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Actualités - CHRONOLOGIE

Faits divers Il tue une jeune fille de 19 ans avant de se suicider

De Rachaya el-Fakhar à Beyrouth en passant par Saïda et Choueifat, voilà la navette quotidienne de Ziad Abouabsi, professeur de dramaturgie à la LAU, acteur et metteur en scène, mais surtout mordu au cœur par le théâtre. Des yeux malicieux derrière l’écaille noire des lunettes, une allure et une rondeur «falstafiennes», une barbe sel et poivre et surtout un bagout intarissable quand il s’agit d’évoquer le monde des planches. Né en 1956, cet enfant du Sud ne jure et ne respire que par le théâtre dont il a fait sa terre de prédiction et de prédilection. Mais il ne faut pas croire qu’il s’agit là d’un simple rêveur, loin de là. Un parcours intéressant et substantiel révèle plus d’une facette de cet homme (aimant tout aussi bien la philosophie) qui se partage entre Shakespeare, Ibsen, Schaffer (tout en avouant un penchant pour Corneille et Racine !) Wittgenstein, Sartre et Husserl. Diplômé en «Business Administration» du BUC, il a même travaillé quelque temps comme comptable. Mais Abouabsi parle plus passionnément de son «Master en Fine Art» et de son séjour à l’Université de Houston ( diplôme obtenu en 1986 ) où il a soutenu une thèse qui ne manque pas d’intérêt. Que l’on en juge du titre : «Le théâtre de la cruauté d’Artaud appliqué sur le Tartuffe de Molière». Aujourd’hui, celui qui a une tenace nostalgie pour la rue Jeanne d’Arc, où il confie aimer toujours vivre, a les choix et les décisions d’une vie, même au prix fort. Inexorablement et sans aucun regret. Le théâtre et rien que le théâtre ! Refroidi des méthodes stanislavskiennes, fervent admirateur de Meyerhold aux notions «biomécaniques», envoûté par le jeu d’un George Smith, Norman Sterwart ou Peter Garcia, reconnaîssant le talent d’Al Pacino, de Jack Nicholson et une partie de celui de Marlon Brando, considérant Barry Lyndon de Stanley Kubrick comme un des sommets du septième art, Ziad Abouabsi, parfaitement à l’aise aussi bien en anglais qu’en arabe, a une belle définition du théâtre. «Life Put in Order» (C’est la vie mise en ordre), dit-il. « On n’importe pas la culture »… Totalement impliqué dans la «bataille» culturelle libanaise, ce metteur en scène doublé d’un acteur n’en est pas moins un redoutable intellectuel qui refuse les compromis et les solutions faciles, surtout celles dites «commerciales». «On n’importe pas la culture, déclare-t-il, et notre public exige un nouveau théâtre qui reflète surtout la culture de notre pays !». Entouré de ses étudiants, exigeant avant tout la «qualité» d’un travail bien fait, Ziad Abouabsi, qui a tâté aussi bien de la télévision que des émissions radiophoniques, n’en est pas moins actif côté professionnalisme. Notamment Ziad Rahbani avec qui il a été dans plus d’une aventureuse scénique. Œuvre considérable où jeu et mise en scène se côtoient. Cet homme trouve que «l’essentiel est dans le texte et qu’il faut tendre toujours vers le plus difficile pour avoir le meilleur de cet espace-temps qu’enferme la magie de la scène». De ses nombreuses expériences scéniques, de Brecht à Schaffer en passant par Molière, Ibsen, Sartre, Mounir Kesrouani et Ziad Rahbani, Ziad Abouabsi tente de donner au théâtre ses vraies lettres de noblesse. «Pour moi, dit-il, le théâtre doit offrir un jugement discutable. Un théâtre de masse oui, mais en créant un sujet et surtout en parlant des problèmes d’actualité. Il faut surtout souligner que si on trouve la bonne formule pour le théâtre au Liban, on contribue à résoudre d’authentiques cas de pathologies. En fait, le théâtre pourrait non seulement très bien être une thérapie partielle pour la société mais contribuer aussi à son évolution…» Abouabsi est pris dans cette passion dévorante du théâtre depuis l’âge de dix ans. Jeune louveteau déjà, il est pris au piège des farces qu’il interprète avec un talent prometteur, trop prometteur ! Ce mordu des planches finit toutefois par confesser que bien «jouer» lui fait davantage plaisir. «Je reconnais ainsi mes potentialités», dit celui qui peaufine dans la fièvre de la rentrée universitaire un Hamlet programmé entre le 6 et 19 novembre prochain. Cru très shakespearien en ce moment, puisque celui qui inaugura sa carrière de comédien dans le rôle de Harold en 1978 dans la pièce de Ziad Rahbani Bilnisbi la Boukra Chou ? rêve déjà des nuits insomniaques et tourmentées de Lady Macbeth. Sang et désirs impurs pour l’année prochaine sur la scène du Gulbenkian portant la griffe d’un homme de théâtre qui aime surprendre un public appelé à voir, par-delà les choses, et surtout entendre tout ce qui ne se dit pas…
De Rachaya el-Fakhar à Beyrouth en passant par Saïda et Choueifat, voilà la navette quotidienne de Ziad Abouabsi, professeur de dramaturgie à la LAU, acteur et metteur en scène, mais surtout mordu au cœur par le théâtre. Des yeux malicieux derrière l’écaille noire des lunettes, une allure et une rondeur «falstafiennes», une barbe sel et poivre et surtout un bagout...