Service du drapeau L'armée appelle les natifs de 1982

May Chidiac. Tout le monde connaît May Chidiac. Les beaux cheveux blonds de May Chidiac. La voix reconnaissable entre mille de May Chidiac. Et ses 365 tailleurs bon chic bon genre. Le spectateur lambda vautré sur son canapé devant son petit écran pourrait rapidement assimiler May Chidiac à l’une de ces innombrables Barbie – hommes ou femmes d’ailleurs – qui font la télévision libanaise. Sauf que May Chidiac a la tête pleine, bien pleine, elle sait ce qu’elle fait, elle sait ce qu’elle dit – elle sait aussi et surtout ce qu’elle veut. Et elle peut. «La dernière campagne électorale et tout le cirque qu’il y a eu autour ? Non seulement elle est ridicule, mais elle ne ressemble à aucune autre, on lave le linge sale devant tout le monde 24 heures sur 24…» Et ce qui a le plus choqué May Chidiac, ce sont les diatribes de Télé-Liban, «on aurait peut-être pu s’attendre à cela de la part des chaînes privées, mais que ça soit la télévision publique qui le fasse…». Comment faire pour changer tout cela ? May Chidiac sourit, un peu désolée, un peu désespérée, elle évoque une mentalité qu’il faut rééduquer à la base, «tout le monde mûrit avec cette façon de faire, tout le monde applique ce qu’il a toujours vu et appris…». Comment arrive-t-elle à concilier ses convictions politiques avec l’indispensable objectivité de la femme de télévision ? May Chidiac met en avant le professionnalisme, explique que «tout est dans la façon de poser la question», que l’on peut toujours «obtenir la réponse que l’on veut entendre». De l’avantage sans doute d’être femme… Elle arrive à ménager la chèvre et le chou, ses opinions politiques avec la ligne directrice de la LBC ? «C’est plus facile lorsqu’il y a moins de pressions, mais bon, ça va mieux maintenant». Si elle le dit… Et ses invités ? Plus elle les connaît, plus ça l’amuse de les coincer, «mais il y en a beaucoup, malheureusement, qui reprochent aux gens de faire leur métier…». May Chidiac est consciente et convaincue de l’incontestable supériorité de l’image, de la télévision. Justement, quel devrait être son rôle à cette télévision ? «Le divertissement intelligent. La télé éducative, c’est complètement has been». Soit… Son seul problème, c’est que la télévision libanaise manque d’argent, de moyens, alors qu’elle regorge d’idées, d’hommes et de femmes de talent. Qu’est-ce qu’il lui manque pour s’améliorer, pour continuer, encore et toujours, à creuser son sillon ? May Chidiac n’hésite pas : «Une émission qui me permettrait de faire mes preuves, un programme politique en bonne et due forme, le soir, une idée loin des sentiers battus et toujours, toujours, le travail sur soi». Qu’est-ce qu’elle veut faire lorsqu’elle sera grande ? «La télé est impitoyable, mais tant qu’elle m’acceptera j’y resterai. Et puis j’adore enseigner, ça je n’arrêterai pas. Et j’ai déjà travaillé dans l’immobilier, vous savez…». May Chidiac sourit encore. Avec les yeux. Et encore plus quand on lui demande son âge…