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Actualités - REPORTAGES

Dix millions de dollars pour dix microgrammes de particules (photo)

Rien de ce qui est foncièrement espagnol n’est étranger à Carlos Saura, qui cette fois se jette à corps perdu dans l’exploration d’une personnalité aussi exubérante dans la tourmente que la sienne : Goya. Au célèbre peintre espagnol du XIXe siècle, il consacre un film intitulé Goya à Bordeaux qui vient de sortir sur les écrans américains. Un film coup de poing qui annonce ses couleurs dès les premières images. De la carcasse d’un taureau suspendu à un crochet, comme à la devanture d’une boucherie, surgit petit à petit de la rougeur de la chair, un visage blanchâtre, celui de l’artiste. De là, le metteur en scène suit son héros dans les méandres de son âme, de son esprit, de son talent et de son corps. Il en découle alors des images chargées de pulsions, de réminiscences, où l’on voit Goya remonter le temps et ressasser ardemment son approche de l’amour, de l’art, de l’histoire, de la politique et la tristesse profonde que lui inspire la condition humaine. Après « Carmen » et « Tango » Carlos Saura a choisi de conter Goya à partir de son exil à Bordeaux. On le voit là à l’âge de 82 ans incarné par l’acteur Francisco Rabal entouré d’une maîtresse beaucoup plus jeune que lui et de sa fille de douze ans, Rosario. Il peuple cet univers confiné de son existence passée, hanté par ses rêves, ses hallucinations et ces démons. À noter qu’à l’âge de 40 ans il avait failli mourir d’une maladie mystérieuse qui l’avait laissé sourd et en proie à de terribles maux de tête. «Il y a des êtres, dit Saura, qui vivent au cœur de la tourmente et qui cherchent à exprimer les convulsions d’un monde en transformation. Goya a fait partie et a été témoin d’un pays où l’intolérance, la maladie et la guerre étaient le quotidien de tous. Il n’y a pas eu un meilleur témoignage sur les horreurs de guerre, telles que perçues par un homme de génie et de sensibilité. J’ai toujours été hanté par Goya. Sa peinture et sa personnalité me fascinent et demeurent toujours pour moi un mystère» Plusieurs scènes du film sont des reconstitutions des atmosphères de certaines œuvres de Goya. À un moment la caméra se braque sur le portrait du grand amour du peintre, la duchesse d’Albe. Le tableau s’anime et se transforme en ange de la mort. Le peintre confie à sa fille que cette très belle femme a été empoisonnée par la reine d’Espagne Maria Luisa qui lui vouait une grande jalousie. Pour évoquer le dégoût qu’inspirait la violence à Goya, Carlos Saura a fait appel à la troupe catalane La fura del Baus pour représenter les 17 gravures intitulées Les désastres de la guerre.Une pantomime dont le tragique est accentué par une musique symphonique de Chostakovitch. Goya à Bordeaux est le trentième film de ce metteur en scène espagnol qui, récemment obtenu l’Oscar du meilleur film étranger pour son œuvre intitulée Tango. Comme on le sait, Carlos Saura est l’un des grands noms du cinéma espagnol dont la caméra opère avec magie pour allier le social et l’esthétique. Et l’esthétique prend chez lui une dimension particulière, car il arrive à amalgamer ses différentes facettes. Sa Carmen où le cinéma et la danse se répondaient, est inoubliable. Avec Goya, il établit, avec toujours la même intensité, le dialogue de la peinture, du septième art et de l’histoire
Rien de ce qui est foncièrement espagnol n’est étranger à Carlos Saura, qui cette fois se jette à corps perdu dans l’exploration d’une personnalité aussi exubérante dans la tourmente que la sienne : Goya. Au célèbre peintre espagnol du XIXe siècle, il consacre un film intitulé Goya à Bordeaux qui vient de sortir sur les écrans américains. Un film coup de poing qui...