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Actualités - CHRONOLOGIE

Sfeir suit de près les développements de la situation

Le coût occasionné par la dégradation écologique n’est jamais aisé à déterminer. Celle-ci a en effet des conséquences directes et indirectes sur l’homme et son activité économique, mais ce qui est désormais sûr, c’est qu’elle a un coût, et, selon des avis de plus en plus nombreux, que la préservation des ressources naturelles est la plus rentable à long terme. Les études restent malheureusement rares au Liban. En fait, une première tentative de prouver la réalité du coût économique de la dégradation écologique s’est matérialisée en une étude réalisée l’année dernière au ministère de l’Environnement, par le projet Metap (MedPolicies Initiative Regional Policy), prenant pour exemple la pollution atmosphérique dans la capitale. Le document, intitulé «Impacts sociaux et économiques des sources de pollution mobiles sur la santé publique dans le Grand Beyrouth», nous a été plus amplement expliqué au Ledo (Observatoire libanais pour l’environnement et le développement), un projet commun au ministère et au Programme des Nations unies pour le développement. Loin de prétendre déterminer avec exactitude toutes les dépenses occasionnées par la pollution de l’air (dont le niveau devenu presque intenable aurait des impacts négatifs sur quasiment tous les secteurs), cette étude s’en tient à un échantillon destiné à affirmer les conséquences de cette pollution sur la santé des citoyens, et, par conséquent, l’urgence de procéder à une réduction de ce fléau par plusieurs moyens. Les polluants lâchés par les différents véhicules dans les rues de Beyrouth son innombrables. Cette étude a choisi d’en prendre l’un d’eux en compte, les particules de poussière du type PM10 (il y en a deux autres types, mais celle-ci est plus facile à détecter dans l’atmosphère). Ce polluant est principalement responsable de troubles respiratoires et résulte de la combustion du fuel. La moyenne des particules de poussière PM10 dans l’air de la capitale libanaise a été estimé à 200 microgrammes par mètre cube, alors que le standard des États-Unis, à titre d’exemple, est de 50 ! Bien qu’un standard n’ait pas été fixé pour le Liban, l’étude se propose quand même de se fonder sur les résultats de recherches internationales qui démontrent ce qui suit : pour chaque 10 microgrammes de plus par mètre cube (au-delà de la limite fixée par les standards), on remarque une hausse de 1 % du taux de mortalité, de 2 % du nombre total d’hospitalisations, de 2 % des cas d’hospitalisation pour troubles respiratoires ou cardiaques, et de 2 % des urgences pour maladies respiratoires. Pollution = augmentation des hospitalisations À partir de ces chiffres, l’objectif que se sont fixé les auteurs de cette étude a été d’estimer le surplus dans la facture sanitaire qu’étaient susceptibles de causer dix microgrammes supplémentaires par mètre cube de particules de poussière dans l’air à Beyrouth. Sachant que l’excès de ce polluant dans l’atmosphère de la capitale serait de loin supérieur à 10 puisque le total est estimé à 200, et que l’impact de la pollution ne se limite pas à la santé ! Le raisonnement des auteurs de l’étude prend en considération quatre facteurs : l’excès de décès, d’hospitalisations, d’admissions aux urgences et de jours de chômage forcé, et en arrivent au chiffre astronomique de plus de dix millions ! Voilà comment ils procèdent. À Beyrouth, le nombre d’habitants est estimé à un million, et le nombre de décès par an à 8 200. Si l’on applique les proportions citées plus haut, un excès de 10 microgrammes de particules par mètre cube d’air aurait ajouté 80 décès au nombre total de morts. Cela ne signifie pas que l’excès de particules est directement responsable de la mort de 80 personnes, mais prouve simplement que la pollution a tendance à être accompagnée d’une hausse de la mortalité, causant, à titre d’exemple, des morts précoces ou des complications dans des cas autrement guérissables. Évidemment, pour ce qui concerne les cas de maladies engendrées ou aggravées par la pollution, il existe des coûts directs et indirects. Les premiers résultent des dépenses sur la prévention, le diagnostic, le traitement, la rééducation, la recherche... Les seconds sont calculés en fonction des conséquences sur l’économie quand une personne se trouve incapable de travailler pour des raisons de santé. Or, au Liban, le nombre total d’hospitalisations par an s’élève à 455 mille (150 mille pour Beyrouth). La durée moyenne de ces hospitalisations (et par conséquent les jours de chômage) est de 3,32 jours. La facture par patient par jour est estimée à 495 dollars, alors que la moyenne d’un salaire quotidien est de 34 dollars. Si l’on considère que 2 % de ces hospitalisations sont en relation avec cet excès de 10 microgrammes de particules, cela équivaudrait à 3 000 patients par an, dont 400 souffrant de troubles respiratoires et cardiaques. Pour les 2 600 autres, les coûts d’hospitalisation s’élèvent à plus de quatre millions de dollars. Quant aux 400 patients cités plus haut, ils totaliseraient un peu plus de 950 mille dollars. Par ailleurs, l’excès d’admissions en urgence dans les hôpitaux a été estimé à 2 800 cas par an (sur un total de 140 mille), avec un coût total de 212 mille dollars. Quant aux jours de chômage pour raison de maladie, ils totaliseraient environ 14 mille, coûtant plus de 480 mille dollars à l’État annuellement ! Bref, en ajoutant les coûts des surplus en mortalité précoce, en nombre d’hospitalisation, en maladies respiratoires et cardiaques, en admissions aux urgences, et en jours de chômage forcé, le chiffre obtenu au terme de l’étude est hallucinant : 10 657 811 dollars par an de dépenses supplémentaires ! Ce chiffre, bien que toujours estimatif, donne une idée de l’ampleur du problème et de l’urgence d’y remédier, souvent reléguée au second plan parce que considérée comme secondaire ! Il ne faut pas oublier non plus les souffrances inutiles qui se profilent derrière les statistiques... Pour remettre ce chiffre astronomique de plus de dix millions dans son contexte, rappelons finalement qu’il ne s’agit là que d’un échantillon. Que découvririons-nous si nous prenions en compte tous les polluants, ainsi que les autres secteurs touchés par la pollution de l’air comme le tourisme par exemple ? Ou alors les autres aspects de la dégradation écologique ?
Le coût occasionné par la dégradation écologique n’est jamais aisé à déterminer. Celle-ci a en effet des conséquences directes et indirectes sur l’homme et son activité économique, mais ce qui est désormais sûr, c’est qu’elle a un coût, et, selon des avis de plus en plus nombreux, que la préservation des ressources naturelles est la plus rentable à long terme. ...