourni par la Nasa », a-t-il confié. Pour le shabbat, que Ramon voudrait bien observer « par solidarité, dit-il, avec la tradition juive », le problème se complique. Sur Terre, il est marqué le septième jour de la semaine, dès le vendredi à la tombée de la nuit jusqu’au lendemain soir. Les juifs pratiquants saluent son arrivée par des prières, des bénédictions sur le pain et le vin, l’allumage de chandelles et l’arrêt de tout travail. Mais à 280 km d’altitude, le problème est tout autre. Dans l’espace, les « journées » ne durent en effet que 90 minutes, c’est-à-dire la durée que met la navette, lancée à 27 000 km/h, à accomplir une révolution autour de la Terre. Autrement dit, à bord, le soleil se lève et se couche... 16 fois par jour ! S’il voulait être cohérent, Ramon devrait donc s’arrêter de travailler toutes les sept orbites terrestres. Pas vraiment une option. Pour résoudre ce dilemme théologique, l’astronaute israélien a consulté les autorités religieuses les plus qualifiées. Qui d’autre d’ailleurs que le rabbin hassidique de Satellite Beach (la Plage du satellite), près de Cap Canaveral, était le plus qualifié pour y répondre ? Si d’autres juifs sont déjà allés dans l’espace – l’Américain Dave Wolf avait célébré la fête de Hanoucah à bord de la station russe Mir –, Ramon est le premier à avoir marqué un intérêt à respecter le shabbat. « Cela a toujours été une question théorique. Et là c’est la première fois que le problème se pose », explique le rabbin Zvi Konikov, membre du courant ultraorthodoxe Loubavitch. Avec l’aide d’un collègue de New York, le rabbin a consulté un groupe de « poskim », d’éminents et respectés rabbins disposant de l’autorité de trancher de telles questions théologiques d’après la « halara », ou loi juive fondée sur la tradition orale. Après maints débats passionnés, une opinion dominante a émergé au sein de la mini-assemblée rabbinique : le temps n’est pas marqué par ce que voit subjectivement une personne, le lever ou le coucher du soleil, mais par un fait objectif, la rotation de la Terre sur elle-même en 24 heures, explique le rabbin Konikov. Et quelle que soit la vitesse de Ramon autour de la Terre, celle-ci continue bien de tourner comme avant, ont conclu les docteurs de la loi. Pour Ilan Ramon, un « shabbat aux 16 crépuscules » tombera donc tous les sept jours.
Comment observer le shabbat, le repos hebdomadaire rituel de la religion juive, lorsque le soleil se lève 16 fois par jour ? C’est le dilemme cosmique que va devoir résoudre à bord de la navette spatiale Columbia l’astronaute israélien Ilan Ramon. Pour son voyage dans l’espace à bord de la navette spatiale Columbia, ce fils d’une rescapée du camp d’extermination nazi...