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Crime - Un appelé tire sur ses camarades, tuant l’un d’eux et blessant quatre autres Consternation et indignation après l’assassinat d’un jeune conscrit à Dékouané(PHOTO)

L’année 2002 ne se sera pas terminée sans qu’un nouveau nom ne vienne s’ajouter à sa sombre liste de personnes assassinées. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, vers minuit, Antoine Kourd, conscrit dans l’armée, a été abattu par un autre conscrit, Hussein Khalaf, dans la caserne du « Al-Rahi al-Saleh » (littéralement le « bon pasteur ») à Dékouané (banlieue-est de Beyrouth), selon le communiqué officiel de l’armée. L’attentat multiple – quatre autres appelés ont été blessés par l’assassin qui tirait à l’aveuglette dans leur chambre avec son arme de service – est toujours entouré de mystère, surtout que le tueur (dont on ne sait pas grand-chose sinon qu’il est originaire de la région de Wadi Khaled au Akkar), a été abattu dans la même nuit par l’armée après une poursuite et un échange de coups de feu du côté de Kfarchima, comme l’ont précisé des sources militaires. L’enquête se poursuit mais les questions soulevées par cet incident, d’autant plus grave qu’il a eu lieu au sein même de l’institution militaire, demeurent nombreuses. La disparition tragique du jeune Antoine Kourd, qui n’avait que 19 ans, laisse une famille endeuillée, toujours sous le choc de la terrible nouvelle, et une mère particulièrement éprouvée par cette perte, dont les cris résonnent de temps à autre dans le calme du salon d’église où l’on reçoit les condoléances. Les proches de la victime vivent leur douleur dans une grande dignité, tout en affirmant leur entière confiance dans l’enquête menée par le Parquet militaire. « Nous n’avons encore rien su de précis sur les circonstances du drame », souligne Christo Kourd, père de la victime. « L’armée nous a promis des réponses et nous attendons l’issue de l’enquête », ajoute Charbel Sfeir, oncle maternel de la victime. C’est à l’aube du mardi 31 décembre, à 4h45 environ, que la terrible nouvelle est parvenue à la maison des grands-parents d’Antoine. Le coup de fil provenait du commandement de l’armée, et la personne qui a annoncé la mort du jeune conscrit a précisé aux parents d’Antoine qu’il avait été tué par un autre conscrit alors qu’il dormait dans son lit, dans une chambre qu’il partageait avec un nombre d’autres appelés. Avait-il jamais reçu de menaces ou parlé d’un quelconque problème durant son service ? « Jamais », assure son oncle. « Il faisait tranquillement son service militaire et rentrait directement de la caserne à la maison. » Les parents du disparu se refusent à faire des spéculations sur les dessous du crime ou sur les motifs de l’assassin. « Nous ne savons quoi penser, surtout que nous recevons continuellement de nouvelles données », explique M. Sfeir. À la question de savoir ce qu’il pensait de certaines allégations selon lesquelles le tueur serait un déséquilibré, il raconte qu’un officier a assuré à la famille que cette hypothèse n’était pas plausible, puisque les conscrits étaient tous soumis à un test psychologique avant d’entamer leur service militaire. Antoine Kourd était le cadet d’une famille de quatre frères et d’une sœur unique. « C’était le garçon le plus honnête, le plus calme qui soit », témoignent ses proches. « Il ne provoquait jamais de problèmes et n’avait jamais eu d’altercation avec quiconque. Il était très aimé de tous ceux qui l’ont connu. » Antoine comptait s’engager dans l’armée pour de bon après son service militaire, commencé à peine trois mois et demi avant sa mort tragique. « La nouvelle de la mort de jeunes gens est toujours très triste, mais quand la victime est un membre de la famille, ça fait vraiment mal », raconte M. Sfeir. « Et encore, si Antoine avait trouvé la mort dans un accident ou s’il avait été tué sur le front, nous aurions pu nous faire une raison. Mais qu’il soit tué ainsi, dans son lit, en pleine caserne ! » « Pour nous, Tony n’est pas mort, il ne peut être mort », renchérit une des tantes de la victime, pour exprimer son incrédulité. « L’armée l’a d’ailleurs traité en héros. » L’un des frères d’Antoine, Élie, 17 ans, ne parvient pas à exprimer l’émotion qui lui noue la gorge. Il déclare simplement : « Ils nous ont fait un beau cadeau de Nouvel An. » Il convient de préciser que selon l’Agence nationale d’informations, une délégation des parents de la victime s’est rendue hier dans la matinée au siège du patriarcat maronite à Bkerké, « pour informer le patriarche Nasrallah Sfeir des circonstances du drame et lui demander de faire pression auprès des autorités afin que l’énigme de ce drame soit élucidée et que les responsables soient arrêtés ». Par ailleurs, le chef d’état-major de l’armée, le brigadier Ramzi Abou Hamzé, a rendu visite mardi aux quatre appelés blessés. Il leur a transmis des vœux de guérison rapide de la part du commandant en chef de l’armée, le général Michel Sleiman. Sur ce point, on pourrait d’ailleurs se demander pour quelle raison les communiqués successifs de l’armée ont tous occulté les noms des quatre blessés (dont l’identité demeure un mystère). D’autre part, on ne peut que faire le rapprochement entre ce nouveau drame, dont le théâtre se trouve être une caserne militaire, et la tentative d’assassinat du juge des référés, Fady Nachar, en plein Palais de justice, à la veille de Noël. Là aussi, l’agression a eu lieu dans une zone où la présence des appareils de sécurité est particulièrement importante. Enfin, les forces de l’ordre n’auraient-elles pas pu s’employer davantage à prendre le meurtrier vivant, afin d’être en mesure de dévoiler tous les dessous de l’affaire ? Suzanne BAAKLINI
L’année 2002 ne se sera pas terminée sans qu’un nouveau nom ne vienne s’ajouter à sa sombre liste de personnes assassinées. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, vers minuit, Antoine Kourd, conscrit dans l’armée, a été abattu par un autre conscrit, Hussein Khalaf, dans la caserne du « Al-Rahi al-Saleh » (littéralement le « bon pasteur ») à Dékouané (banlieue-est de...